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4 avril 2002 ![]() |
En poste depuis deux mois, le nouveau ministre canadien des Affaires
étrangères, Bill Graham, croit que le Canada devient
un peu plus chaque jour un véritable pays des Amériques.
"Quand j'étais étudiant et plus tard comme
professeur de droit, dit-il, je considérais le Canada surtout
comme un pays de l'Atlantique Nord avec une vision vers l'Asie.
Puis, l'Accord de libre-échange nord-américain a
amené les Canadiens à investir beaucoup au Mexique.
Un million de touristes canadiens se rendent maintenant chaque
année dans ce pays."
Le lundi 25 mars, Bill Graham était de passage dans la
Cité universitaire pour s'entretenir avec les étudiants
et les membres de l'Institut québécois des hautes
études internationales. Dans la salle du Conseil de la
Faculté de droit, il a indiqué qu'un rapprochement
avec l'Amérique latine, un marché en émergence
de 800 millions de consommateurs, ne pourra faire autrement que
réduire la dépendance commerciale et politique du
Canada vis-à-vis des États-Unis. "Par la création
d'un système économique multilatéral fort
dans les Amériques, explique-t-il, nous aurions, comme
puissance moyenne, de meilleures chances de contraindre l'exercice
de puissance des États-Unis, leur unilatéralisme.
En conséquence, nous pourrions mieux faire valoir nos intérêts
et nos valeurs."
Des valeurs recherchées
Bill Graham représente une circonscription de Toronto
où il se parle 57 langues différentes. "Dans
ce comté, indique-t-il, il faut beaucoup de tolérance
et de désir de travailler ensemble. C'est ça que
nous avons maintenant au Canada. Pour moi, c'est une très
bonne illustration de nos valeurs." Selon lui, deux autres
valeurs caractérisent le Canada: deux langues officielles
de portée internationale et la présence des deux
plus importants systèmes juridiques au monde: le droit
civil et la common law. Aux yeux du ministre, le Québec
est particulièrement bien placé pour tirer profit
de l'ouverture canadienne sur l'Amérique latine et ce,
principalement pour des raisons de parenté linguistique
et juridique. Le Canada est très sollicité pour
agir comme médiateur, poursuit Bill Graham. "Nous
ne jugeons pas et les gens aiment ça, explique-t-il. Les
Algériens m'ont demandé de les aider à régler
leur problème de terrorisme. Nous allons si possible aider
les Sri Lankais dans le règlement de leur conflit."
Des initiatives canadiennes
Le prochain Sommet du G8 se tiendra en Alberta dans quelques
mois. Les chefs d'État ou de gouvernement des huit pays
les plus industrialisés du monde discuteront terrorisme,
croissance économique mondiale et partenariat pour le développement
en Afrique. Selon Bill Graham, il est urgent d'agir sur le continent
africain, dont les 600 millions d'habitants sont marginalisés
sur le plan économique. Le Canada, indique-t-il, a déjà
bougé avec la création d'un fonds d'aide de 500
millions de dollars. "Notre initiative, ajoute le ministre,
vise à tenter de faire du bien là où il est
possible de le faire. Pour cela, il faudra identifier des cibles,
par exemple au Botswana, où l'on peut réussir."
Selon lui, les attentats terroristes du 11 septembre dernier aux
États-Unis ont démontré que les sociétés
modernes ont besoin plus que jamais de mettre l'accent sur la
notion de sécurité humaine. Le Canada a avancé
une telle idée au cours des années 1990. Ce concept
vise à compléter la notion traditionnelle de sécurité
de l'État. Il se veut une réponse au terrorisme
qui, par définition, s'attaque à la stabilité
des sociétés et à la sécurité
des populations civiles.
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