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18 avril 2002 ![]() |
il fait un temps de belle étoile
c'est un soir pareil à un chemin
qui n'en finit plus
je la reconnais à sa lumière
ta voix au bas de la fenêtre
le vent dans les feuilles
donne la parole aux arbres
les parfums de l'été coulent
dans l'incendie du regard
le sang assagit le souffle
la nuit a des soupirs
où vient mourir ta bouche sur mon cou
tes mains comme un vol de sarcelles
apprivoisent l'espace
le fleuve porte le sourire de la mer
déverse des parfums orangés
un sillon saigne la page
j'entends déjà le chant des moissonneurs
sous leurs regards étonnés
les paroles nous tombent des mains
tout un passé sort vivant
d'un écho oublié
plus loin que les rêves
plus loin que les lilas des visages
la vie éclate
printemps trop longtemps retenu
des souvenirs tristes installent
un temps de misère et de larmes
sans arrière songe
devant nous la main tendue au hasard
nous repoussons les hivers
jusqu'aux portes des eaux
au-delà des plus lointaines soifs
comme un chant germé de nos entrailles
naît un pays de recouvrance
un geste tranche la lumière
sur les murs des ombres s'animent
on entend les pas assoiffés de l'enfance
ces racines échappées de nos mains
des paroles meurtries ravivent
les détresses captives
nous habitons l'espace inoccupé
entre les rêves et les regrets
dans les tourbières de nos vies
un espoir se pose
nous sommes de ce pays
comme une main donnée
soif ouverte derrière chaque fenêtre
quelque part dans l'oreille
l'amour renaît d'un songe
sur les champs un nuage dérive
nous reprenons des airs lointains
à la traîne au fil de l'eau
pendant que le jour mal endormi
dessine sur les arbres des oiseaux
nous ramonons les volcans éteints
des tendresses anciennes
nous pensons aux nôtres
partis au nord de nos joies
des trous naissent
au creux de nos bras
la vie raccourcit ses sourires
nos curs s'inquiètent
aurions-nous oublié
des fenêtres ouvertes
nous entrons dans l'ombre
le jour s'écroule sous ses parfums
la lumière ferme les bras
nos voix se brisent
quel mal étrangle la vie
la nuit éteint les bruits
le fleuve attend
l'hésitation de ses branches
nous laissons la mer arrondir nos mains
tout coule dans la débâcle des voix
il faut sortir le silence des eaux
caresse évanouie
sous nos doigts
le jour s'est replié trop vite
le sommeil dérape
la neige pèse si lourd
au bord des étangs
dorment des mirages bleus
les terres rouillent les soifs
masquent les visages
notre amour a des relents de fatigue
les mille feux de tes yeux
bouleversent la nuit
jusqu'aux dernières rives
le temps remise
dans les remous des aurores
les secrets de nos âmes
un nuage verrouille les souvenirs
ne reste plus derrière nos pas
qu'une cendre incertaine
naît un monde transparent
en équilibre intime
les arbres vibrent
des mots se tissent au fond des visages
nous nous retrouvons cerfs apeurés
à boire l'eau du miroir
des bruits envahissent l'espace
les silhouettes se figent
le mystère installe ses branches
les phrases n'ont plus rien à dire
tout miroite dans une lumière noire
d'une main tremblante
nous refermons la porte
ce jour n'est plus qu'un souvenir
à graver dans les mots
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