23 mai 2002 |
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Une bonne partie des oies des neiges qu'on voit dans le film Le peuple migrateur ont appris les rudiments de leur métier d'acteur dans les laboratoires du Département de biologie de l'Université. En effet, les biologistes Gilles Gauthier, Jacques Larochelle et Pascale Otis ont prêté leur concours et leur expertise à l'équipe du réalisateur français Jacques Perrin (Galatée Films), depuis la cueillette des oeufs sur l'île Bylot, jusqu'au tournage des oies en vol. Quiconque a vu le film - ou lu le livre! - a sans doute été stupéfait par les étonnantes images d'oiseaux en vol, tournées en gros plan. À plus forte raison lorsqu'on sait que ces images ont été prises à partir d'un ultraléger motorisé (ULM), un petit avion passablement tapageur. Comment se fait-il que les oiseaux ont volé côte à côte avec ce bruyant coucou plutôt que de déguerpir? Il y a un truc. "Les oiseaux ont été imprégnés en laboratoire, de sorte qu'ils ne craignent ni les humains, ni l'ULM", raconte Jacques Larochelle. |
L'étudiante-chercheure Pascale Otis, en compagnie d'une des oies imprégnées, qui ont participé au tournage de Le peuple migrateur. Photo Marc Robitaille |
La poésie de la plume
Pascale Otis, étudiante-chercheure dans l'équipe
de Jacques Larochelle, a accompagné l'équipe de
cinq personnes de Galatée pour la cueillette d'une cinquantaine
d'oeufs sur l'île Bylot en 2000. L'année précédente,
elle leur avait "prêté" sept oies qu'elles
avaient elle-même imprégnées, pour le tournage
des premières scènes. Ces oies avaient d'abord
servi de sujets d'études pour ses travaux sur les coûts
de la thermorégulation et de la locomotion chez cette
espèce.
L'équipe de Galatée a passé un mois et demi
au camp que l'équipe de Gilles Gauthier installe chaque
été sur l'Île Bylot. "En plus de leur
apporter une assistance logistique, nous avons partagé
avec eux notre expertise sur les oies et nous les avons aidés
à repérer des nids d'autres espèces d'oiseaux.
Les scènes du film où l'on voit des oies adultes
avec les oisons, des harfangs des neiges et l'éclosion
de la grue du Canada ont été tournées près
de notre camp." Le peuple migrateur comporte, somme
toute, peu de scènes tirées du tournage sur l'Île
Bylot. Par contre, les images tournées aux quatre coins
du monde pour ce film seront utilisées dans une série
de courts documentaires plus classiques, dont l'un consacré
à l'Arctique, que produira Galatée au cours des
prochaines années, précise le chercheur.
Et le film? Jacques Larochelle et Pascale Otis avouent spontanément
ne pas l'avoir vu. Quant à Gilles Gauthier, il estime
que le film est "davantage poétique que scientifique,
mais c'est voulu comme ça. Les images et la musique sont
superbes, quoique les scènes d'oiseaux en vol sont quelque
peu répétitives. C'est sans doute une déformation
scientifique, mais j'aurais souhaité qu'il y ait un fil
conducteur et il n'y en a pas!"
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