20 juin 2002 |
Mesdames, Messieurs les membres du Conseil universitaire, la
séance de ce matin a été la dernière
que j'ai eu l'honneur de présider en ma qualité
de recteur de cette institution. Avant de clore cette réunion,
permettez-moi de vous adresser ce dernier message.
Premièrement, je veux vous remercier, tous et toutes, du
service inestimable que vous rendez à l'Université
Laval en siégeant à ce Conseil. Cette tâche
est certainement très exigeante, par la lecture et la réflexion
qu'elle vous impose, et elle peut parfois vous paraître
ingrate, mais je veux que vous sachiez qu'elle est très
appréciée par vos pairs. Je veux aussi vous remercier
de la collaboration remarquable que vous m'avez toujours apportée
dans ma tâche de président de ce Conseil, et je veux
remercier aussi le Secrétaire général et
les membres de son personnel qui permettent le fonctionnement
ordonné des séances de ce Conseil.
Deuxièmement, et regardant vers le futur, il me semble
important que toute notre communauté réalise à
quel point l'Université Laval fait face à de grands
défis du fait de certaines caractéristiques de son
bassin de recrutement et de son milieu environnant: le déclin
démographique de l'Est du Québec et la présence
encore faible du secteur industriel dans notre région portent
en effet en eux des risques pour la poursuite du progrès
de notre institution. Dans ce contexte, on peut dire que l'Université
Laval est porteuse du devenir de sa région beaucoup plus
que l'inverse. La prise de conscience de cette situation doit
avoir des conséquences pour notre Université et
pour tous les membres de la communauté universitaire. Pour
continuer à offrir un enseignement de qualité et
maintenir sa position comme grande université de recherche,
L'Université Laval se doit, plus que d'autres, d'être
novatrice, audacieuse, ouverte et branchée sur le monde
bien au-delà de notre région et de notre province.
Elle se doit d'être ouverte au changement, à l'affût
des idées nouvelles. Il en va de l'avenir de notre établissement
en se rappelant toujours cette parole de Deming: "Change
is mandatory, survival is optional; Choose wisely".
"L'Université Laval est porteuse du devenir de sa région beaucoup plus que l'inverse. Elle se doit, plus que d'autres, d'être novatrice, audacieuse et branchée sur le monde."
Troisièmement, les événements des récents
mois et le non-aboutissement de l'élection au rectorat
doivent obliger les membres de toutes les instances de l'Université
Laval à réfléchir sérieusement sur
la gouvernance de cette institution de haut savoir, et plus particulièrement
sur le mode de sélection du recteur. Lorsqu'on compare
ce qui s'est passé ici en avril à ce qui vient de
se passer à peu près en même temps à
l'Université McGill, à l'Université du Québec,
à l'UQAM ou à l'Université de Montréal,
on doit reconnaître que l'Université Laval a un sérieux
problème de gouvernance. À en juger par les très
nombreux commentaires convergents que j'ai reçus au cours
des dernières semaines de la part d'amis et partenaires
de l'Université, le débat ne pourra pas être
évité.
Enfin, je voudrais partager avec vous ma grande préoccupation
quant aux effets internes de la campagne électorale et
des événements qui ont suivi la réunion du
collège électoral du 3 avril dernier. Ces événements
ont semé beaucoup de division le mot n'est pas trop
fort - au sein de notre communauté. Je ne suis pas réputé
pour citer souvent le Nouveau Testament, mais je crois qu'il y
a une phrase de l'évangile de Mathieu qui nous concerne
plus particulièrement, et qui mérite sérieuse
réflexion de la part de tous. Je cite: "Tout royaume
divisé contre lui-même sera détruit, et toute
ville ou maison qui est divisée contre elle-même
ne pourra subsister." Fin de la citation.
"Les événements des récents mois nous obligent à réfléchir sérieusement sur la gouvernance de l'Université et sur le mode de sélection de son recteur."
Je souhaite vivement que notre communauté retrouve rapidement
cette unité que personne, pour quelque motif que ce soit,
ne devrait avoir le droit de compromettre. J'espère que
l'élection du 15 octobre prochain sera l'occasion pour
toute notre communauté de recréer l'unité
dont l'Université Laval a un besoin impérieux pour
remplir sa mission fondamentale de formation des personnes et
de recherche de la connaissance, et pour rappeler comme il se
doit et avec fierté ses origines multi-séculaires
en cette année des Grandes Fêtes.
Quant à moi, les cinq dernières années ont
été passionnantes et je remercie toute la communauté
de m'avoir donné le privilège de diriger la première
université francophone d'Amérique et l'une des grandes
universités de recherche du Canada et du monde francophone.
J'y ai consacré beaucoup de temps et d'énergie et,
grâce à la collaboration de tous, l'Université
a progressé de façon remarquable malgré un
contexte particulièrement défavorable. Je termine
ce mandat avec le sentiment d'avoir atteint la grande majorité
des objectifs que j'avais proposés lors de l'élection
de 1997. Je conserverai un grand intérêt pour l'Université
Laval et son évolution et j'ai déjà assuré
nos partenaires de la Fondation et de la grande campagne de souscription
de ma disponibilité pour faire avancer les dossiers importants
au cours des prochains mois. Je souhaite un avenir des plus fructueux
à l'Université Laval. Je souhaite au prochain recteur
tout le succès possible et autant de satisfaction que j'ai
pu en avoir à assumer cette fonction exigeante au service
de cette très grande université. Je vous remercie.
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