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23 mai 2002 ![]() |
Cette année, 41 finissantes et finissants du baccalauréat en arts plastiques ont décidé de souligner avec éclat la fin de leurs études. Pour cela, ils ont transformé l'École des arts visuels tout entière en une gigantesque salle d'exposition sur le thème "Réceptivité". Toutes les techniques sont représentées: peinture, sculpture, gravure, montage multimédia et installation. Depuis le 17 mai et jusqu'au 2 juin, ces artistes de demain exposent quelques-unes de leurs meilleures oeuvres produites durant le bac.
Du tableau à la "sculpture picturale"
Dans sa démarche picturale, Nathalie Thibault étudie
entre autres la couleur liée au geste dans l'expérience
de la peinture. Chez elle, le geste à poser est très
rapide, instinctif. Elle explore aussi le rapport entre le fond
et la forme en utilisant principalement les tonalités différentes
des couleurs. Composition numéro 11, un tableau
abstrait fait au pastel à l'huile, illustre bien cette
démarche. Cette toile aux dégradés de couleurs
est traversée de lignes subtiles. "Je recherche une
économie de gestes et de couleurs, explique Nathalie Thibault.
Ici, le réel se trouve être la couleur appliquée.
Le pastel crée un mouvement, une direction. Je pense qu'il
y a une ouverture dans mes tableaux qui permet d'évoquer
bien des choses. Celui-ci, je trouve qu'il fait un peu "paysage
imaginaire"."
Benoit Blondeau propose une oeuvre hybride de grandes dimensions,
une sorte de "sculpture picturale" sans titre, aux couleurs
vives et de forme sphérique. Cette pièce est faite
d'une multitude de petites boîtes de bois rectangulaires
de mêmes dimensions, posées à plat les unes
sur les autres, semblables à des briques dont l'intérieur
serait ouvert. "Il y a ici un propos d'abstraction de peinture
sur une structure dans l'espace, dit-il. J'ai voulu créer
des contrastes, qu'il y ait une vibration. Et ça marche.
On sent une vibration lorsqu'on regarde au travers." L'oeuvre
d'environ sept pieds et demi de haut sur environ huit pieds de
diamètre a été construite rapidement, l'artiste
faisant de nombreux choix spontanés relevant du hasard.
À la fois peinture et sculpture, cette forme de construction
donne une impression double d'opacité et de transparence,
d'ordre et de chaos.
Du monde clos au vide sidéral
Difficile de ne pas aimer l'expérience sensorielle
que procure Le Courtisan, une structure de bois carrée,
étroite et fermée, haute de 16 pieds et exposée
dans l'atrium. À l'instant même où la porte
se referme sur le visiteur, l'obscurité totale et soudaine
fait immédiatement place à une lumière vive
provenant d'un magnifique lustre suspendu au plafond. En même
temps, une musique forte et entraînante envahit tout à
coup l'espace clos aux murs lambrissés, style Louis XV:
c'est "La marche nuptiale", un extrait des Noces
de Figaro, de Mozart. "L'idée derrière
cette architecture qui nous enserre physiquement était
de créer un monde clos où tout est en harmonie,
indique Yannick Pouliot. Cette architecture absurde célèbre
à sa manière l'individualisme exacerbé d'aujourd'hui,
mais de façon paradoxale par un expérience de joie
totale."
Bouteille, poupée russe ou autre, l'imposante sculpture
de plâtre aux formes arrondies et sans titre de Jean-Philippe
Roy donne l'impression d'être pesante et pleine. Or, elle
est vide et ne tient qu'à une fine membrane de plâtre.
"J'ai voulu faire un gros objet doté d'une présence
assez incroyable, immense, en même temps avec un espace
intérieur plus éthéré, une espèce
d'ailleurs auquel on n'a accès que visuellement",
explique Jean-Philippe Roy. Entrer la tête dans la partie
interne de cette oeuvre donne une espèce de vertige. L'absence
d'angles empêche d'évaluer la profondeur avec précision.
La perte de repères est renforcée par l'effet d'écho
produit par la réverbération du son. "En sculpture,
notre connaissance de l'objet reste superficielle parce qu'elle
se limite à la surface extérieure, précise-t-il.
Pour rendre active la profondeur d'un tel objet, j'ai voulu qu'on
ait accès à son intérieur."
L'exposition "Réceptivité" se poursuit
jusqu'au 2 juin. L'École des arts visuels est située
au 255, boul. Charest Est, à Québec. Les heures
d'ouverture sont de 11 heures à 18 heures, du lundi au
vendredi, et de 10 heures à 17 heures, les samedis et dimanches.
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