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14 mars 2002 ![]() |
Agir ensemble dans le domaine de la recherche et de la création, c'est reconnaître le rôle incontournable et les besoins de ces femmes et de ces hommes sans qui le plus ronflant des discours à propos des nécessités de l'innovation ne serait que mirage. En recherche et en création, comme ailleurs à l'Université, il faut redonner la priorité aux personnes, redonner la priorité à nos artisans.
Il faut le reconnaître, ces artisans ont été très productifs au cours de la dernière décennie. Selon le classement Maclean's des universités canadiennes, les professeurs de Laval sont 6e sur 15 en recherche dans les domaines des sciences humaines et sociales, 7e sur 15 dans les champs associés aux sciences naturelles et biomédicales. Le recrutement de ces artisans et l'appui constant qui doit leur être assuré sont les leviers essentiels à la poursuite de cette tradition d'excellence en recherche.
Il est clair que le monde de la recherche et de la création est en rapide évolution. Plus que jamais les signaux sont convergents de la part des grands organismes subventionnaires, des entreprises et des gouvernements : partenariats, recherche contextualisée, pertinence économique et sociale, contribution au bien-être des sociétés québécoises et canadiennes sont les mots-clés de la nouvelle recherche. Au discours de l'évaluation par les pairs se superposent celui de la pertinence, celui des enveloppes ciblées. C'est le discours central de la Politique québécoise de la science et de l'innovation et de la nouvelle Stratégie sur l'innovation du gouvernement canadien.
L'Université Laval a bien su s'adapter à cette nouvelle réalité, comme le démontrent nos récents succès. J'en suis très fier et je prends l'engagement d'appuyer tous les efforts que les chercheurs de l'Université Laval feront pour s'inscrire dans les grandes initiatives de recherche au Québec, au Canada et à l'international.
La place de la recherche à l'Université Laval
Notre mission de formation, d'innovation et de service nous impose déjà de nous demander comment formation et recherche pourront continuer à vivre en harmonie dans le quotidien de chacun des artisans de la recherche et de la création. Comment la recherche et la formation s'inscrivent-elles dans la tâche de chacun? Quels signaux devons-nous donner aux nouveaux professeurs que nous recrutons lorsqu'ils vivent l'action au quotidien avec, à l'arrière-plan, nos critères de promotion? Comment faire concorder appui aux étudiants aux cycles supérieurs et recherche? Comment nos indicateurs de productivité en recherche tiendraient-ils si le dollar de recherche n'existait plus? Voilà plusieurs questions que nous nous engageons à poser et à débattre ensemble.
J'entends également nous amener à réfléchir ensemble sur l'impact de la nouvelle réalité du financement de la recherche sur le tissu universitaire même. Le sous-financement chronique de la recherche dans le domaine des sciences humaines et sociales ainsi que dans le domaine de la création a certes des incidences sur l'activité de recherche en elle-même, mais en a également sur l'existence même de certains secteurs qui n'ont que peu ou pas accès aux programmes d'appui aux grandes initiatives de recherche, d'appui au recrutement et à la rétention de chercheurs, d'appui aux grandes infrastructures de recherche.
Fidèle à sa tradition, l'Université Laval ne rejette pas les nouveaux langages. Elle ne devrait cependant pas s'y soumettre aveuglément. Les grandes orientations de l'Université, notamment en ce qui a trait au renouvellement du corps professoral, doivent continuer à être définies à l'interne et en toute transparence. Nous devons tous accueillir volontiers les nuances qui feront que notre action " vise autant l'amélioration de l'équité sociale et de l'efficacité économique que la protection de l'environnement ", pour reprendre les termes de la Politique québécoise sur la science et l'innovation, et n'occulte en rien la riche tradition humaniste qui caractérise notre université.
Nous disons que ce qui démarque la recherche universitaire d'une autre recherche d'excellente qualité qui peut se poursuivre en contexte non universitaire, c'est son arrimage à la mission de formation. Les tâches d'enseignement et de recherche paraissent parfois s'opposer dans la vie des départements et dans la carrière académique des professeurs. Mais il faut se convaincre de l'importance de la recherche comme moyen d'enrichir et de supporter la formation des étudiants. Dans le choix de nos priorités, cette fonction de support à l'enseignement constituera un choix privilégié.
Une gestion en appui aux premiers artisans de la recherche et de la création
La gestion de la recherche à l'université est souvent perçue comme se faisant de haut en bas, à distance des unités et des chercheurs; un effort important s'impose pour établir cette gestion sur des rapports de collégialité. Ces rapports pourront se développer en maximisant la communication. Une gestion décentralisée intégrant des éléments du projet de réingénierie de la gestion de la recherche proposé en 1994 devrait être poursuivie. Cette décentralisation devrait conduire à la mise en place d'un véritable réseau de gestion, avec une répartition bien définie des fonctions qui respectera le domaine d'intervention assigné et l'expertise de chacun.
En ce sens je propose que :
- Le Vice-rectorat à la recherche se concentre de plus en plus sur la gestion stratégique de la recherche. Une part majeure du travail du Vice-rectorat devrait en effet être consacrée aux communications et aux relations avec les partenaires ainsi qu'à la promotion des chercheurs de l'Université Laval avec l'appui d'une équipe de conseillers experts dans des domaines comme la gestion des brevets, la propriété intellectuelle, l'éthique, ou l'entrepreneuriat.
- Pour rendre la gestion opérationnelle plus efficace, il nous faut poursuivre l'opération de décentralisation amorcée en 1994 et qui s'est limitée à quatre facultés. Rapprocher le gestionnaire du chercheur représente la voie à suivre pour améliorer les communications, accélérer les procédures et développer une culture de gestion où l'accent sera mis sur le support aux chercheurs plutôt que sur le contrôle. En même temps, les gestionnaires des facultés devront être étroitement reliés entre eux et avec le Vice-rectorat pour former un véritable réseau intégré de gestion.
La propriété intellectuelle
La question de la propriété intellectuelle a fait l'objet de débats parfois acrimonieux depuis trop longtemps à l'Université Laval. Ce problème sensible n'est pourtant pas insoluble. La situation bloquée que nous connaissons nous semble résulter de problèmes d'attitude et d'approche. Nul ne saurait nier la légitimité de notre institution à revendiquer sa part de propriété dans toutes les oeuvres et découvertes émanant de ses professeurs. Mais l'Université devra s'appliquer aussi à reconnaître les droits de ses chercheurs sans qui rien n'est jamais trouvé.
- Nous proposerons d'établir une politique de propriété intellectuelle basée sur le partage avec tous ceux qui contribuent à la créer. Privilégier l'information, reconnaître l'apport inventif des professeurs, établir des principes de partage équitables et transparents des retombées sont quelques-unes des avenues à suivre pour résoudre cette question.
La valorisation des découvertes et les partenariats
La valorisation des découvertes et l'établissement des nombreux partenariats constituent les deux éléments qui ont le plus bouleversé le paradigme traditionnel de la recherche universitaire. L'Université Laval a commencé à mettre en place des structures de valorisation mais il reste beaucoup à faire. Dans le monde très compétitif de la recherche et de l'industrie privée, toute nouvelle découverte est un bien périssable, comme l'épicerie! Quand on outrepasse un certain délai, la péremption est assurée et toute valeur envolée ou fortement compromise. Dans un tel contexte, je veux que :
- Nous nous organisions en fonction des meilleures pratiques en la matière en visant la vitesse d'exécution, la simplification des procédures et l'efficience administrative. Ce sont des atouts essentiels pour une gestion efficace.
Un appui particulier aux revues scientifiques et à l'édition savante
L'Université Laval, comme d'autres universités d'ailleurs, a eu tendance à négliger, ces dernières années, l'importance de l'édition et des revues scientifiques dans la configuration générale de la recherche et de la création. Pourtant, dans l'intérêt des chercheurs et des créateurs, la diffusion est une dimension absolument incontournable. Dans le domaine des sciences humaines et sociales, l'Université Laval, avec une vingtaine de revues, est un leader mondial de l'édition scientifique de langue française. Dans la foulée des coupures budgétaires et de la redéfinition de leurs priorités, les organismes subventionnaires ont beaucoup réduit leur appui aux revues savantes. Vu sa place dans le réseau de l'Agence universitaire francophone, et pour conserver ce qui fait son originalité dans l'enseignement supérieur en Amérique, l'Université Laval doit instaurer des mesures plus généreuses d'appui aux revues scientifiques et à l'édition savante sous toutes ses formes, incluant les voies électroniques.
En ce sens, je propose :
- Qu'avec la Bibliothèque, les Presses de l'Université Laval, Intello.ca et nos chercheurs nous étudiions ensemble des solutions pour mettre en réseau les revues scientifiques à Laval et leur offrir un soutien logistique accru pour ainsi bonifier et rationaliser leurs opérations.
Révision de la gouvernance de la recherche dans les sciences de la santé
La recherche en santé à l'Université Laval s'est déplacée progressivement, depuis 25 ans, du campus vers les établissements du réseau de la santé. Ce mouvement a été général en Amérique du Nord. La recherche dans ce secteur est importante : son financement représente environ 50% du budget total de la recherche de l'Université.
Les chercheurs sont regroupés, pour plus de 90%, dans des centres de recherche hospitaliers. Cet éloignement physique et moral complique souvent les relations avec l'Université. Je propose que :
- Nous revoyions la gouvernance de ces ensembles triangulaires - centre hospitalier, faculté, université- au milieu desquels se situent les chercheurs. Le Fonds de recherche en santé du Québec ne serait probablement pas opposé à participer à une réflexion sur le sujet.
En attendant des mesures structurantes, l'effort de décentralisation de la gestion opérationnelle devra s'étendre en priorité aux principaux centres de recherche hors campus.
Plan d'action de la recherche
Le Vice-rectorat à la recherche (VRR) révisera son fonctionnement sur les points qui suivent.
Le VRR développera la gestion stratégique de la recherche.
- Par la facilitation des communications et des relations entre
les chercheurs et leurs partenaires,
- Par la promotion des chercheurs de l'Université Laval,
- Par la mise au service des chercheurs d'une équipe de
conseillers experts dans des domaines comme la gestion des brevets,
la propriété intellectuelle, l'éthique, l'entrepreneuriat.
Le VRR rendra plus efficace sa gestion opérationnelle.
Il poursuivra l'opération de décentralisation amorcée en 1994 et qui s'est limitée à quatre facultés. Plus particulièrement, les mesures viseront à :
- Rapprocher le gestionnaire du chercheur en vue :
- d'améliorer les communications,
- d'accélérer les procédures.
- Développer une culture de gestion qui place l'accent
sur :
- l'appui aux chercheurs plutôt que sur le contrôle.
- la mise en fonction d'un réseau intégré
de gestion qui relie étroitement les gestionnaires des
facultés entre eux et avec le Vice-rectorat
Le VRR établira une politique de propriété
intellectuelle basée sur le partage avec tous ceux qui
contribuent à la créer.
Parmi d'autres, voici quelques-unes des avenues à suivre
pour résoudre cette question :
- Privilégier l'information,
- Reconnaître l'apport inventif des professeurs,
- Établir des principes équitables et transparents
de partage des retombées des oeuvres et découvertes.
Le VRR insistera davantage sur la valorisation des découvertes.
Le monde très compétitif de la recherche et de l'industrie exige la mise en marché rapide des découvertes. Il faudra privilégier, dans leur mise en valeur :
- la vitesse d'exécution,
- la simplification des procédures,
- l'efficience administrative.
Le VRR devra assurer un appui particulier aux revues scientifiques et à l'édition savante.
Le VRR, avec la Bibliothèque, les Presses de l'Université Laval, Intello.ca et les chercheurs, prendra les moyens pour épauler les revues scientifiques et l'édition savante :
- Par la mise en réseau des revues scientifiques à
Laval,
- Par un soutien logistique accru à l'édition savante,
- Par une aide à la diffusion.
Le VRR, avec les partenaires (centres hospitaliers, facultés, chercheurs), révisera la gouvernance de la recherche dans les sciences de la santé.
- En attendant cette révision, l'effort de décentralisation
de la gestion opérationnelle devra s'étendre en
priorité aux principaux centres de recherche hors campus.
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