21 mars 2002 |
Dix finissantes et finissants à la maîtrise
en arts visuels proposent une ode au printemps forte de regards
personnels prometteurs
S'il fallait choisir un seul mot pour qualifier l'exposition qui
regroupe les oeuvres des étudiants en maîtrise en
arts visuels, ce serait certainement la variété.
Faisant fi des courants, des modes ou des écoles de pensée,
chacun des dix exposants a choisi de laisser ses thèmes
de recherche personnels éclater sur la toile, le bois,
le métal, le papier photo ou les entrelacs de branches
d'arbre, selon le médium choisi. Volontairement, le groupe
a opté pour un montage aéré, laissant les
oeuvres prendre leur place au sein de la Galerie des arts visuels.
Plusieurs des oeuvres exposées témoignent du goût de certains étudiants pour le travail de la matière, un travail qui requiert dans certains cas la maîtrise de techniques sophistiquées. Jean-Sébastien Fortin, qui a découvert le travail du métal au cégep, produit ainsi depuis peu d'imposantes sculptures mariant bronze et acier, où les étapes de fabrication du moulage au coulage du bronze, jusqu'au polissage, sont nombreuses. "J'aime beaucoup le contraste entre l'aspect poli du bronze, et le côté brut de l'acier, explique-t-il l'il brillant. J'ai réussi à obtenir des subventions pour pouvoir couler des pièces de grand format, car cela revient extrêmement cher." Inspiré par les figures mythologiques, le jeune sculpteur donne vie à des créatures aux allures démoniaques, qui oscillent entre la beauté pure et la laideur repoussante.
La rage du bois
Isabel Pruneau aime également le contact avec la matière
brute, dans son cas des madriers de quatre pouces sur huit pouces,
utilisés généralement en construction, qu'elle
aligne l'un en dessous de l'autre pour qu'ils forment un tableau.
"Je peins dessus, mais j'emploie aussi la sableuse pour les
poncer ou altérer certaines parties, précise-t-elle.
Je travaille un peu en référence au mouvement minimaliste
des années 70 pour le rapport très sobre à
la ligne, mais ce n'est pas aussi pur et parfait." Ces ensembles
de lignes de bois peuvent donc s'apprécier aussi bien de
loin pour l'effet presque architectural qu'ils procurent, que
de très proche afin de saisir ce bout d'écriture
transférée à l'envers sur une des poutres.
L'immense théière en acier tressé de Laurent Gagnon, qui jouxte son oeuvre, produit une impression visuelle un peu analogue. De loin, elle ressemble à ces figures d'objets modélisés sur ordinateur très high tech, tandis que le maillage très fin de lignes d'acier entrelacées rappelle les oeuvres artisanales d'un autre temps. Le gigantesque nid en bois d'épave tressé de Mélanie Vallerand témoigne également de cet amour des étudiants de la maîtrise en arts visuels pour la matière, la nature semblant être une source d'inspiration très populaire. Témoins, les clichés grands formats de Jean-François Côté qui donnent littéralement envie au visiteur de se noyer dans le ciel. "Le bleu me séduit par sa lumière et le climat qu'il dégage, précise l'étudiant. J'ai eu envie de retrouver une qualité de l'image, en laissant de côté les traitements infographiques." Très intéressé par la vidéo, l'artiste a décidé de revenir à la photo le temps d'une exposition car les contraintes d'espace l'obligeaient à opter pour ce médium. Un choix qui lui a permis de redécouvrir la beauté matérielle de l'image fixe, et peut-être d'explorer bientôt de nouvelles pistes de création.
Pour les finissants en arts visuels, le travail de recherche ne fait en effet que commencer. Comment le fait remarquer Jean-Sébastien Fortin, "lorsque la machine créatrice est mise en branle, elle ne veut plus s'arrêter. Tu ne peux pas mettre tes tripes à off!" L'exposition "Le mars de la maîtrise se poursuit jusqu'au 24 mars à la Galerie des arts visuels, à l'Edifice de la fabrique, 255, boulevard Charest Est.
PASCALE GUÉRICOLAS
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