29 août 2002 |
L'ambiguïté est au coeur de la démarche conceptuelle
de la finissante en arts visuels Patricia Pelletier, dont l'exposition
"Placebo", en cours depuis le 24 août, se tient
jusqu'au 1er septembre à la Galerie des arts visuels. "À
partir d'objets familiers qui nous attirent ou nous repoussent,
explique-t-elle, j'ai voulu créer une atmosphère
d'inquiétante étrangeté, où l'on ressent
un malaise dont la cause n'est pas nécessairement identifiable."
L'exposition "Placebo" propose une série d'objets
accrochés aux murs, un ensemble de 25 sacs de plastique
ayant la même forme de base celle d'un corps humain
entre les épaules et les cuisses - mais ayant subi des
modifications. Ces "couvre-vêtements", avec fermeture-éclair
et lignes blanches, sont faits d'une matière transparente
et servent à protéger les vêtements que l'on
apporte avec soi en voyage. Entre les mains de l'artiste cependant,
leur fonction devient tout autre. "Lorsque je travaille les
couvre-vêtements, dit-elle, je les dénature totalement."
Cet effet, Patricia Pelletier l'atteint par l'ajout de différents
éléments, dont la plume de couleur rouge ou blanche,
l'épingle à tête rouge et le tube de plastique
au diamètre et à la longueur variables. Ces interventions,
faites par petites touches, donnent un peu de personnalité
à la forme de base. "Je voulais chercher à
séduire par la couleur et les plumes qui confèrent
un aspect de légèreté et de luminosité,
indique-t-elle. En même temps, je voulais arriver à
inspirer la répulsion, entre autres avec des tubes qui
peuvent notamment faire penser à des viscères, ainsi
qu'avec des épingles posées sur des formes qui rappellent
le corps humain."
La fascination du corps
Cette série de corps, rendus anonymes parce que sans
tête, et banalisés en raison de leur nombre, cette
couleur rouge, qui apparaît çà et là,
notamment sous des traits de crayon sur le mur, et qui suggère
le sang, enfin ces tubes omniprésents montrent la fascination
de l'artiste pour le corps humain. "Sur une des pièces,
dit-elle, le bas du corps a une forme circulaire, celle d'un cerceau
qui fait penser à un bassin de femme." Elle ajoute
que la matière plastique, de par son côté
translucide et léger, permet d'intégrer la lumière
à l'uvre. Ainsi, un éclairage étudié
projette des ombres sur le mur qui sont autant de formes nouvelles
et de dessins nouveaux.
L'exposition contient des références au travail
du médecin. Ici, un long tube de plastique serpente sur
le mur et vient s'insérer au niveau du nombril. Là,
un tube posé autour du cou rappelle le stéthoscope.
En fait, plusieurs avenues d'interprétation sont possibles.
Elles vont d'une vision clinique et froide jusqu'à l'ornementation.
C'est notamment le cas de cette demi-douzaine de courts tubes,
entremêlés et projetés vers l'avant, qui fait
penser à une fleur ouverte à la boutonnière.
Globalement, la hauteur d'accrochage des oeuvres le niveau
fenêtre suggère un rapprochement avec l'architecture.
Des formes humaines longilignes
L'exposition comprend également une quinzaine de sculptures
sur pied dont la forme inhabituelle fait penser à de grandes
fleurs à très longue tige. À moins qu'il
ne s'agisse de formes humaines longilignes. Les tiges sont plantées
dans des seaux servant à recueillir l'eau d'érable
et que l'on a remplis de sable. À l'autre extrémité,
des bonnets de douche aux couleurs vives et superposés
l'un sur l'autre forment la tête. "Ces uvres un peu
plus éclatées et un peu plus légères
que les couvre-vêtements ont en même temps un lien
avec les sacs à cause du plastique", souligne Patricia
Pelletier.
L'exposition "Placebo" se tient jusqu'au 1er septembre
à la Galerie des arts visuels de l'École des arts
visuels, Édifice de La Fabrique, 255, boul. Charest Est,
à Québec. Les heures d'ouverture sont de 12 h à
17 h, du lundi au vendredi, et de 13 h à 17 h, le samedi
et le dimanche.
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