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20 juin 2002 ![]() |
La Faculté de médecine de l'Université
Laval serait la principale pépinière de médecins
qui pratiquent en régions au pays. Selon une étude
parue dans le dernier numéro du Canadian Journal of
Rural Medicine, 18 % de tous les médecins de famille
canadiens qui ont obtenu leur diplôme entre 1994 et 1998
et qui pratiquaient en régions deux ans plus tard, étaient
diplômés de Laval. À l'échelle du Québec,
ces diplômés représentent 40 % de médecins
nouvellement installés en régions. Le même
scénario se répète du côté des
spécialités médicales, où, pendant
la même période, Laval a formé 13 % des jeunes
spécialistes fraîchement débarqués
en régions au Canada, et 38 % au Québec.
Première étude du genre au pays, cette recherche
avait pour but de déterminer qui forme les médecins
ruraux au Canada. Ses auteurs, Peter Hutten-Czapski et Dianne
Thurber, ont mis en relation l'université où le
médecin a reçu sa formation entre 1994 et 1998 et
son adresse de pratique deux ans après la fin de ses études.
Leurs analyses révèlent qu'à Laval, 42 %
des diplômés en médecine familiale et 8 %
des spécialistes choisissent de pratiquer en régions
(une agglomération de moins de 10 000 habitants, selon
la définition de Statistique Canada). Ces chiffres dépassent
très nettement les moyennes nationales de 21 % en médecine
familiale et de 4 % pour les spécialités, obtenues
pour l'ensemble des 16 universités canadiennes dotées
de facultés de médecine. Seule Memorial University
de Terre-Neuve affiche un pourcentage supérieur à
Laval pour la médecine familiale (46 %), mais, en chiffre
absolu, Memorial forme presque trois fois moins de médecins.
Laval vient au premier rang au pays pour le nombre de jeunes diplômés en médecine qui pratiquent en régions
Une question de formation
Ces données ne surprennent pas le doyen de la Faculté
de médecine, Pierre Durand. "Depuis que la Faculté
existe, nous avons "staffé" toutes les
régions du Québec", déclare-t-il. Selon
le doyen, les statistiques élevées de pratique en
région parmi les diplômés de Laval ne peuvent
s'expliquer par un biais en faveur des étudiants des régions
au moment de l'admission, puisque la provenance géographique
n'intervient pas dans l'évaluation des candidats. "C'est
dans les milieux de stage que ça se joue, avance-t-il plutôt.
Presque tous nos étudiants font des stages en régions.
Ils côtoient des role models dans ce type de pratique
et ils apprennent à composer avec les responsabilités
qui viennent avec la pratique en régions. Le résultat
est qu'ils sortent de ces stages bien outillés et qu'ils
se sentent capables de faire face aux situations stressantes qui
peuvent se présenter. Lorsqu'ils terminent leurs études,
la pratique en régions ne les effraie pas."
Selon l'Association médicale canadienne, il manquerait
présentement plus de 1 600 médecins dans les régions
rurales du Canada, et ce déficit s'accroît rapidement
en raison du taux de départ à la retraite des médecins
ruraux, qui atteint entre 10 % et 20 % par année. Pour
contrer cette pénurie, certains ont suggéré
de rendre obligatoire la pratique en régions pour les nouveaux
médecins, de faire davantage appel aux médecins
formés à l'étranger ou de confier plus de
responsabilités aux infirmières. Les chercheurs
Hutten-Czapski et Thurber soulignent, pour leur part, qu'une partie
de la solution réside dans des approches qui ont fait leur
preuve dans le passé, comme celle préconisée
par la Faculté de médecine de l'Université
Laval.
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