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3 octobre 2002 ![]() |
Fini de compter des moutons, de psalmodier des mantras, de
boire de la verneine "Nuits de rêves" jusqu'à
ras bords et d'enfiler somnifères sur somnifères.
Si vous voulez mettre un terme à vos insomnies, il suffit
de changer vos croyances et vos attitudes par rapport au sommeil.
Les chercheurs Charles Morin, France Blais et Josée Savard,
de l'École de psychologie, en apportent la preuve dans
un récent numéro de la revue scientifique Behaviour,
Research and Therapy.
Les trois chercheurs ont recruté 72 personnes qui présentaient
les symptômes classiques de l'insomnie: plus de 30 minutes
pour s'endormir ou périodes d'éveil excédant
30 minutes pendant la nuit, le scénario se répétant
au moins trois jours par semaine depuis au moins six mois. Ils
ont divisé ces sujets en quatre groupes. Ceux du premier
groupe ont reçu un traitement comportemental visant à
corriger certaines croyances qui contribuent à amplifier
les problèmes d'insomnie (ex.: je dors mal parce que je
vieillis, il faut aller au lit à la même heure chaque
soir, il faut dormir huit heures chaque nuit, si je dors mal ce
soir, je dormirai mal le reste de la semaine, etc.). Les chercheurs
ont identifié les fausses croyances de ces sujets et ils
les ont aidés à les remplacer par des pensées
plus réalistes. Par la suite, les sujets ont mis en pratique
les bonnes habitudes suivantes par rapport au sommeil: aller au
lit uniquement lorsqu'on se sent fatigué, utiliser le lit
exclusivement pour dormir, sortir de la chambre à coucher
si le sommeil ne vient pas après 20 minutes et se lever
à la même heure chaque matin, peu importe le nombre
d'heures dormies la nuit précédente.
Les sujets du deuxième groupe ont consommé des somnifères
(temazepam) au rythme où ils en ressentaient le besoin,
et ceux du troisième groupe ont reçu simultanément
les traitements comportemental et pharmacologique. Enfin, les
sujets du groupe témoin ont consommé des gélules
de lactose, sans effets sur le sommeil. Tous les participants
devaient remplir un questionnaire sur leurs croyances par rapport
au sommeil au début de l'étude et lors de suivis
effectués trois mois, 12 mois et 24 mois plus tard.
Croire, c'est déjà rêver!
L'analyse des carnets de sommeil, colligés par les
participants, et des données enregistrées sur polysomnographe
révèle que les trois types de traitement apportent
une amélioration à court terme de la qualité
du sommeil. Après deux mois, l'insomnie était disparue
chez 78 % des participants soumis au traitement psychologique,
chez 75 % de ceux soumis au traitement combiné et chez
56 % de ceux qui prenaient des somnifères. Les suivis,
effectués trois, 12 et 24 mois plus tard, ont révélé
que les gains étaient maintenus chez les sujets soumis
à l'approche psychologique, mais pas chez ceux du groupe
"somnifères seuls". Pour sa part, le traitement
combiné a produit des résultats intermédiaires.
En analysant les questionnaires, les chercheurs ont noté
que plus les changements dans les croyances reliées au
sommeil étaient grands, plus l'amélioration du sommeil
était importante, et plus ces acquis étaient maintenus
lors des suivis. Ils ont également relevé que les
scores obtenus par les participants qui ont reçu le traitement
comportemental ou le traitement combiné se comparaient
à ceux d'adultes ne souffrant pas d'insomnie. "Nos
résultats montrent clairement l'importance de s'attaquer
aux croyances reliées au sommeil pour contrôler l'insomnie",
concluent les chercheurs de l'École de psychologie.
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