26 septembre 2002 |
À 22 ans, Mélanie Denis peut déjà
se considérer comme une vieille routière des expositions,
elle qui participait à des concours de peinture dès
sa plus tendre adolescence. Ce sont ses dernières créations
très colorées, bien loin des sages paysages de ses
premières productions, qu'elle offre au public à
la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins jusqu'au
4 octobre.
D'emblée, la couleur qui jaillit des toiles de Mélanie
Denis saisit le spectateur lorsqu'il les contemple. Une couleur
qu'elle manie comme un matériau pour susciter des émotions.
Les jaunes intenses, les noirs profonds, les orangés se
combinent et cohabitent pour donner naissance à un univers
en clairs obscurs. "J'aime la texture, les tableaux-matière",
explique l'artiste, qui vient de terminer un baccalauréat
en arts plastiques et a entrepris un certificat en enseignement
de ces disciplines. "Le public a souvent des difficultés
à accéder à l'abstraction, mais je pense
qu'on peut l'aimer grâce aux couleurs."
Même si sa production de ces dernières années
s'éloigne de plus en plus du figuratif, les toiles de Mélanie
Denis se réfèrent de temps en temps à des
éléments bien réels. De longues lignes dessinées
d'après un épi de maïs traversent ainsi le
tableau, ou un visage finement ciselé émerge tout
à coup au haut d'une composition. Tout comme ce fil qui
sort à intervalles réguliers de la toile, à
la manière d'une couture très apparente. C'est ce
mélange de styles et de matériaux utilisés
qui donnent une unité de ton à ces oeuvres actuelles,
des uvres qui se découvrent non seulement dans leur ensemble,
mais aussi dans le détail.
"J'aime bien cloisonner mes tableaux, explique Mélanie
Denis, pour donner l'impression de regarder une fenêtre.
J'utilise des couches épaisses de pâte transparente
pour délimiter l'espace dans la toile, ou je superpose
une grille à un endroit précis." Ces compositions
minutieuses se livrent donc peu à peu au regard, ici une
photo collée à l'envers, là une série
de pointillés rappelant la couture apparente à quelques
centimètres. L'artiste apporte également beaucoup
de soins au cadre du tableau, qui fait véritablement partie
intégrante de l'uvre. Parfois massif, ce cadre ajoute une
perspective visuelle à la toile qu'il met en valeur. Son
exposition se laisse donc découvrir petit à petit,
en prenant le temps de pénétrer doucement dans le
tableau.
Si elle se passionne depuis des années pour la peinture,
Mélanie Denis apprécie de plus en plus également
l'enseignement. Tout en donnant des cours aux adultes qui souhaitent
se perfectionner en peinture du paysage, les stages qu'elle effectue
au Cégep de Sainte-Foy, lui donnent un bon aperçu
de sa future profession. "J'ai beaucoup de plaisir avec les
adolescents car ils ont plein d'idées et de l'enthousiasme
à apprendre les arts, explique-t-elle. De toute façon,
je ne m'imagine pas travailler toute seule sur mes tableaux dans
mon sous-sol. Je virerais folle!"
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