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11 avril 2002 ![]() |
Sols dégradés, utilisation excessive de fertilisants,
détérioration de la qualité de l'eau, résidus
de pesticides présents dans l'environnement, odeurs et
dégradation de la qualité des paysages ruraux:
le portrait actuel de l'agriculture québécoise,
un secteur d'activité caractérisé de plus
en plus par l'industrialisation et la spécialisation des
fermes, n'est guère reluisant. Il existe toutefois des
pistes de solution à cette problématique complexe.
Les concepts d'"éco-conditionnalité" et
de "multifonctionnalité" de l'agriculture, ainsi
que la gestion de l'eau par bassin versant apparaissent aujourd'hui
comme des avenues prometteuses à explorer.
Les questions actuelles qui confrontent l'agriculture québécoise
ont été discutées le 22 mars dernier dans
le cadre d'un forum organisé par les étudiants et
professeurs de la Faculté des sciences de l'agriculture
et de l'alimentation. Présentée en collaboration
avec l'Union québécoise pour la conservation de
la nature (UQCN), la rencontre avait pour thème: "Pour
une contribution citoyenne à une agriculture durable: réflexions
et débats".
Repenser l'aide publique
L'"éco-conditionnalité" consiste à
repenser l'aide gouvernementale actuelle en fonction du respect
de règles et de mesures agroenvironnementales. Dans ce
cadre, l'aide publique encouragerait notamment ceux qui limitent
à la source l'utilisation d'engrais et de pesticides, qui
pratiquent la rotation des cultures et qui recyclent les lisiers
et fumiers produits. Le concept de "multifonctionnalité"
de l'agriculture vise, quant à lui, à valoriser
l'utilité sociale du producteur agricole. La fonction de
ce dernier ne se limite pas à produire des denrées
alimentaires. Elle englobe aussi des biens et services divers,
dont l'accueil à la ferme, la transformation à la
ferme de produits, et l'aménagement et l'entretien des
îlots boisés de sa propriété.
Les concepts d'"éco-conditionnalité" et de "multifonctionnalité" laissent entrevoir des solutions prometteuses aux problèmes de la ferme québécoise
En milieu rural, les conflits se sont multipliés au cours des dernières années entre ceux qui habitent le territoire et les producteurs agricoles. Dans ce contexte, la gestion de l'eau par bassin versant peut représenter un outil qui permette la reprise du dialogue entre les groupes locaux ou régionaux et les agriculteurs, le tout dans une vision commune de protection de l'eau. En territoire rural, cette ressource apparaît de plus en plus menacée. "Ce concept est rassembleur, soutient l'agronome Pierre Jobin, consultant à la Commission agriculture de l'UQCN. Il est plus motivant de s'impliquer pour protéger le cours d'eau qui passe au bout de la terre, ou dans le village, et que l'on connaît."
L'agriculture biologique à grande échelle
Christine Ouellette, agronome en certification biologique,
croit que l'agriculture biologique constitue une voie alternative
à privilégier. Les aliments certifiés "bio"
sont produits selon un cahier de charges très précis.
Du champ jusqu'à la comptabilité, tout est vérifié.
"Ce que je vois de l'évolution de ce secteur, dit-elle,
est qu'il va suivre à peu près les mêmes orientations
que l'agriculture classique, c'est-à-dire une production
de plus en plus intensive, mais sans produits chimiques."
Selon elle, on peut produire des aliments "bio" sains
à grande échelle. Sauf que les normes "bio"
risquent de baisser si la production devient trop intensive.
Selon le producteur piscicole et pomiculteur Jacques Paradis,
il est possible de parler de production agricole sans parler de
pollution. Ses installations de l'île d'Orléans produisent
dix tonnes de poissons par an. Les rejets dans l'environnement
s'avèrent pratiquement nuls grâce à un système
de filtres et de bassins qui traitent adéquatement les
rejets des poissons, lesquels contiennent beaucoup de phosphore.
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