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22 août 2002 ![]() |
Théoricien, historien, journaliste, universitaire,
analyste et essayiste, Gérard Bergeron, qui a enseigné
plus de trente ans à Laval, soit de 1950 à 1981,
est décédé vendredi dernier à Montréal
à l'âge de 80 ans. Né à Charny en 1922,
il étudie d'abord à la Faculté des sciences
sociales de l'Université Laval que dirige le père
Georges-Henri Lévesque. En 1954, alors jeune professeur
à Laval, il fonde le Département de science politique
avec ses collègues de la Faculté des sciences sociales,
Maurice Tremblay et Léon Dion. À compter de 1956
et ce, pour quelques années, il signe une chronique dans
le journal Le Devoir. C'est également dans les pages
de ce quotidien, ainsi que dans le magazine Maclean's,
qu'il publiera un grand nombre de textes d'analyse politique -
près de 400 - sur les grands débats qui agiteront
la société québécoise. En 1961, il
obtient un doctorat en droit public et en science politique de
l'Université de Paris. Quatre ans plus tard, il publie
en France son imposante thèse intitulée: Fonctionnement
de l'État, préfacée par le sociologue
français Raymond Aron. Spécialiste des relations
entre les deux superpuissances, il consacre deux ouvrages à
la problématique de l'affrontement entre l'Occident et
le bloc soviétique, soit La Guerre froide inachevée
et La Guerre froide recommencée.
En 1981, Gérard Bergeron quitte l'Université Laval
pour enseigner à l'École nationale d'administration
publique. Il y restera jusqu'en 1986. En 1989, il reçoit
l'un des Prix du Québec, le prix Léon-Gérin.
Dans le site Internet des Prix du Québec, dans le texte
consacré au récipiendaire, on peut lire ce commentaire
de Guy Laforest, professeur au Département de science politique
de l'Université Laval: " il suit pas à pas,
dans des essais historiques et des études de conjoncture,
le destin du Québec de son temps. Il en parcourt l'histoire
d'hier et celle d'aujourd'hui, choisissant en toute lucidité
le rôle du sage et les tâches de l'analyse critique".
Le site contient également ce commentaire de Vincent Lemieux,
collègue du professeur Laforest: "Il y a peu d'exemples
dans notre société d'une telle passion à
suivre et à interpréter la vie politique qui s'étend
sur quatre décennies et qui ne s'est jamais apaisée".
Passionné de théorie politique et des relations
internationales, maître politologue et observateur lucide,
Gérard Bergeron était en outre un humaniste authentique
et exigeant. C'était aussi un intellectuel avide de liberté.
"Je veux garder ma liberté totale au sein même
de mon engagement, disait-il. L'idéal inaccessible serait
d'en être, de cette société, et de pouvoir
en parler comme n'en étant pas. De garder la tête
froide et le coeur chaud."
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