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22 août 2002 ![]() |
À compter d'aujourd'hui et ce, jusqu'au 1er septembre, Brigitte Viens, finissante à la maîtrise en arts visuels, convie le grand public à son exposition de fin de maîtrise intitulée "Comme Ariane et Pénélope". Dans une des salles des Ateliers du roulement à billes, à Québec, les visiteurs pourront voir deux oeuvres réalisées par l'artiste au cours des dernières années. Faites à l'aide d'un seul matériau, de surcroît fragile, le filament de cuivre, ces pièces sont le fruit d'un nombre incalculable d'heures de travail ayant nécessité beaucoup de patience et une grande attention aux détails. "Je pense que ma démarche est très pertinente avec les personnages du titre de l'exposition, explique Brigitte Viens. Comme Pénélope, je fais et parfois je suis obligée de défaire." On se rappellera que Pénélope, l'épouse du roi d'Ithaque, Ulysse, a tenu à distance les prétendants au trône de son mari absent en défaisant la nuit son travail de tapisserie effectué durant le jour. Quant à Ariane, elle avait donné à Thésée une pelote de fil qui l'aida à retrouver son chemin dans le Labyrinthe après qu'il eût tué le Minotaure.
Des fils comme des nervures
La première oeuvre, large d'environ huit mètres
et constituée d'une infinité de lignes, tient dans
les airs au moyen de chaînettes. Les visiteurs peuvent en
faire le tour. Un éclairage savamment étudié
projette des ombres sur les murs. "Chaînettes et ombres
projetées font partie de l'oeuvre, la prolongent encore,
permettent un autre regard, indique Brigitte Viens. En étant
suspendue, la pièce fait ressortir l'aspect aérien
de la ligne. C'est fin, mais ça a une certaine épaisseur.
Cela semble léger, mais cela a un poids."
Une simple feuille morte, celle d'un peuplier, a servi de point
de départ à l'oeuvre de Brigitte Viens. "J'ai
trouvé la feuille intéressante, dit-elle. Je l'ai
gardée, photocopiée, agrandie et elle est devenue
mon champ d'investigation." L'artiste a étudié
un ensemble de sections adjacentes du limbe, soit la partie principale
de la feuille. Avec du filament de cuivre, elle a ensuite travaillé
les nervures en tant que lignes et refait le plus fidèlement
possible le détail des sections, agrandies à un
mètre. Selon elle, l'agrandissement de la feuille a ouvert
sur des mondes insoupçonnés. "La section sert
de modèle et vous arrivez dans un autre monde qui n'a plus
qu'un rapport indirect avec la feuille, soutient-elle. Ce lacis
frêle m'a conduite à quelque chose comme une carte
géographique. On peut penser au continent sud-américain
des temps anciens avec ses chaînes de montagnes. Les fils
que constituent les chaînettes sont, quant à eux,
la continuité des nervures de la feuille."
Des rues et des boulevards
Ce véritable travail de moniale sur un réseau
de lignes entrelacées, ce rituel quotidien, fait de la
répétition de gestes semblables, et qui devient
presque méditatif, Brigitte Viens l'a poursuivi dans une
seconde oeuvre. Cette fois, elle s'est penchée sur les
voies de circulation d'une ville qu'elle a parcourue. Posée
sur le sol, la pièce d'environ un mètre de côté
se veut l'illustration du parcours à pied suivi par l'artiste,
dans des rues et sur des boulevards, tel qu'il est resté
dans ses souvenirs. Ici, la majorité des fils sont faits
de quelques filaments tressés ensemble.
L'exposition "Comme Ariane et Pénélope"
se tient aux Ateliers du roulement à billes, porte 336
de la rue de Sainte-Hélène, à Québec,
tout près de l'Édifice La Fabrique. Les heures d'ouverture
sont du lundi au dimanche de 12 h à 17 h, et le jeudi de
12 h à 21 h. Le vernissage a lieu ce soir, 22 août,
à 17 h.
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