9 mai 2002 |
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Les projets d'étudiants en architecture exposés brièvement, la semaine dernière, au dernier étage du "complexe G", sont trop beaux pour se retrouver un jour dans le paysage bâti. Tout simplement parce que les étudiants au baccalauréat, cuvée 2001-2002, les ont conçus sans aucune contrainte de coûts. Le poste de douane, le centre d'interprétation des Iles de la Madeleine, le centre de séjour de longue durée pour les personnes âgées ou le siège social d'une entreprise de haute technologie resteront, à vie, à l'étape de plans et maquettes. |
Alexandre Frenière, à droite, explique à Jean-François Renaud son projet de centre de formation aux métiers de la foresterie à Forestville. Photo Marc Robitaille |
Cet exercice, réalisé à chaque fin de session par les futurs architectes, nous permet de rêver en toute liberté à ce que pourrait représenter un bâtiment ou des maisons vraiment intégrés à l'environnement, au service d'un usager enfin débarrassé des contingences financières.
Une constante se dégage parmi la vingtaine de projets
de construction ou de rénovation de bâtiments existants
exposés le 2 mai dernier à l'Observatoire de la
capitale: le souci de produire une construction se fondant le
plus harmonieusement possible dans le paysage alentour. Les maquettes
ou les plans des projets présentés mettent donc
l'accent sur l'utilisation du bois, de la pierre ou du verre,
tournant résolument le dos à la mode du béton
qui a longtemps prévalu. Autre caractéristique
commune: le souci d'offrir un bâtiment répondant
véritablement aux besoins des gens qui l'habitent, qu'il
s'agisse d'offrir un ensoleillement hivernal maximal dans une
cour intérieure, ou de faciliter les rencontres fortuites
entre chercheurs d'une entreprise.
L'un des projets, deuxième prix ex-aequo parmi
les récompenses décernées par les professeurs
de l'École d'architecture, met ainsi l'accent sur les
échanges à l'intérieur du bâtiment.
Jean-François Renaud a imaginé un nouveau bâtiment
de recherche pour l'entreprise Exfo, qu'il localise dans le quartier
Lebourgneuf, au bord d'une rivière. Son projet, tout de
verre vêtu, laisse une grande place aux espaces communs,
qu'il s'agisse du gymnase, de lieux de rencontres informels autour
d'un divan ou d'une machine à café, car selon lui
les meilleures idées jaillissent la plupart du temps hors
du bureau proprement dit.
Priorité aux personnes
Omar Bokar, finaliste aux Nations Unies pour un ensemble
d'habitations pour des personnes âgées en perte
d'autonomie ressemblant à de petites maisons, a lui aussi
beaucoup réfléchi aux circulations des habitants
à l'intérieur d'un bâtiment. "J'ai imaginé
des chambres qui ressemblent le plus possible à des résidences,
et surtout qui ne s'ouvrent pas sur un long corridor comme dans
un hôpital, explique ce finissant. En discutant avec des
personnes âgées qui vivent dans des CHSLD, j'ai
compris qu'elles ont parfois bien du mal à repérer
la porte de leur propre chambre." Il a voulu donc se rapprocher
le plus possible d'une maison familiale en concevant des unités
d'une dizaine de résidents possédant leur propre
salon et cuisine, à l'architecture très intégrée
dans le quartier résidentiel. Son jardin modèle
permet même des échanges entre les personnes âgées
et les jeunes familles, habitant à proximité, qui
traversent le terrain pour faire leurs emplettes.
Autre point commun de nombreux projets de finissants: l'intégration
de leur construction dans le paysage. Jacynthe Roberge, qui a
gagné le premier prix, a ainsi imaginé un poste
frontière commun pour les douaniers américains
et canadiens, bien loin des tristes cubes de béton gris
qui bordent tant de postes douaniers. "J'avais envie de
le concevoir avec du bois et du métal de chaque côté,
car le poste de Jackman dans la Beauce se situe dans la forêt,
explique t-elle. Cela peut lui donner un aspect chaleureux
et transformer cet arrêt obligatoire en halte de pique-nique."
Son bâtiment aux lignes déconstruites audacieuses
semble né de la rencontre entre deux plaques tectoniques,
comme si un bâtiment commun jaillissait littéralement
de la ligne frontière.
Alexandre Frenière, deuxième ex-aequo, a
lui aussi puisé une partie de son inspiration dans la
nature. Il a ainsi imaginé un centre de formation aux
métiers de la foresterie à Forestville dont la
structure prend des allures de forêt plantée, lorsqu'on
observe de loin les nombreux piliers de bois qui la composent.
Posé en plein bois, dominant une rivière tumultueuse,
le centre s'intègre parfaitement dans son environnement.
En regardant tous ces projets, on se prend à rêver
d'une architecture qui, dans l'avenir, pourra tirer les leçons
des travaux d'étudiants et se couler dans le paysage existant.
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