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22 août 2002 ![]() |
La collection de virus Félix-d'Hérelle, dont
le transfert vers les États-Unis était déjà
amorcé, restera finalement à l'Université.
Un professeur du Département de biochimie et de microbiologie,
Sylvain Moineau, a décidé de s'en porter acquéreur
"afin d'éviter que Laval ne perde cette collection
unique au monde, une collection qui fait partie intégrante
de notre patrimoine", explique-t-il.
La collection Félix-d'Hérelle a été
patiemment mise sur pied par le professeur Hans Wolfgang Ackermann,
de la Faculté de médecine, au fil de trois décennies.
Elle contient quelque 420 espèces de bactériophages
(des virus qui s'attaquent aux bactéries) provenant des
quatre coins du monde. Il s'agit de l'une des deux plus importantes
collections du genre sur la planète. À la retraite
depuis l'automne 2001, Hans Wolfgang Ackermann avait entrepris,
faute de relève, le transfert de sa collection vers l'ATCC
(American Type Culture Collection), une firme privée américaine
qui vend des cultures de microorganismes à travers le monde.
"La collection que j'ai montée est une ressource unique
au monde, expliquait-il au Fil, en janvier dernier, pour
justifier sa décision. Elle contient des virus qui ne se
retrouvent nulle part ailleurs. Il fallait la conserver pour la
science, même si ça impliquait son départ
vers les États-Unis." Le transfert de la collection
vers l'ATCC a été suspendu depuis, confirme le professeur
Ackermann.
Un trésor biologique
Les centres de référence, comme la collection
Félix-d'Hérelle, sont indispensables à la
recherche en microbiologie, puisqu'il faut des espèces
bien identifiées et des cultures pures pour réaliser
des travaux fiables. "Quand j'ai appris que la collection
risquait de quitter l'Université, je me suis dit qu'on
ne pouvait pas laisser partir ça. C'est un élément
important de notre patrimoine scientifique", insiste Sylvain
Moineau. Spécialiste des bactéries et des virus
du lait, le chercheur possède déjà une petite
collection de phages et donc, l'équipement requis pour
cultiver des microorganismes. "Il faudra cependant agrandir
nos installations pour accueillir la collection Félix-d'Hérelle,
mais le Vice-rectorat à la recherche et le Département
de biochimie et de microbiologie nous ont assuré leur soutien
financier pour la première année."
Le vice-recteur à la recherche par intérim, Luc
Trahan, confirme que l'Université versera 25 000 $ en fonds
de démarrage et que le Département de biochimie
et de microbiologie ajoutera 10 000 $. "L'appui du Vice-rectorat
pourrait être prolongé par la suite, si le besoin
s'en fait sentir, avance-t-il. La valeur de cette collection est
reconnue mondialement et ce patrimoine doit demeurer à
l'Université."
Mentionnons qu'une copie de toutes les bactéries de la
collection prendra le chemin du Centre de recherche en infectiologie,
à la demande de son directeur, Michel Bergeron.
Virus sur le Web
Fidèle à la philosophie du professeur Ackermann,
Sylvain Moineau veut maintenir la politique de distribution à
faibles coûts des virus à la communauté scientifique
internationale. Alors que l'ATCC exige 185 $ US pour un échantillon
de phage/bactérie, la collection Félix-d'Hérelle
les vend 25 $ US à travers le monde, et 25 $ CA pour les
chercheurs du pays. "Nous voulons cependant annoncer de façon
plus large, sur le Web, les services offerts par la collection
afin d'accroître la demande, précise Sylvain Moineau.
Nous voulons également utiliser les photos et la documentation
extraordinaires amassées par le professeur Ackermann pour
réaliser un site Web qui servira de matériel pédagogique
dans nos cours."
Hans Wolfgang Ackermann continuera de collaborer au développement
de la collection. "Il a codirigé ma thèse de
doctorat et c'est lui qui m'a montré comment manipuler
et cultiver des phages, souligne Sylvain Moineau. Ses connaissances
sur la culture des bactériophages et son expertise en microscopie
électronique sont essentielles pour nous."
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