5 septembre 2002 |
On se méfie du cerf de Virginie parce qu'il est un véritable
danger public sur les routes (6 000 collisions autos-cerfs
en 2001 au Québec). On le craint parce qu'il agit comme
intermédiaire dans la maladie de Lyme - une forme d'arthrite
transmissible à l'homme . Faudra-t-il apprendre à
détester cette satanée bestiole au regard attendrissant
maintenant qu'on sait qu'elle peut refiler quantités de
maladies graves aux humains, notamment la tuberculose?
La question se pose après avoir entendu Peter Wilson, de
la Massey University de Nouvelle-Zélande, dresser la longue
et inquiétante liste des maladies que les cerfs peuvent
transmettre à l'homme. Conférencier invité
au 5e Congrès international sur la biologie des cerfs,
une rencontre organisée par le Département de biologie
et par Faune et Parcs Québec, Peter Wilson estime même
que le problème des maladies transmises par les cerfs pourrait
bientôt prendre une dimension internationale. La principale
menace viendrait de la consommation de produits dérivés
des cerfs auxquels on prête des vertus ravigotantes ou aphrodisiaques.
Ces substances, qui connaissent beaucoup de popularité
dans certains pays asiatiques, sont extraites du velours qui recouvre
les bois des mâles en début de saison, ou encore
de la queue ou de différentes parties de la quincaillerie
génitale mâle. Ces produits font l'objet d'un commerce
international dont les contrôles de qualité sont
moins rigoureux que ceux qui régissent le commerce de la
venaison.
Les chasseurs forment le groupe le plus à risque d'attraper
une maladie transmise par un cerf, signale Peter Wilson, parce
qu'il n'y a aucun contrôle sur l'état de santé
des animaux qu'ils consomment. Cependant, précise-t-il,
comme les chasseurs sont relativement peu nombreux, il ne s'agit
pas d'un problème de santé publique majeur. Par
contre, la mise en marché de la venaison et de produits
dérivés de cerfs élevés en captivité
accroît dramatiquement le bassin de personnes à protéger.
Plusieurs pays du monde autorisent maintenant l'élevage
de cerfs à des fins commerciales. En Nouvelle-Zélande
uniquement, le chiffre d'affaires des éleveurs a atteint
250 M $ en 2001, et les spécialistes prévoient une
croissance soutenue de 10 % par année.
Peter Wilson estime que tous les pays auraient avantage à
instaurer, dans les populations sauvages et domestiques de cerfs,
des programmes pour gérer les risques de maladies transmissibles
à l'homme. "La dimension sécuritaire des aliments
est la principale préoccupation des consommateurs, a-t-il
rappelé. Même si le risque réel de transmission
de maladies par les produits du cerf est encore relativement faible,
le risque perçu demeure l'élément crucial.
Il suffirait de quelques cas rapportés dans la presse pour
causer de graves préjudices à cette industrie",
avance-t-il.
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