9 mai 2002 |
Les Québécois ont plus d'intérêt
pour la science et la technologie que pour le sport! Voilà
l'une des étonnantes conclusions d'un récent sondage
mené pour le compte du Conseil de la science et de la technologie
(CST). Pas moins de 72 % des 1627 personnes interrogées
ont affirmé être plutôt intéressées
par la science, contre 67 % par l'économie, 59 % par le
sport et 40 % par la politique. Seule la culture (77 %) attise
davantage l'intérêt. Toutes sciences confondues,
l'environnement (92 %) et la médecine (83 %) occupent le
sommet de la liste des champs d'intérêts des répondants.
Ces chiffres ont été dévoilés par
Hélène Tremblay, présidente du CST, lors
d'une table ronde présentée le 26 avril, au Salon
du livre de Québec, dans le cadre des Grandes Fêtes
de l'Université. Malgré leur engouement pour la
chose scientifique, seulement 58 % des Québécois
se sentent bien informés en sciences et technologie. Pour
la grande majorité des répondants (79 %), la télévision
constitue la principale source d'information scientifique. Viennent
ensuite les journaux et magazines généraux (55 %),
la radio (39 %), Internet (29 %) et les magazines spécialisés
(23 %). Par rapport à 1985, plus de Québécois
puisent leurs informations scientifiques à la télé
(+12 %) et dans les journaux (+16 %). La radio (-5 %) et les revues
de vulgarisation scientifique (-15 %) sont en perte de vitesse.
Avec le temps
Dans l'ensemble, les résultats de cette enquête
constituent une très bonne nouvelle, a lancé Hervé
Fischer, président de Science pour tous, un regroupement
d'organismes préoccupés par l'état de la
culture scientifique au Québec. "Comme les bonnes
nouvelles sont assez rares dans notre domaine, c'est très
encourageant. Je note, en particulier, le déficit de 14
points entre le niveau d'intérêt et le niveau d'information
des répondants dans le domaine des sciences. C'est clair,
les gens veulent recevoir davantage d'information relative à
la culture scientifique et technique. On sent que ça frémit,
qu'on s'apprête à sortir enfin de la boîte
noire."
Pour Danielle Ouellet, historienne des sciences et directrice
du magazine Découvrir, il a toujours été
évident que la culture scientifique faisait partie intégrante
de la culture générale. Mais, constate-t-elle, dans
les faits, la révolution technologique a creusé
un fossé important entre la culture et la science. "Pourtant,
la science est comparable, à plusieurs égards, à
la musique, au théâtre ou à la danse. Il y
a des créateurs, des moyens pour faire connaître
leurs oeuvres et, à l'autre bout, un auditoire."
À notre décharge, l'histoire de la science et de
la diffusion de la science est encore jeune au Québec,
poursuit-elle. Les scientifiques ont été les premiers
communicateurs de la science. Puis, dans les années 1950,
Fernand Seguin a fait entrer la science dans les salons par le
biais de la télévision. En 1977, une poignée
de mordus fondaient le premier regroupement de spécialistes
de la communication scientifique - l'Association des communicateurs
scientifiques du Québec; aujourd'hui, cette association
compte 150 membres.
"Je suis confiante qu'avec le temps, tout va s'arranger parce
que le Québec est assez riche en institutions de communication
scientifique, fait valoir Danielle Ouellet. Il faut commencer
avec les enfants. Lorsqu'un poste de chef de pupitre d'un grand
quotidien sera occupé par un ex-Petit Débrouillard,
il n'aura pas peur de voir arriver une nouvelle scientifique sur
le fil de presse!"
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