9 mai 2002 |
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Les temps changent, la vocation de certains bâtiments aussi. Prenez, par exemple, l'église Saint-Joseph dans le quartier Saint-Sauveur à Québec. Construit au début des années 1940, ce lieu de culte était fermé depuis l'automne 1998. Or, à la suite de son achat récent par un commerçant d'origine tunisienne, et grâce aux idées formulées par des étudiants et des étudiantes en architecture de l'Université Laval, le bâtiment rouvrira sous la forme d'une maison de la culture multiethnique. On y trouvera notamment une bibliothèque de recherche, une salle d'exposition et de démonstration d'activités artistiques traditionnelles, et une salle d'écoute de musiques du monde. Durant la session d'hiver, une quinzaine d'étudiants et d'étudiantes inscrits au cours "Atelier de design architectural" ont planché sur ce projet de conversion architecturale. Le thème général était: "Réhabilitation et recyclage". |
qui se développe sur les côtés et à l'arrière de l'ancienne église. Photo Marc Robitaille |
Le 30 avril à l'École d'architecture, ils ont
présenté le fruit de leurs efforts: des maquettes
détaillées, en plus d'une grande maquette dont
chacun avait réalisé une partie, des rendus infographiques,
des modélisations en trois dimensions et des schémas.
"J'avais fait les premiers contacts auprès des autorités
de la Ville pour connaître les possibilités au niveau
des églises désaffectées, rappelle la professeure
Claude Demers. L'église Saint-Joseph était intéressante
parce que l'espace principal de rassemblement était dépourvu
de colonnes. Elle offrait donc une certaine souplesse."
Au cours d'une rencontre, le nouveau propriétaire a invité
les étudiants et étudiantes à considérer,
dans leur réflexion, des aspects comme la lumière,
la chaleur, les couleurs, la musique, le goût, et même
les odeurs. "Augmentation de la lumière, espaces
vastes pour les rencontres ou activités diverses, il voulait
des idées, indique-t-elle. Les étudiants se sont
sentis libres d'interpréter la chose selon ce qu'ils saisissaient
du lieu. Cela a donné des résultats très
diversifiés et intéressants."
Une seconde vie
De la lumière, il y en a dans le projet de Julye Boucher.
D'abord, au niveau de la façade où un grand percement
vertical dans la tour clocher crée l'axe de lumière
qui illuminera la nef. Dans celle-ci, un lieu habituellement
sombre, une série d'éléments transparents
verticaux, suspendus dans l'espace, agissent comme réflecteurs
et redirigent la lumière sur les arches de la voûte.
"Le lien avec la nature est clair et fort, souligne Claude
Demers. Dans son avant-projet, l'étudiante avait synthétisé
une promenade d'hiver avec les effets de miroitement sur la neige
et la glace. Dans sa réflexion architecturale, elle fait
progresser la lumière de la nef jusqu'au choeur où
les couleurs qui se matérialisent rappellent l'aurore
boréale. À l'extérieur, de l'eau qui jaillit
du bâtiment, ce qui symbolise la fonte des glaces, vient
nourrir un espace vert."
Pour sa part, Annie Dubé fait un ajout important au bâtiment
d'origine. Elle imagine un espace habitable qui se développe
sur les côtés et à l'arrière de l'ancienne
église. Cette structure de deux étages, où
l'on peut se promener et consulter des livres, va en s'élargissant
vers le haut et offre à chacun des niveaux une vue sur
le quartier et sur la ville. "La réflexion de l'étudiante
est axée sur la rue et la vie urbaine, explique Claude
Demers. La structure offre une certaine visibilité à
l'ensemble sans toutefois altérer la composition intrinsèque
du bâtiment. L'intérieur de l'église a été
très peu altéré, de manière à
conserver l'esprit de l'espace d'origine. Mais ces ajouts, qui
vont accueillir les piétons, créent des extensions
extérieures pour faire place, par exemple, à une
petite scène de spectacles."
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