6 juin 2002 |
En matière de bioterrorisme, le temps de réaction
est crucial pour éviter que la panique ne fasse plus de
dommage que les microbes eux-mêmes. Une équipe du
Centre de recherche en infectiologie (CRI) l'a bien compris et
vient de mettre au point un test de dépistage qui permet
de détecter, en moins d'une heure, la présence de
Bacillus anthracis, la petite bête qui cause la maladie
du charbon. C'est ce qu'a annoncé le directeur du Centre,
Michel Bergeron, lors de la Journée de la recherche de
la Faculté de médecine, qui avait lieu le 28 mai
au pavillon Alphonse- Desjardins.
Le professeur Bergeron et ses collègues, Éric Leblanc,
Maurice Boissinot, Mario Vaillancourt, François Picard,
Doug Bader, Ève Bérubé, Marc Ouellette et
Paul Roy, ont élaboré un test qui permet de détecter
la présence du bacille, sous forme active ou dormante (spores),
en 45 minutes. "Le test a une sensibilité telle qu'il
peut déceler la présence de deux spores dans un
échantillon, signale Michel Bergeron. Il peut également
être adapté pour d'autres microbes susceptibles de
servir comme arme bactériologique. Nous travaillons à
la création de puces à ADN qui permettraient de
repérer simultanément une dizaine d'espèces
auxquelles des terroristes pourraient avoir recours. Nos travaux
risquent donc d'avoir un impact important dans la lutte contre
le bioterrorisme."
Réagir vite et bien
On se souviendra que l'automne dernier, aux États-Unis,
un climat de grande incertitude régnait dans l'affaire
des lettres contaminées par le bacille du charbon. Le destinataire
d'une lettre contenant une poudre suspecte a-t-il été
contaminé par la forme toxique de la bactérie? Faut-il
lui administrer des antibiotiques? Doit-on procéder au
dépistage de la maladie chez ses collègues de bureau?
Faut-il procéder à l'évacuation de l'édifice
où il travaille? Faut-il décontaminer les locaux?
La vitesse de réaction est le nerf de la guerre contre
le bioterrorisme, rappelle Michel Bergeron. Présentement,
les tests de dépistage du bacille du charbon exigent 48
heures, ce qui retarde considérablement la prise de décisions
par les autorités. "La connaissance empirique d'une
maladie permet parfois au médecin d'agir avant d'avoir
reçu les résultats de laboratoire, ajoute-t-il,
mais il y a clairement un besoin pour de meilleurs outils qui
nous aideraient à prendre des décisions en toute
connaissance de cause."
L'équipe du CRI n'a pas attendu les événements
de l'automne dernier pour entreprendre ses travaux sur le sujet.
"Nos recherches ont commencé il y a plus de deux ans,
à la demande du Département de la Défense
du Canada", précise l'infectiologue.
La présentation de Michel Bergeron était l'une des
quelque 50 communications inscrites au programme de la Journée
de la recherche de la Faculté de médecine. Environ
160 communications par affiches, présentées par
des étudiants-chercheurs, stagiaires post-doctoraux, étudiants
en médecine et médecins résidents, complétaient
le programme. Instituée en 1999, cette rencontre annuelle
favorise le rapprochement et les échanges entre les équipes
de recherche de la Faculté, dispersées sur le campus
et dans les centres hospitaliers de la région.
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