21 mars 2002 |
Un nouveau test de diagnostic et un traitement inédit
de l'endométriose pourraient bientôt être disponibles
grâce aux progrès réalisés depuis un
an par une équipe de la Faculté de médecine.
Ali Akoum et ses collaborateurs du Centre de recherche de l'hôpital
Saint-Francois d'Assise ont identifié une protéine
présente chez les femmes normales, mais absente ou rare
chez les femmes souffrant d'endométriose. Cette protéine,
appelée IL-1RII, a pour seule fonction connue de contrecarrer
l'effet d'une autre protéine qui stimule la réaction
immunitaire de l'organisme. En absence de IL-1RII, le système
immunitaire surréagit, ce qui met en place le processus
qui conduit aux symptômes de l'endométriose: douleurs
pelviennes ou abdominales chroniques, saignements irréguliers
et même maux de dos ou problèmes intestinaux.
L'endométriose compte parmi les problèmes gynécologiques
les plus courants puisqu'elle touche jusqu'à 10 % des femmes
en âge de se reproduire. Elle est causée par la migration
de cellules de l'utérus vers la cavité abdominale
où elles s'implantent et se multiplient sur trompes, les
ovaires ou d'autres organes. Les cellules qui se retrouvent dans
la cavité abdominale provoquent une réaction inflammatoire,
explique Ali Akoum. Chez les femmes qui souffrent d'endométriose,
l'équilibre entre l'activation et la désactivation
du système immunitaire semble déréglé,
comme si elles n'avaient pas de commutateur pour mettre la réaction
du système immunitaire à "off", image-t-il.
La prolifération anarchique de tissus engendrée
par l'endométriose peut provoquer l'infertilité;
entre 40 % et 45 % des femmes infertiles souffriraient de cette
maladie. Lorsque l'endométriose est diagnostiquée
à un stade précoce, le traitement consiste à
détruire les lésions au laser lors d'une intervention
laparoscopique. À un stade plus avancé, il faut
bloquer la prolifération des cellules à l'aide d'hormones
ou procéder à l'ablation de l'utérus et des
ovaires, des solutions qui ne conviennent évidemment pas
aux patientes qui veulent avoir des enfants, souligne Ali Akoum.
Diagnostic et traitement
Au cours des derniers mois, l'équipe d'Ali Akoum a
successivement démontré que la protéine IL-1RII
est exprimée localement dans l'endomètre, que les
cellules des femmes qui souffrent d'endométriose produisent
peu ou pas de IL-1RII et que l'expression génique de la
protéine est problématique. "Il ne s'agit donc
pas d'une question de dégradation de la protéine,
précise le chercheur. Le problème est plus profond."
Ali Akoum entrevoit donc la possibilité de diagnostiquer
la maladie en mesurant la concentration de IL-1RII, à partir
d'une simple prise de sang, combinée à une biopsie
de l'endomètre. La même méthode pourrait servir
à effectuer un dépistage chez les personnes à
risque. Présentement, le diagnostic d'endométriose
nécessite une laparoscopie, réalisée sous
anesthésie générale. La méthode est
lourde, elle implique souvent un délai de plusieurs mois
et 40 % des laparoscopies sont non concluantes.
Mieux encore, Ali Akoum envisage la possibilité de traiter
les patientes en leur donnant la protéine déficiente.
"Nos études in vitro suggèrent qu'il y a possibilité
de rétablir l'équilibre, de calmer le système
immunitaire, par ajout de la protéine IL-1RII, affirme-t-il.
La protéine recombinante existe - elle a été
produite à d'autres fins -, et on pourrait l'utiliser contre
l'endométriose."
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