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23 mai 2002 ![]() |
Il est faux de prétendre qu'une ville de banlieue comme
Sainte-Foy est apparue de manière spontanée, à
partir de rien. Certaines traces du passé, notamment celles
qui ont été laissées par les champs agricoles,
ont eu une influence sur la forme actuelle de la ville. À
la fin des années 1970, il y avait un très large
consensus dans les régions de Québec et de Montréal
quant aux avantages liés à la vie de banlieue et
à la propriété. Quant aux aînés
de banlieue, la très grande majorité souhaitent
vieillir dans leur maison puisque celle-ci permet une expérience
aux dimensions multiples, notamment psychologique et sociale.
Ces observations ont été faites le mercredi 15 mai
au pavillon Palasis-Prince dans le cadre du 70e Congrès
annuel de l'Association francophone pour le savoir - Acfas. L'atelier
avait pour thème: "La banlieue revisitée".
L'étudiant à la maîtrise en architecture Daniel
Lacroix a présenté les résultats préliminaires
d'une étude sur la forme urbaine de Sainte-Foy. Cette banlieue
moderne a connu un développement massif au cours des années
1950 et 1960, le nombre de paroisses passant de une à huit
de 1950 à 1962. "Ce phénomène n'est
pas un processus aussi radicalement différent de la croissance
traditionnelle que ce que l'on prétend couramment, soutient
Daniel Lacroix. Il y a deux raisons à ça: un certain
héritage cadastral, qui vient structurer le territoire,
et un héritage viaire: les routes, dont le chemin des Quatre-Bourgeois
et la route du Vallon." Aux archives de l'ancienne Ville
de Sainte-Foy, l'étudiant a recensé près
de 7 000 permis de construction et de mutation de propriétés
pour la période 1950-1965, une époque où
prédominait le bungalow. "Entre 1951 et 1954, dit-il,
on observe une quasi-uniformité des lots, les promoteurs
alignant leurs rues parallèlement aux lignes du cadastre
original. Cela produit des lots très réguliers,
presque uniformes."
Des avantages imbattables
Mélanie Bédard, étudiante à la
maîtrise en sociologie, a fait part des résultats
du premier volet d'une étude comparative menée conjointement
avec Andrée Fortin, professeure au Département de
sociologie. À partir de données d'une enquête
réalisée en 1978 par des chercheurs de l'INRS-Urbanisation,
elles ont découvert que l'échelle des priorités
résidentielles était sensiblement la même
pour toutes les catégories de répondants, qu'ils
soient de la région de Québec ou de Montréal,
et qu'il s'agisse de locataires en ville, de locataires en banlieue,
ou de propriétaires en banlieue. Les répondants
valorisaient d'abord l'intimité et l'intérieur du
logis, son coût et la qualité de son environnement.
En outre, les répondants se disaient unanimement d'accord
avec les avantages de la banlieue (calme, verdure, vie familiale
meilleure, etc.) et les avantages rattachés à la
propriété (bon placement, chez-soi, possibilités
d'aménagement, etc.). "Soixante-quatorze pour cent
des locataires en banlieue et 56 % des locataires en ville voudraient
changer de statut résidentiel, indique Mélanie Bédard,
alors que 97 % des propriétaires en banlieue ne le voudraient
pas."
Une expérience résidentielle
Sébastien Lord, étudiant à la maîtrise
en architecture, a fait porter son exposé sur les significations
du chez-soi pour les aînés de banlieue. Ses données
proviennent d'une revue de littérature et d'une enquête
menée en 1999 par une équipe du Centre de recherche
en aménagement et développement de l'Université
Laval auprès de 56 aînés propriétaires
de bungalow de la région de Québec. Selon lui, la
plupart des aînés désirent vieillir chez eux
pour de nombreuses raisons, notamment pour la conservation d'habitudes
et de réseaux, la référence aux grandes étapes
d'une vie, et le reflet de l'identité, des valeurs et du
statut social. "Ils n'envisagent pas déménager
malgré certains problèmes d'autonomie, explique
Sébastien Lord. Cependant, la forme fonctionnelle de la
banlieue n'est peut-être pas adaptée à des
gens en perte de mobilité."
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