3 octobre 2002 |
Troisième d'une lignée qui s'annonçait déjà
fort prometteuse en l'an 2000, le plus récent Disque
des étudiantes et des étudiants de la Faculté
de musique tient bien la route, une fois de plus, en nous
proposant, cette année, un programme consacré quasi
exclusivement aux partitions pianistiques.
Rappelons ici que les talentueux musiciens et musiciennes, mis
en vedette par le présent disque compact, ont été
sélectionnés à la suite d'auditions
ouvertes à tous les étudiants de la Faculté
de musique qui se sont déroulées en février
2002. Le jury était composé, pour l'occasion, de
Raymond Ringuette, doyen de la Faculté de musique au moment
de ce concours, Évelin Auger, tromboniste, Armand Ferland,
clarinettiste, François Magnan, violoniste, et Renée
Morisset, pianiste. Les séances d'enregistrement ont eu
lieu dans la salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault,
en mars 2002.
La palette du temps
Le programme, touffu et toute flamme, nous baigne dès
le départ dans les eaux frétillantes des Poissons
d'or pêchés dans le Livre II des Images
de Claude Debussy (1862-1918), d'une main finement mouchetée
par Jean-François Mailloux. La chronologie temporelle s'arrête
ensuite chez Serguei Rachmaninov (1873-1943) d'où s'exhale
le poétique lyrisme plaintif de l'andante cantabile,
en ré majeur, du Prélude op. 23, no
4 pulsé par la délicate tension émotive
de Marie-Hélène Bondot.
Autres cieux, autre climat, autre couleur. La fluidité
entraînante des doigts festifs de Maxime Bégin et
de Geneviève Godin se laisse alors transporter par le courant
irrésistible des Danses andalouses no 1 de
Manuel Infante (1883-1958) pour céder la place, 4 minutes
et 23 secondes plus tard, aux confidences passionnelles de Lysandre
Hamelin dépeignant de sa sensible touche nuancée
le quatrième d'une série de sept "tableaux
d'une exposition" musicale de Enrique Granados (1867-1916),
inspirés par des peintures de Goya: Quejas, o la Maya
y el Ruisenor, c'est-à-dire Complainte, ou la jeune
fille et le rossignol.
Autant en emporte le vent. Et celui-ci souffle très fort,
par la suite, lorsqu'il nous projette tout de go dans les entrelacs
impétueux des indomptables portées lisztiennes de
l'Étude d'exécution transcendante no 10
(et non no 9 comme l'indique erronément le livret), prise
fiévreusement à bras-le-corps par une Mireille Pelletier
qui, sans atteindre à la pyrotechnie véloce d'un
Lazar Berman ou à l'élan virtuose d'un Claudio Arrau,
mène à fond de train et avec aplomb l'escalade effrénée
de cette paroi abrupte de l'Himalaya du répertoire pianistique.
Juste le temps de reprendre son souffle et de nous laisser reprendre
le nôtre, la jeune pianiste nous conduit derechef, avec
une hardiesse confondante, vers les cimes méconnues d'un
contemporain, David Duke (né en 1950), dont la Piano
Sonatina en trois mouvements, admirablement fréquentée
dans les replis poreux de ses microclimats émotionnels,
vaut sûrement l'excursion d'une gratifiante découverte.
Chapeau!
De l'Himalaya à nos "chères" Rocheuses,
il n'y a qu'un pas à franchir et c'est une autre surprenante
interprète au pianisme assuré, Élise Beaulac,
qui l'ose son excursion (ou son incursion, selon le cas) l'ayant
conduite du côté des Scenes from a Jade Terrace
d'Alexina Louie, une Canadienne d'origine chinoise née
à Vancouver le 30 juillet 1949 et résidant aujourd'hui
à Toronto. Le jovial Serge-André Jones, quant à
lui, se fait le complice d'un William Bolcom (né en 1938)
distillant un rocambolesque ragtime (The Poltergeist) capable
à lui seul de faire tomber la tradition du genre en syncope.
Quand le jazz est là
C'est au jazz qu'appartiennent les dernières notes
de cette cuvée 2001-2002, Guillaume Damour (trompette),
Hélène Desjardins (piano), Étienne Gendron
(batterie) et Simon Paré (basse) s'emparant, avec un swing
imparable, de la Toot Suite (for trumpet and jazz piano) de
Claude Bolling (né en 1930).
Le Disque des étudiantes et des étudiants de
la Faculté de musique de musique 2001-2002
un plaisir de tous les instants a été lancé
le mardi 1er octobre, à la salle Henri-Gagnon du pavillon
Louis-Jacques-Casault, lors d'un concert soulignant la Journée
internationale de la musique. On peut se le procurer (au prix
de 10 $) au secrétariat de la Faculté de musique,
situé au 3312, pavillon Louis-Jacques-Casault.
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