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25 avril 2002 ![]() |
La carte des gènes reliés à l'obésité
prend du poids! Il y aurait maintenant plus de 250 gènes,
marqueurs ou régions chromosomiques associés à
la prise de poids excessive, révèle la huitième
édition de la carte génétique de l'obésité,
dressée par un groupe canado-américain de spécialistes
du domaine, dont font partie les chercheurs Yvon C. Chagnon et
Louis Pérusse, de la Faculté de médecine.
La huitième édition de cette carte génétique,
publiée dans le numéro de mars de la revue Obesity
Research, révèle que 54 nouveaux locus (petits
segments d'ADN) intervenant dans l'obésité ont été
découverts entre les mois d'octobre 2000 et 2001. "La
plupart de ceux-ci proviennent d'études sur les animaux,
signale Louis Pérusse. Il y a un certain plafonnement dans
le nombre de gènes identifiés dans des études
impliquant des populations humaines."
La dernière version de cette carte montre que l'on s'éloigne,
rapidement mais sûrement, du scénario où un
petit nombre de gènes - et donc de cibles pour d'éventuels
médicaments - peuvent être pointés du doigt
pour expliquer l'obésité. "Ces 250 gènes
ne sont pas tous d'égale importance, précise cependant
Louis Pérusse. Il faut trouver la combinaison de gènes
importants qui conduit à l'obésité, mais
pour le moment, on ignore encore combien cette combinaison contient
de chiffres!" Curieusement, même si le nombre de gènes
augmente, le chercheur est persuadé que l'on se rapproche
de cibles moléculaires pour le traitement de l'obésité.
"Nous sommes devant un casse-tête complexe et nous
commençons à avoir une bonne idée des principaux
morceaux. Avec le temps, on va pouvoir identifier les morceaux
vraiment importants - et je crois qu'il en reste à trouver
- et écarter les autres."
Plus la liste des gènes reliés à l'obésité s'allonge, plus on se rapproche du petit cercle des vrais coupables, estiment des spécialistes de la Faculté de médecine
La carte 2001 révèle également que tous
les chromosomes portent des gènes liés à
l'obésité, exception faite du chromosome Y, propre
aux mâles. "Ça ne veut pas dire qu'il n'en contient
pas, précise Louis Pérusse. Les chercheurs ont tendance
à ne pas considérer les chromosomes X et Y, reliés
aux caractères sexuels, dans leurs études. La cause
des différences dans le type d'obésité des
hommes et des femmes se trouve probablement sur ces chromosomes."
La publication annuelle de cette carte est en voie de devenir
une tradition dans la communauté internationale de la recherche
sur l'obésité. "Nous avons commencé
l'exercice avec Claude Bouchard en 1994 alors qu'il était
à l'Université Laval, et nous l'avons poursuivi
avec lui après son départ pour la Louisiane, raconte
Louis Pérusse. La carte sert d'outil de références
et de répertoire d'information sur les gènes et
les maladies liées à l'obésité, principalement
pour la quarantaine de grands laboratoires qui travaillent sur
cette question à travers le monde. Elle permet aux chercheurs
de débroussailler les pistes prometteuses et d'être
plus efficaces dans la chasse aux gènes. Ce partage d'information
favorise les progrès de la science et, en bout de ligne,
c'est la population qui en profite."
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