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23 mai 2002 ![]() |
Dans le cadre du congrès de l'Acfas, le Conseil supérieur
de l'éducation lançait, le 14 mai dernier, son rapport
intitulé Les universités à l'heure du
partenariat. Rendu public par la présidente du Conseil,
Céline Saint-Pierre, ce rapport très attendu aborde
la question du partenariat universitaire sous plusieurs aspects:
ses perspectives de développement, les inquiétudes
qu'il suscite, ses effets sur le devenir des universités
et ses orientations en regard de la mission universitaire.
"Cet avis permet de réfuter certaines idées
préconçues et de prendre une distance critique par
rapport aux discours qui témoignent d'un engagement résolu
des universités dans le partenariat. Il met au jour les
retombées positives du partenariat et en circonscrit les
limites", souligne Céline Saint-Pierre.
Après avoir mené de nombreuses consultations et
analysé plusieurs projets de partenariat, le Conseil a
en effet relevé un certain nombre d'effets positifs de
celui-ci sur les pratiques d'enseignement et de recherche. Selon
les témoignages des professeurs, les expériences
partenariales enrichissent l'enseignement d'exemples concrets,
ouvrent des domaines de recherche et permettent d'obtenir des
données autrement inaccessibles et concourent à
la formation des étudiants, que ce soit par des activités
de formation pratique, de formation à la recherche, de
coopération internationale ou de formation continue.
Le partenariat met également en valeur les travaux universitaires.
Ainsi, les professeurs engagés dans de telles activités
estiment que le fait que le milieu recourt à eux marque
la reconnaissance de leur expertise académique ou scientifique
et accroît leur renommée scientifique. Enfin, le
partenariat appelle le développement d'expertises particulières
en matière de protection de la propriété
intellectuelle des travaux universitaires, de commercialisation
de la recherche et de soutien de la diffusion scientifique.
Effets non souhaitables
Le Conseil souligne par ailleurs que la multiplication des
activités partenariales a aussi engendré des effets
indésirables. Il cite, parmi les inquiétudes suscitées,
le risque d'un clivage du corps professoral, opposant les professeurs
engagés dans des activités partenariales à
leurs collègues qui ne le sont pas; l'alourdissement de
la tâche professorale, dû à un manque de soutien
soutien technique, professionnel et administratif et le risque,
en ce sens, de porter atteinte à la productivité.
À l'échelle de l'établissement, le rapport
constate un manque de coordination des projets réalisés
en partenariat avec le milieu. Le développement du partenariat
amène ainsi les établissements à revoir la
gestion de leurs priorités parmi l'ensemble des activités
universitaires. À cet égard, le partenariat nécessite,
toujours selon le rapport du Conseil supérieur de l'éducation,
d'être balisé par des politiques institutionnelles
appropriées en ce qui concerne, entre autres, la propriété
intellectuelle, et d'être soutenu par des personnes-ressources
compétentes.
Tout en étant conscient qu'il s'agit d'une réflexion
à poursuivre, le Conseil définit certaines conditions
à respecter afin de mieux soutenir et préserver
la mission des universités, notamment: continuer de baliser
le développement du partenariat au regard de la mission
universitaire; en intensifier les retombées positives sur
la formation des étudiants; améliorer le soutien
institutionnel et la gestion des activités partenariales.
Le Conseil suggère finalement qu'étudiants, professeurs,
administrateurs universitaires et administrateurs publics fassent
consensus dans le but de de préserver l'essence même
de la mission universitaire, soit la formation des étudiants.
Selon lui, il revient au ministre d'État à l'Éducation
et à l'Emploi, et à la ministre de la Recherche,
de la Science et de la Technologie, de soutenir cette mission
dans l'ensemble des politiques, des décisions ou des prises
de positions gouvernementales sur le partenariat entre l'université
et le milieu.
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