9 mai 2002 |
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Photo MarieLou Coulombe Vanessa Viera, partagée entre le
rêve et la réflexion, dans une tourbière
de l'île d'Anticosti. |
Si le rêve se nomme Canada, le rêve dans le rêve s'appelle Anticosti. Au cours de l'été 2000, elle part donner un coup de main à un autre étudiant français du Département de biologie qui mène des travaux sur l'île inventée par le riche chocolatier Henri Menier. "En arrivant là-bas, ça a été la révélation, le déclic total. On se retrouve vraiment ailleurs sur Anticosti. On déconnecte totalement. L'endroit est paradisiaque et l'écosystème perturbé par le cerf est idéal pour la recherche. Alors, je me suis dit: pourquoi ne pas allier les deux?" Pourquoi pas en effet. Septembre 2000, la voilà donc inscrite à la maîtrise dans l'équipe de Jean Huot, dans l'espoir d'aller, à son tour, découvrir les secrets de l'île. |
Effets de cerfs
Dans la foulée des travaux de la Chaire de recherche
industrielle CRSNG-Produits forestiers Anticosti, l'étudiante-chercheure
a étudié l'impact du broutement des cerfs sur les
communautés végétales d'Anticosti. "Nous
avions besoin de sites témoins, épargnés
par les cerfs, et les îles de Mingan étaient idéales.
Elles sont situées à 40 km d'Anticosti, elles partagent
la même origine géologique, le même climat
et le même type de végétation boréale.
On y retrouve aussi les mêmes herbivores, à l'exception
du cerf, exclusif à Anticosti."
Exclusif, mais abondant! Les 200 cerfs introduits sur l'Île
entre 1896 et 1900 comptent aujourd'hui 120 000 descendants,
qui rasent tout sur leur passage. "Il n'y a cependant pas
de différences dans le nombre total d'espèces végétales
recensées dans les îles de Mingan (84) et à
Anticosti (86)", a expliqué l'étudiante-chercheure
à la cinquantaine de personnes qui assistaient au 1er
colloque annuel de la Chaire, présenté sur le campus
le 1er mai. "Cependant, les espèces les plus abondantes
diffèrent dans chacun des milieux. Le broutement du cerf
influence la composition de la végétation à
Anticosti en modifiant la succession naturelle." L'inventaire
des plantes qui croissent dans des exclos, installés sur
l'île en 1996, révèle que des espèces
qu'on croyait disparues d'Anticosti, reviennent lorsqu'elles
sont protégées des chevreuils. "Il reste à
déterminer la densité seuil de cerfs qui permettrait
la régénération naturelle de ces plantes
dans leur milieu", analyse-t-elle.
Vanessa Viera a-t-elle trouvé ce qu'elle cherchait en
répondant à l'appel de la nature canadienne? "Mais
alors là parfaitement!, lance-t-elle. Le rêve est
devenu réalité." Ses projets d'avenir oscillent
entre un éventuel doctorat, un travail qui la garderait
en contact avec la nature et un voyage en Asie, qui aussitôt
terminé la ramènerait au Canada! "La seule
chose dont je suis certaine pour l'instant est que je veux rester
ici. Je n'irai pas chercher plus loin, parce que j'ai trouvé
ce que je voulais."
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