25 avril 2002 |
UNE PAIX POSSIBLE AU PROCHE-ORIENT ?
C'est avec beaucoup de consternation et d'impuissance que
je constate les nombreux massacres commis quotidiennement contre
des vies humaines innocentes au Proche-Orient. En fait, le nombre
de victimes s'élève déjà à
plus de 1200 chez les Palestiniens et à quelque 400 chez
les Israéliens depuis le déclenchement du second
Intifada en septembre 2000. Aussi déplorables soient-ils,
les attentats-suicides sont des manifestations désespérées
d'un peuple longuement frustré politiquement et économiquement
et qui se retrouve confiné à ses derniers retranchements
face à l'intransigeance de l'extrême droite israélienne,
incarnée par Ariel Sharon. Il est bien facile de qualifier
les attentats comme étant des actes terroristes et barbares,
mais encore faut-il s'attaquer réellement aux causes mêmes
de la spirale de la violence qui afflige le Proche-Orient.
Au fait, quelles sont les alternatives qui se présentent
encore aux Palestiniens? Comment peuvent-ils faire face à
une armée disposant d'une écrasante supériorité
en armements: F16, hélicoptères blindés et
chars lourds? Enfin, que ferions-nous à la place des Palestiniens
dans une situation d'humiliation systématique, comme le
blocus des villes, les tirs contre des ambulances, la destruction
des maisons, la dévastation des plantations agricoles,
la dégradation de l'économie et l'atteinte aux droits
humains les plus fondamentaux? Ne serait-il simplement normal
de résister contre ses oppresseurs ?
En décembre 1987, l'Assemblée Générale
des Nations Unies adopta une résolution contre le terrorisme
(R. 42/159). Cependant cet instrument juridique mentionne clairement
- dans son paragraphe no. 14 - qu'il ne porte pas préjudice
au droit des peuples de combattre le colonialisme et de repousser
l'occupation armée étrangère. Or, pour ce
qui concerne la Palestine, cette légitime lutte de libération
nationale ne serait peut-être plus nécessaire si
trois principes fondamentaux étaient respectés:
1) Fin des massacres contre les Palestiniens; 2) Retrait total
des forces israéliennes des territoires palestiniens; et
3) Déploiement d'une force multinationale sous l'égide
de l'ONU en attendant le règlement définitif du
conflit et l'instauration d'un État palestinien, et ce
avec l'appui financier, logistique et surtout une bonne dose de
volonté politique de la communauté internationale.
LETTRE À MON PREMIER SURMINISTRE
M. Landry,
Dans les derniers mois, M. le Premier ministre, vous avez visé
- et misé sur - le centre de l'échiquier
politique souverainiste. Quelque part en quelque sorte entre le
chaud et le tiède. Non sans raison, non sans motifs articulés
et conséquents. Certes. Or effectivement, il faut en prendre
acte avec humilité, j'imagine, nous n'assistons pas aux
résultats escomptés ; résultats appelés
de vos voeux et espérés par vous et votre équipe,
bien sûr, mais au moins tout autant par les membres de la
grande famille de ces Québécois, nombreux quoique
fort discrets pour l'heure, dont la volonté de liberté
du peuple auquel ils appartiennent leur reste, envers et contre
tout, profondément, indubitablement et désespérément
chevillée au coeur. Ainsi qu'à leur science du destin.
De peuple "colonisé" à "quelque
chose comme un grand peuple", celui-là même
dont nous entretenait M. Lévesque il y a quelque vingt-cinq
ans, il semblerait hélas que nous soyons à nouveau
irrésistiblement séduits, comme entité collective
(en cela largement encouragés, il faut bien le dire, par
tous les Jean C rien et tous les Stéphane D paysé
du territoire, que l'Histoire d'ailleurs jugera avec grande sévérité)
par la première éventualité de l'alternative:
un peuple satisfait, voire heureux de sa complaisante sujétion
à une autorité étrangère, à
un autre peuple.
Bref, la tranquillité, le repos, la "sainte paix"
sinon "mon fric, mon char et Basta !" Peut-être
bien. Mais de dignité, point ! Dignité. Cette
qualité de l'âme qui distingue la Personnalité
des nations de l'indifférenciation de l'attroupement, qui
balise la Responsabilité des peuples par opposition à
l'égarement de la multitude, qui proclame la Noblesse du
Nous face à l'abrutissement du cheptel. Cela dit, M. Landry,
votre expérience et du politique et de la vie de manière
plus générale, ainsi que votre riche culture personnelle,
vous ont depuis long de temps, assurément, fait comprendre
combien les grandes personnalités, individuelles ou collectives
indifféremment, se révèlent d'abord et surtout
dans l'adversité.
Mon modeste soutien citoyen et mes respectueuses salutations,
M. le Premier ministre,
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