25 avril 2002 |
Le Centre hospitalier universitaire affilié de Québec,
qui regroupe les hôpitaux de l'Enfant-Jésus et du
Saint-Sacrement, ne dispose pas de l'ensemble des antidotes présumés
nécessaires dans les cas d'intoxication aiguë, et
la quantité des antidotes disponibles n'est pas toujours
suffisante.
Ces observations sont tirées d'une étude d'intervention
récente menée par Catherine Lesueur, étudiante
à la maîtrise en pharmacie d'hôpital, en collaboration
avec la professeure Jocelyne Moisan et Guy Monfette, pharmacien
à l'hôpital du Saint-Sacrement. Elle a présenté
les résultats de l'étude le 11 avril dernier au
pavillon Alphonse-Desjardins dans le cadre de la seconde édition
de la "Journée recherche" de la Faculté
de pharmacie. À cette occasion, un jury lui a décerné
une bourse d'une valeur de 500 dollars, gracieuseté de
Wal-Mart Canada (division pharmacie).
Un nouveau standard
L'étude d'intervention avait pour but principal de
tenter d'établir dans les deux hôpitaux un standard
qui réponde davantage aux besoins en matière d'antidotes.
Une recherche a permis d'identifier les vingt antidotes les plus
notés dans la littérature. On a ensuite mesuré
les antidotes disponibles dans les deux établissements
ainsi que leurs quantités, puis on a implanté un
guide d'utilisation. Six semaines après, et comparé
au standard des vingt substances identifiées dans la littérature,
le nombre d'antidotes manquants à l'hôpital du Saint-Sacrement
était demeuré le même, mais le nombre de substances
en quantité insuffisante avait diminué de huit à
deux. À l'hôpital de l'Enfant-Jésus, les antidotes
non disponibles étaient passés de quatre à
trois.
Cas nombreux, problèmes multiples
En l'an 2000, plus de 50 000 cas d'intoxication aiguë
ont été rapportés au Québec. Du nombre,
une trentaine provenaient de la Cité universitaire où
des étudiants et des employés avaient été
intoxiqués à l'arsenic après avoir bu du
café provenant d'une machine distributrice payante.
On peut s'intoxiquer de façon aiguë à toutes
sortes de produits, notamment à un métal lourd comme
le plomb, à l'antigel, ou à des médicaments
comme les analgésiques (Tylenol, etc.) ou les tranquillisants
(Valium, etc.). Comme le précise Catherine Lesueur, une
intoxication aiguë ne veut pas dire mortelle. "Les antidotes,
ajoute-t-elle, diminuent les besoins en ressources médicales
nécessaires pour guérir. Ils accélèrent
souvent la guérison parce qu'ils contrebalancent l'effet
du produit nocif." Ces contrepoisons ont pour noms alcool
éthylique, bleu de méthylène, chlorure de
calcium, etc. Il y aussi la vitamine K (phytonadione) qui intervient
lorsque le sang, rendu trop clair sous l'effet d'un médicament,
ne coagule plus assez rapidement.
Au Québec, presque tous les centres hospitaliers ont un
problème en termes de quantités et de variétés
d'antidotes. "Une étude réalisée en
1998 révèle que les établissements membres
de l'Association des hôpitaux du Québec n'avaient
en moyenne que trois antidotes en quantité adéquate,
sur une possibilité de treize", indique Catherine
Lesueur. Selon elle, il y a problème si on n'a pas l'antidote
pour traiter la personne intoxiquée et si on ne peut l'avoir
dans le temps réglementaire. "Parfois, dit-elle, il
en manque juste un peu. On peut alors se dépanner en demandant
aux centres hospitaliers avoisinants de nous prêter la quantité
manquante. Parfois, des ententes entre établissements pour
le prêt des produits manquants règlent le problème."
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