3 octobre 2002 |
Avec Gérard Bergeron est disparu, en août dernier,
le dernier des trois fondateurs du Département de science
politique, les deux autres étant Maurice Tremblay et Léon
Dion. En 1954, ils quittent le Département de sociologie
pour créer le Département de science politique.
Le principal artisan de cette création est Gérard
Bergeron, le plus politologue des trois à cette époque
où Maurice Tremblay et Léon Dion étaient
avant tout des philosophes et des historiens des idées
politiques. Étudiant à Paris, je me souviens d'avoir
rencontré, en 1958, un professeur du Département
de sociologie qui était encore amer de la séparation
entre la science politique et la sociologie, dont il tenait Gérard
Bergeron responsable.
Maurice Tremblay a assuré l'insertion du Département
de science politique dans la Faculté des sciences sociales,
et Léon Dion la reconnaissance du Département dans
les milieux québecois et canadiens qu'il a fréquentés
à partir des années 1960. Gérard Bergeron
grâce à son grand ouvrage théorique, Fonctionnement
de l'État, paru en 1965, a surtout contribué
au rayonnement intellectuel du Département, en France tout
particulièrement. Je me souviens avec bonheur de l'enseignement
donné par Gérard sur sa théorie en construction.
Ce bonheur était d'autant plus grand que parmi les autres
professeurs de ma première année à la Faculté
des sciences sociales, il y avait aussi le père Lévesque,
Maurice Lamontagne, Léon Dion, Guy Rocher et Louis-Edmond
Hamelin.
Quand on a vécu proche d'un collègue avec qui on
partageait une passion pour la théorie, pour les partis
et pour la polique, sa disparition nous apprend douleureusement
tout ce qu'il nous apportait d'irremplacable. Heureux d'avoir
connu Gérard et malheureux de l'avoir perdu, son souvenir,
avec celui de Léon et de Maurice, continue de nourrir ma
conviction que la pratique et le développement de la science
politique à l'Université Laval s'inscrivent dans
une grande tradition, que Gérard a contribué à
instaurer.
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