21 mars 2002 |
Bientôt, le premier ministre et le ministre de la Justice
du Québec proposeront à l'Assemblée nationale
un projet de loi visant à encadrer de façon plus
sévère les activités des lobbyistes au Québec.
Le lobbying est cette activité vieille de plusieurs siècles
qui consiste à chercher à influencer les décisions
de celui ou de celle qui détient une charge publique. Selon
Nicole Lacasse, professeure de droit au Département de
management de l'Université Laval et titulaire de la Chaire
Stephen-Jarislowsky en gestion des affaires internationales, les
actuelles lois sur le lobbying doivent être améliorées
sur les plans de la transparence, du contrôle des pratiques
et de l'application des grands principes d'intégrité.
"Il faut, dit-elle, penser à mettre en place des plafonds
légaux pour les dépenses de lobbying, établir
des sanctions précises en cas de non-respect des principes
établis, et définir des règles éthiques
et déontologiques qui, en parallèle, imposent aux
titulaires de charge publique une conduite intègre les
amenant à faire passer l'intérêt public avant
tout."
Le mercredi 13 mars, Nicole Lacasse était l'un des conférenciers
invités à un colloque sur le lobbying d'affaires,
un événement qui s'est tenu au pavillon La Laurentienne
dans le cadre des activités de la Chaire Stephen-Jarislowsky.
Le thème de la rencontre était: "Lobbying d'affaires:
nouvelles tendances et stratégies". Mentionnons que
l'Université Laval, conjointement avec l'Institut d'études
politiques de Bordeaux, en France, offrira à compter de
la session d'automne un diplôme d'études supérieures
en Affaires publiques et représentation des intérêts.
Une image nouvelle
Dans la population, le lobbying traîne avec lui une
image suspecte. On lui associe à tort le trafic d'influence
et la corruption, et on le perçoit comme du travail de
coulisses en fonction des intérêts de puissantes
entreprises. Or, ce type particulier d'activité a évolué.
Des lois, dans certains pays comme le Canada, encadrent la pratique
du lobbying et lui donnent une légitimité claire.
Petites entreprises, associations professionnelles, syndicats,
organisations sans but lucratif, citoyens, etc., la clientèle
des lobbyistes s'est considérablement élargie depuis
les années 1980. L'"explosion associative" dans
les sociétés modernes fait dire à Raymond
Hudon, professeur au Département de science politique de
l'Université Laval, que ce phénomène replacerait
la démocratie "dans le bon sens", en privilégiant
le mouvement de bas en haut de la pyramide sociale. "Nous
sommes, dit-il, en train d'assister à une potentielle revanche
de la société civile sur les pouvoirs politiques
institués."
À l'heure actuelle, le lobby le plus influent aux États-Unis
est l'Association américaine des personnes retraitées,
avec 33 millions de membres et 22 lobbyistes accrédités
au Congrès. "La question n'est pas de savoir qui fait
du lobbying, mais qui n'en fait pas", souligne Terry Carr,
vice-présidente d'Edelman Public Relations Worldwide, une
firme de Washington. Dans cette ville, il se dépense chaque
année quelque 1,45 milliard de dollars US en activités
de lobbying, une tâche remplie par plus de 12 000 lobbyistes
accrédités. Dans l'actuel litige canado-américain
sur le bois d'oeuvre, le Conseil du libre-échange pour
le bois d'oeuvre représente 80 compagnies et quatre associations
du Canada. "Notre défi, précise son vice-président
exécutif et directeur général, Carl Grenier,
consiste à unifier l'industrie, à convaincre le
gouvernement du Canada de ne pas céder aux demandes américaines,
à développer des alliés aux États-Unis
et à monter une base politique crédible."
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