11 avril 2002 |
Si l'argent ne pousse peut-être pas dans les arbres,
l'étude de la génomique des arbres peut néanmoins
rapporter beaucoup. Le chercheur John MacKay, du Centre de recherche
en biologie forestière (CRBF), est bien placé pour
le savoir puisque l'équipe canado-américaine qu'il
dirige vient de recevoir 4,4 millions de dollars de Génome
Canada pour identifier et caractériser la fonction des
gènes qui contrôlent les principales propriétés
économiques des arbres. La récolte pourrait même
doubler puisque Génome Québec songe à investir
une somme équivalente dans ce projet. Il faudra cependant
attendre encore quelques semaines pour connaître le montant
définitif avancé par l'organisme québécois.
Grâce à ces investissements répartis sur trois
ans, les chercheurs entendent mettre au point une plate-forme
d'analyse génomique des arbres qui permettra d'identifier
les gènes qui interviennent dans la formation du bois chez
l'épinette et le peuplier. Ils feront le même exercice
pour repérer les gènes qui règlent les mécanismes
de défense utilisés par le peuplier pour se protéger
des pathogènes et des insectes. "Le génome
des arbres compte entre 25 000 à 50 000 gènes, signale
John MacKay, mais seulement 10 % d'entre eux codent pour une protéine."
Indéterminé pour le moment, le nombre de gènes
impliqués dans la croissance du bois pourrait dépasser
4 000, estime-t-il. Quant aux gènes de protection, il laisse
tomber le chiffre de quelques centaines.
Des super-arbres?
"Les méthodes que nous allons mettre au point
grâce aux puces à ADN vont pouvoir être appliquées
aux autres espèces d'arbres et de plantes par la suite",
poursuit le chercheur. On devine que la piste de ces gènes
conduit à un véritable Eldorado pour l'industrie
forestière. Une connaissance approfondie des gènes
qui gouvernent, d'une part, la production du bois et, d'autre
part, les pertes de matière ligneuse laissent miroiter
la création d'arbres aux caractéristiques exceptionnelles
aux yeux des entreprises.
Génome Québec et Génome Canada sélectionnent
les projets dans lesquels ils investissent leurs billes en fonction
des recommandations de comités d'experts internationaux
en génomique et en recherche en éthique. Les propositions
sont évaluées, entre autres, sur la base de l'excellence
scientifique et de la réputation des chercheurs. Généticien
des arbres, John MacKay est professeur au Département des
sciences du bois et de la forêt depuis septembre 2001. Auparavant,
il a occupé pendant quatre ans un poste de professeur à
l'Institut des sciences et technologies du papier, situé
à Atlanta en Georgie. Pendant cette période, il
a participé à un vaste projet, similaire à
celui financé par Génome Canada, qui portait sur
la génomique fonctionnelle du pin.
Outre John MacKay, l'équipe qui mènera les travaux
est formée de cinq chercheurs principaux, dont Jean Bousquet,
Damase Khasa et Louis Bernier du CRBF. Dix collaborateurs, incluant
Jérôme Laroche, François Larochelle et Marc-André
Sirard, de l'Université Laval, complètent le groupe.
Les autres chercheurs proviennent de Forêts Canada, de l'Université
Carleton, de l'Université de la Colombie britannique, de
la North Carolina State University et de l'University of Minnesota.
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