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7 mars 2002 ![]() |
La vaccination contre la poliomyélite, la diphtérie,
le tétanos et même la grippe réduirait le
risque de souffrir un jour de la maladie d'Alzheimer, suggère
une étude menée auprès de quelque 4 000 Canadiens
âgés de plus de 65 ans. Selon les auteurs de l'étude,
le risque d'être atteint d'Alzheimer est quatre fois plus
faible chez les personnes qui ont déjà reçu
le vaccin contre la diphtérie ou le tétanos que
chez les personnes non vaccinées. Chez les personnes vaccinées
contre la poliomyélite, ce risque est trois fois plus faible.
Même lorsque les effets de l'âge, du sexe et de la
scolarité sont pris en considération dans les analyses,
les risques de maladie d'Alzheimer chez les personnes qui ont
reçu le vaccin diphtérie/tétanos, celui de
la polio et celui de la grippe sont respectivement 60 %, 40 %
et 25 % plus faibles que chez les personnes non vaccinées.
Ces étonnants constats sont publiés dans un récent
numéro du Journal de l'Association médicale canadienne,
par René Verreault, Danielle Laurin et Gaston De Serres,
de la Faculté de médecine de l'Université
Laval, et par leur collègue Joan Lindsay de l'Université
d'Ottawa.
Comment expliquer l'association entre la vaccination contre ces
maladies et la maladie d'Alzheimer? "C'est la grande question.
Nous avons des hypothèses, mais aucune certitude, répond
René Verreault. Pour le moment, on ne peut affirmer haut
et fort que la vaccination prévient la maladie d'Alzheimer.
Cependant, notre étude est la première qui établit
un lien entre la vaccination et le risque d'Alzheimer et elle
nous indique que ça vaut la peine de poursuivre les recherches
dans cette direction."
Malgré plusieurs années de recherche, la cause exacte
de la maladie d'Alzheimer demeure encore inconnue, quoique la
filière "immunité" revienne régulièrement
sur le tapis. Une hypothèse voudrait que des maladies plus
fréquentes au début du 20e siècle, comme
le tétanos et la diphtérie, soient associées
à certaines formes de démence de sorte que la vaccination
réduirait ce facteur de risque. Une autre hypothèse
suggère tout simplement que la vaccination stimule le système
immunitaire, ce qui augmente la protection contre les attaques
des autres agents infectieux. "Il y a beaucoup d'hypothèses
qui circulent et ce sont toutes des idées intéressantes,
souligne René Verreault. Malheureusement, c'est aussi le
signe que nous ne possédons pas encore de bonnes données
de base pour étudier cette maladie."
Cette situation est heureusement en voie de changer. Les données
qui ont servi aux chercheurs à établir le lien entre
les vaccins et la maladie d'Alzheimer proviennent des cinq premières
années de l'étude sur la santé et le vieillissement
au Canada. En 1991, environ 10 000 Canadiens bien portants, âgés
de 65 ans et plus, ont été recrutés pour
cette étude à long terme. Ils sont évalués
périodiquement afin d'identifier les facteurs qui contribuent
à l'apparition de certaines formes de démence comme
l'Alzheimer. Les données du suivi des sujets après
10 ans seront bientôt analysées, ce qui pourrait
donner de meilleures indications sur les facteurs associés
à l'apparition des divers types de maladies dégénératives
chez les personnes âgées, soutient René Verreault.
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