29 août 2002 |
Un délai supplémentaire de quelques jours dans
le traitement des cancers ORL peut retrancher des années
à la vie des patients. C'est ce que démontre une
équipe de la Faculté de médecine, associée
au Centre de recherche en cancérologie, dans le numéro
du 15 mars de la revue International Journal of Radiation Oncology
Biology Physics.
Comparés aux personnes traitées en moins de 30 jours,
les patients atteints d'un cancer ORL (bouche, glotte, pharynx,
larynx), qui doivent patienter plus de 40 jours entre l'examen
par un radio-oncologue et le premier traitement en radiologie,
courent 2,7 fois plus de risque de récidive ganglionnaire
et 1,7 fois plus de risques de mourir au cours des années
qui suivent. Trois ans après les traitements, le taux de
mortalité est 15 % plus élevé (35 % contre
20 %) chez les patients qui ont dû attendre plus de 40 jours,
que chez les patients traités en moins de 30 jours.
Les chercheurs André Fortin, Isabelle Bairati, Michèle
Albert, Lynne Moore, Josée Allard et Christian Couture
en ont fait la démonstration, en étudiant 623 patients
chez qui le cancer avait été détecté
à un stade précoce. Ces patients ont reçu
des traitements de radiothérapie entre 1988 et 1997, à
l'Hôtel-Dieu de Québec. "L'effet du retard dans
les traitements avait déjà été documenté
pour le cancer du sein, mais on ignorait son impact sur les cancers
ORL", signale Isabelle Bairati.
Quelques jours supplémentaires d'attente dans le traitement de ces cancers ont des répercussions très graves pour les patients
Délai néfaste
L'accessibilité à la radiothérapie a
diminué considérablement au Canada et, particulièrement,
au Québec et à Québec, entre 1988 et 1997,
notent les auteurs de l'étude. Le délai entre la
biopsie et le moment où le patient est référé
à un radio-oncologue est demeuré relativement stable
pendant cette période, soit 9 jours. Le délai entre
le moment où le patient est référé
et le premier examen en radio-oncologie s'est également
maintenu à environ 8,5 jours. Ce qui a augmenté,
c'est le délai entre la premier examen par le radio-oncologue
et le premier traitement de radio-oncologie, soulignent les chercheurs.
Alors qu'il était de moins de 14 jours en 1989, il a progressivement
augmenté pour atteindre 31 jours en 1997. Ceci signifie
que, en moins de dix ans, le délai total entre la biopsie
et la radiothérapie a grimpé de 28 à 55 jours.
"Nos données montrent que ce délai a un effet
néfaste pour les patients. La radiothérapie devrait
donc commencer aussitôt que possible pour ce type de cancer,
dans un délai qui ne dépasse pas de 20 à
30 jours", insistent les chercheurs.
Depuis 1998, la période d'attente aurait diminué,
en raison de la création de deux centres régionaux
de traitement des cancers - l'un à Trois-Rivières
et l'autre à Rimouski - et en raison de l'ajout d'appareils
et de personnel à l'Hôtel-Dieu de Québec.
Dans ce dernier centre, les délais actuels seraient d'environ
trois semaines.
|