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4 avril 2002 ![]() |
Pour favoriser un rapprochement entre les sociétés
occidentales et les mondes arabe et musulman, dans le but d'élaborer
une pensée humaine plus universelle, l'institution universitaire
doit apporter sa contribution par la mise sur pied de nouveaux
cours, chaires d'études et centres de recherche sur la
réalité des mondes arabe et musulman. Cette recommandation
était au coeur de la plénière du colloque
tenu les 21 et 22 mars dans la Cité universitaire sur le
thème "Regards autour des cultures arabes et musulmanes
- Quels défis pour l'université?".
Les participants et les participantes, pour la plupart des universitaires
du Québec et d'Afrique du Nord, représentaient notamment
l'Université Laval et l'Université de Montréal.
Leurs interventions ont permis de débusquer les préjugés,
défaire les mythes et réaffirmer les complémentarités
communes réelles entre les mondes occidental, arabe et
musulman. Leurs recommandations consistent, entre autres, à
implanter des cours de communication interculturelle, de culture
arabe ou de philosophie internationale. Sur le plan de la recherche,
les chaires ou les centres pourraient se consacrer, par exemple,
au Maghreb. D'ailleurs, des arrimages complémentaires entre
chercheurs maghrébins et québécois, au moyen
de programmes de recherche mutuels, ont été évoqués.
Un intérêt grandissant
La réalité complexe et méconnue des mondes
arabe et musulman suscite un intérêt grandissant
depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
On compte actuellement 1,2 milliard de musulmans sur la planète.
Du nombre, 200 millions sont arabes. Un professeur au Département
d'information et de communication, Jacques Lemieux, a participé
à l'atelier sur la modernité et les pouvoirs. Selon
lui, l'évolution des mondes arabe et musulman vers la modernité
implique certaines spécificités. "Les droits
de la personne, en particulier ceux de la femme, la désacralisation
de la société civile et les problèmes de
démocratie constituent les difficultés fondamentales
de modernité de ces sociétés, explique-t-il.
Quant au modèle occidental, si tant est qu'il y en ait
un, il n'est pas nécessairement exportable à cent
pour cent."
L'Université devrait contribuer davantage au rapprochement de l'Occident et des mondes arabe et musulman
Une étudiante au doctorat en sociologie à l'Université
de Montréal, Naima Bendris, a assisté à l'atelier
intitulé "Paroles de femmes". Il faut, selon
elle, maintenir un intérêt sur les mondes arabe et
musulman en dehors des situations de crise. Elle indique en outre
que les cours et les savoirs sur le sujet doivent être vidés
des contenus stéréotypés et des représentations
archaïques qui ne correspondent pas à la réalité
des femmes arabes d'aujourd'hui. "La recherche féministe,
poursuit-elle, doit accorder une place plus importante aux préoccupations
relatives aux femmes arabes ou musulmanes."
Des universités à l'écoute
À Montréal, où les immigrés en
provenance des pays arabes représentent maintenant d'importantes
communautés, les Universités de Montréal
et McGill se sont dotées respectivement d'un programme
d'études arabes et d'un Institut d'études arabes.
L'Université Laval, pour sa part, entretient des liens
privilégiés avec l'Afrique du Nord, comme en font
foi la vingtaine d'ententes institutionnelles signées avec
des établissements partenaires du Maroc et de la Tunisie.
Environ le quart des quelque 2 000 étudiants étrangers
inscrits à la session d'hiver proviennent de pays arabes
francophones. Trois groupes musulmans ainsi qu'un comité
islamo-chrétien sont actifs sur le campus. Enfin, un cours
de langue arabe est offert par l'École des langues vivantes.
Cela dit, le Département d'histoire, pourtant l'un des
plus importants au Canada, ne donne aucun cours sur le monde arabe.
Il n'y a pas non plus de cours sur la littérature arabe
francophone sur le campus, et Laval n'héberge aucun centre
de recherche sur la réalité arabo-musulmane.
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