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4 avril 2002 ![]() |
Le fossé qui sépare la théorie et la pratique
est rempli de conseillers matrimoniaux célibataires, d'économistes
endettés, de médecins fumeurs et de cordonniers
mal chaussés. On y trouve cependant bien peu de chercheurs
du Laboratoire des sciences de l'activité physique. Dans
cette équipe de recherche, la tête, le corps et le
coeur parlent un même langage, à un point tel que
le groupe tient des réunions, formellement convoquées,
tout en s'adonnant à la pratique d'une activité physique.
"On transpire et on crée", résume l'instigateur
de ces running meetings, Angelo Tremblay.
Lorsqu'elles se déroulent dans la salle d'entraînement
de la Clinique de kinésiologie du PEPS, ces réunions
regroupent régulièrement six membres de l'équipe
de recherche. "Certains utilisent les tapis roulants ou les
vélos stationnaires et d'autres font des étirements
sur les tapis", explique une adepte assidue et emballée
de ces réunions, l'étudiante-chercheure Mélanie
Jacqmain. "Lorsque les réunions ont lieu en courant
à l'extérieur, le groupe est un peu réduit."
L'origine de ces réunions date de près de 25 ans,
signale Angelo Tremblay. "Jean-Pierre Després (Sciences
de l'agriculture et de l'alimentation) et moi faisions de la course
compétitive à cette époque et nous étions
tous les deux chercheurs dans l'équipe de Claude Bouchard.
Souvent, pendant les entraînements, on parlait de nos travaux
et on réglait des problèmes. Plus tard, on a fait
la même chose avec Denis Richard (Médecine). De là
est née l'idée de tenir des réunions dans
un contexte autre qu'assis sur des chaises autour d'une table."
Pas d'ordre du jour
Ces réunions, d'une quarantaine de minutes, se déroulent
deux à trois fois par semaine à l'extérieur
et deux fois par mois à l'intérieur. "Il n'y
a pas d'ordre du jour formel, mais j'écris parfois dans
ma main les sujets que je veux absolument aborder avec mon directeur,
souligne Mélanie Jacqmain. Il est très occupé
et c'est souvent le seul moment où on peut discuter en
profondeur d'un sujet." Certaines barrières tombent
quand on se retrouve dans ces entraînements, poursuit-elle.
"On s'exprime plus naturellement et il y a des solutions
intéressantes et même des idées géniales
qui sortent des échanges. On dirait que l'exercice nous
stimule pour imaginer de nouvelles expériences ou pour
interpréter des résultats."
Les statistiques semblent lui donner raison. Selon l'Institute
for Scientific Information, Laval viendrait au 11e rang sur 7
483 institutions, quant à l'impact de ses travaux de recherche
sur l'obésité, pour la période 1991-2000.
"Bien sûr, notre succès n'est pas uniquement
attribuable à ces réunions, mais ça donne
un coup de main fantastique, estime Angelo Tremblay. Nous avons
un contact privilégié avec les étudiants,
malgré un horaire très chargé, dans un contexte
moins crêté où les idées sont exprimées
librement. C'est une plus-value au côté socialisant
du travail."
Le groupe caresse l'idée de convaincre d'autres membres
de la communauté universitaire - la haute direction notamment
- et même des entreprises de la région, de faire
l'expérience de ce type de réunions. "La salle
existe et l'équipement est en place au PEPS, alors pourquoi
pas?", lance Mélanie Jacqmain.
Et le plaisir de relaxer dans tout ça? "On parle d'actualités
et on rit aussi pendant ces réunions, objecte Angelo Tremblay.
Le concept ne vise pas à se priver du privilège
de se changer les idées, mais plutôt à redonner
un peu de place à l'activité physique dans un horaire
de travail exigeant qui nous phagocyte", précise-t-il,
en mettant fin à l'entretien. Le professeur devait filer
pour prendre part à un dernier running meeting avant
de sauter dans un avion pour Bangkok!
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