19 septembre 2002 |
Pascale Charest ne manque pas d'ambition. Jugez-en plutôt.
En 2001, cette diplômée en biologie végétale
de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation
profite du temps que lui procure son congé parental pour
préparer le plan d'affaires de sa future entreprise horticole
de production de cerises de terre. Quelques mois plus tard, son
projet remporte l'adhésion des jurys et elle rafle plusieurs
premiers prix du Concours québécois de l'entrepreneurship,
tant dans les filiales locales, comme à l'Université
Laval, que régionale et provinciale. En septembre 2002,
elle commence à bâtir son ensemble de serres, et
espère récolter sa première production au
printemps prochain. Ouf!
Déméter horticole, qui a pignon sur champs à
Saint-Ulric, un petit village des environs de Matane, constitue
l'aboutissement de deux rêves de cette entrepreneure décidée.
Elle voulait élever ses enfants en Gaspésie, sa
région natale, et travailler dans les serres. Mission accomplie,
puisque la naissance de Frédérique, son petit bébé,
n'a précédé que de quelques mois la construction
des serres sur les terres de la famille Charest. "J'ai toujours
apprécié le travail en serre depuis mes expériences
dans le Centre de recherche en horticulture de l'Université
Laval, confie-t-elle. Je trouve l'odeur des plantes fantastique
dans cet environnement, tout comme le fait de se trouver toute
la journée en lumière naturelle."
La chance à un produit local
Forte d'une expérience de travail de deux ans aux Serres
Saint-Laurent, qui produisent la tomate Savoura, Pascale Charest
pense d'abord à produire des tomates. Cependant, les coûts
élevés de démarrage et la compétition
qui règne sur le marché l'incitent à se tourner
vers une autre culture de la même famille, la cerise de
terre. Ce petit fruit, très sucré et pourvu d'une
enveloppe végétale, a la taille d'une petite cerise.
Depuis quelques années, ce sont surtout les tables gastronomiques
qui font la promotion de ce nouveau produit québécois,
qui nous provient de la Colombie durant la saison froide. "Une
étude de marché, réalisé avec l'aide
du CLD de Matane, m'a démontré qu'il existait un
intérêt pour un produit local chez les commerçants
de Québec et Montréal, en autant que le produit
soit à un prix équivalent à celui de la Colombie",
précise-t-elle.
Épaulée par Entreprenariat Laval, la jeune diplômée
s'attelle donc à concevoir un plan d'affaires, aussi clair
que possible, susceptible de lui permettre d'obtenir le financement
indispensable à son démarrage. Les prix raflés
au Concours québécois de l'entrepreneurship lui
donnent un très bon coup de pouce puisqu'elle y récolte
près de 22 000 dollars, et surtout beaucoup de contacts,
et des conseils d'un cabinet de comptables. Un prêt obtenu
grâce à la Financière agricole, un organisme
gouvernemental qui garantit les prêts pour établir
les jeunes agriculteurs, puis quelques subventions plus tard,
la voilà à la tête d'une cagnotte de 100 000
dollars qui tombait à point pour acquérir quatre
serres totalisant 1 600 mètres carrés que vendait
un producteur horticole de sa connaissance.
"Je devrais commencer les semis à la mi-novembre et
les plants seront installés à la mi-janvier pour
une première récolte fin mars, prévoit Pascale
Charest. L'éloignement géographique avec les grands
centres urbains ne m'inquiète pas car la cerise de terre
se conserve très bien pendant plusieurs semaines. Il suffit
donc d'effectuer les livraisons deux fois par mois chez les commerçants."
La jeune entrepreneure sait pertinemment qu'il faut absolument
faire connaître davantage la cerise de terre auprès
des consommateurs, mais elle se dit confiante. Après tout,
peu de gens au Québec peuvent se vanter d'en savoir autant
sur ce petit fruit en plein devenir.
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