7 mars 2002 |
III LA FORMATION INITIALE
L'avenir d'une grande université comme la nôtre dépend
de sa capacité d'appuyer son action sur un premier cycle
dynamique, adapté, et apte à attirer les meilleurs
étudiants. À ce chapitre, l'Université Laval
occupe aujourd'hui une place distincte sur la scène québécoise.
Au cours des cinq prochaines années, qui seront marquées
par un développement dans la foulée du réinvestissement
public, nous devrons consolider nos acquis et ouvrir de nouvelles
pistes pour accroître la qualité et la pertinence
de nos programmes de premier cycle. Je présente dans
ce qui suit, les pistes d'action que je propose à cette
fin.
1- Le renforcement des actions entreprises au premier
cycle
La période 1997-2002 a connu de nombreuses actions visant
à améliorer la formation au premier cycle : reconfiguration
des programmes incluant l'ouverture sur d'autres disciplines,
internationalisation de la formation et développement des
habiletés personnelles, mise sur pied de programmes intégrés,
de profils dans les programmes et de DEC-Bac, présence
accrue des NTIC dans l'offre de formation, progrès notable
dans la systématisation de l'évaluation de l'enseignement.
Ces actions ont permis de situer l'Université Laval à
l'avant-garde en termes de pertinence et de qualité de
ses programmes, illustrées par des taux de diplomation
parmi les meilleurs au Québec. Elles doivent être
poursuivies pour nous permettre d'en tirer le plein bénéfice.
À cet égard, nous devons poursuivre :
- la création de nouveaux baccalauréats intégrés
pour mieux répondre aux besoins de formation multidisciplinaire;
- l'intensification des partenariats avec les Cégeps pour
créer d'autres DEC-Bac;
- la création de " profils coopératifs
" pour accroître la qualité de la formation
professionnelle dans certains programmes;
- la mise en oeuvre, par les facultés, de programmes
d'intégration et de suivi des nouveaux étudiants
suivant les modèles élaborés dans quelques
facultés.
Par ailleurs, nous renforcerons le suivi des évaluations
de l'enseignement, notamment par des rencontres trimestrielles
des directeurs de département avec les comités de
programme.
Enfin, je propose la création d'un budget de 200
000 $ pour permettre aux professeurs de consacrer du temps à
la préparation de matériel pédagogique multimédia.
2- Un accent sur une langue française de qualité
et une ouverture à d'autres langues
L'Université Laval est la première institution de
langue française en Amérique et un leader dans la
francophonie canadienne et internationale. Sa tradition et sa
place actuelle au Québec, au Canada et dans le monde, lui
imposent une responsabilité particulière dans la
protection et la mise en valeur du français et de ses cultures.
Elle doit donc affirmer sa mission d'enseignement en français
et se préoccuper de la qualité, tant orale qu'écrite,
de la langue pratiquée par ses étudiants, ses enseignants
et dans toutes ses communications. Nous prendrons des moyens
appropriés pour que l'Université Laval devienne
un modèle au plan de la qualité du français.
Ceci dit, un diplômé universitaire se doit, aujourd'hui,
de maîtriser une ou plusieurs langues étrangères,
l'anglais au premier chef, mais d'autres langues aussi. Notre
" Profil international " nous permet de répondre
en partie à cette exigence, mais nous devrons mettre
en place des moyens pour que tous nos diplômés maîtrisent
une langue étrangère.
3- Une approche nouvelle à la formation de diplômés
engagés dans la société
Suivant les recommandations de la Commission d'orientation, nous
avons pris des mesures pour "élargir les programmes
de façon à ce qu'ils visent le développement
d'habiletés essentielles qui feront des diplômés
de premier cycle des citoyens à l'esprit ouvert, autonomes,
ayant le sens critique et le réflexe d'une quête
continue du savoir, capables de contribuer à l'évolution
de leur milieu et de la société dans son ensemble
". L'introduction dans nos programmes de 15 crédits
de formation dans un autre domaine du savoir et le renforcement
de la formation personnelle dans nombre de nos cours constituent
des moyens importants pour atteindre cet objectif, mais il me
semble nécessaire de faire plus.
Pour réaliser pleinement notre mission " de développement
de la société par la formation de personnes compétentes,
responsables, et promotrices de changement ", nous devons
offrir à nos étudiants et étudiantes la possibilité
d'aller au-delà de la formation spécialisée
offerte par nos programmes disciplinaires. Je propose donc
la mise sur pied d'un programme visant la formation de citoyens
engagés dans leur société et ouverts aux
problèmes complexes du monde. Conçu sur le modèle
des " King's College Associates " existant au King's
College de Londres, ce programme optionnel et complémentaire
à nos programmes réguliers, offrirait à chaque
session une série de grandes conférences, par nos
professeurs ou des experts invités, sur des questions d'ordre
culturel, économique, philosophique, politique, religieux,
scientifique ou social qui préoccupent notre société
et le monde entier. Les " Chaires publiques de l'ÆLIÉS
" pourraient y contribuer. Ce programme pourrait inclure
un stage pratique sous la forme d'un projet d'implication des
étudiants sur le campus, dans la société
locale ou à l'étranger. Il donnerait lieu à
l'octroi d'un diplôme distinctif. Je compte saisir les instances
appropriées de ce projet dans les meilleurs délais.
4- L'amélioration des infrastructures d'enseignement
et de gestion des études
La bibliothèque a bien amorcé le virage technologique
et est devenue un leader dans ce domaine, mais les collections
traditionnelles ont subi des contraintes qu'il est urgent de corriger.
Un réinvestissement important a été amorcé
dans le cadre du contrat de performance. Un effort additionnel
d'investissement dans le développement des collections
traditionnelles et électroniques sera fait à partir
de ressources financières accrues, entre autres grâce
au financement des frais indirects de recherche par le Gouvernement
canadien.
Au plan des infrastructures informatiques, le campus de l'Université
Laval jouit d'un réseau à large bande qui est un
modèle. À l'image du pavillon Palasis-Prince qui
bénéficie d'une infrastructure de pointe, nous devons
développer progressivement, au cours des prochaines
années, l'accessibilité aux réseaux informatiques
dans toutes les salles de cours et les lieux publics du campus,
faisant aussi appel aux nouvelles technologies micro-ondes dès
que leur fiabilité et leur sécurité auront
été démontrées.
Enfin, afin de faciliter aux étudiants l'accès rapide
et convivial aux services de l'Université, afin aussi de
faciliter le travail des directeurs de programmes et des autres
gestionnaires d'étude, et de permettre à tous un
accès interactif au dossier étudiant, nous projetons
de moderniser rapidement le système de gestion des études.
5- Conclusion
La formation de premier cycle constitue un des piliers fondamentaux
de notre mission universitaire. Au cours des dernières
années, des progrès considérables ont été
réalisés dans l'offre de programmes pertinents et
de qualité. Pour les étudiants, l'Université
Laval est ainsi devenue un milieu plus attrayant. Les mesures
proposées ici visent à poursuivre cette action et
à nous permettre de consolider nos acquis et d'ouvrir de
nouvelles pistes pour accroître la qualité et la
pertinence de nos programmes de formation initiale.
IV L'INTERNATIONALISATION DE LA FORMATION
Les universités remplissent leur mission fondamentale dans
un contexte marqué par le développement d'une société
du savoir et le phénomène de la mondialisation accélérée.
Il s'agit de mutations profondes avec des impacts majeurs sur
les institutions universitaires. C'est fort de cette conviction
que nous avons fait de la stratégie d'internationalisation
un axe prioritaire d'action. L'Université Laval se situe
à l'avant-garde canadienne et internationale dans ce domaine
et nous poursuivrons nos efforts pour conserver cette position.
1- Mobilité étudiante
La stratégie d'internationalisation que nous avons développée
au cours des dernières années a fait de la mobilité
étudiante la pierre d'assise de notre action internationale.
Si la mise en place du " Profil international " a enclenché
sur le campus une véritable dynamique de la mobilité
étudiante, il reste beaucoup de travail à accomplir.
Au niveau du Profil international lui-même, la priorité
sera accordée à compléter sa mise en place
dans les programmes du premier cycle et à assurer son implantation
dans les programmes des deuxième et troisième cycles.
De plus, la diversification langagière des profils internationaux
demeurera une priorité d'action.
Si le Profil international permet à l'Université
Laval de développer de nouveaux partenariats internationaux,
le réseau qui se met en place semble vouloir se déployer
surtout avec les universités des pays développés.
L'approche inclusive dont je parlais à propos de
la recherche s'applique aussi à nos programmes de formation.
Dans cette perspective, nous devons aussi veiller à ce
que nos programmes d'internationalisation ouvrent nos étudiants
aux réalités des pays en émergence. À
cette fin, les stages professionnels dans les pays en émergence
seront structurés comme un nouveau volet de nos programmes
de mobilité étudiante.
Par ailleurs, le développement de programmes conjoints
internationaux sur le modèle des diplômes de
deuxième cycle en journalisme international ou en affaires
publiques et représentation des intérêts est
une autre voie de développement d'une action internationale
de qualité. Enfin, l'établissement d'un volet
institutionnel de stages dans les grandes organisations internationales
- Banque Mondiale, ONU, OMC, BIT, OCDE, etc. - viendra s'ajouter
aux différents programmes existants.
Bref, au niveau de la mobilité étudiante, notre
travail consistera, au cours du prochain mandat, à offrir
un éventail plus large de possibilités de séjours
d'études de qualité à l'étranger aux
étudiants de l'Université Laval, avec l'objectif
qu'à la fin de mon second mandat au moins un tiers de nos
finissants aient acquis de réelles compétences internationales.
Si l'on ajoute à cette stratégie de mobilité
étudiante l'internationalisation de la formation de base
dans chaque programme, l'Université Laval sera ainsi en
mesure de garantir à tous ses étudiants une formation
académique internationale solide et adaptée à
la réalité contemporaine.
2- Mobilité des savoirs
Notre stratégie d'internationalisation ne peut pas se limiter
à la seule mobilité étudiante. Au cours du
prochain mandat, une attention particulière sera accordée
à la question de la mobilité des savoirs.
L'Université Laval offre plusieurs programmes de formation
régulière et continue qui pourraient être
offerts sur la scène internationale, en visant particulièrement
les pays en émergence. Ce transfert d'expertise s'inscrit
au chapitre des effets positifs de la mondialisation. Les facultés,
en collaboration avec le Bureau international, seront invitées
à explorer les façons de réaliser ces transferts
d'expertise en offrant certains de nos programmes de formation
selon des modalités incluant des activités à
distance autant que sur place. Ce transfert d'expertise peut être
l'objet d'importants financements de la part d'organisations internationales.
La mise en place d'une stratégie visant à
accroître notre participation aux programmes de financement
des grandes organisations internationales, proposée
en relation avec la recherche, vient aussi appuyer la mobilité
des savoirs.
3- L'appui aux professeurs
Aucune stratégie d'internationalisation ne peut réussir
sans la contribution et la mobilisation des professeurs. Dans
cette perspective, je propose la création :
- d'un programme de soutien aux professeurs fortement impliqués
dans la mobilité internationale, doté d'un budget
de 100 000 $, pour dégager de cours les professeurs
participants;
- d'un programme de mobilité professorale doté
d'un budget de 100 000 $ dont l'objectif serait d'appuyer
le développement de réseaux et de projets.
4- Conclusion
Notre stratégie d'action internationale assure à
nos diplômés un avantage distinctif dans un monde
de plus en plus ouvert et complexe. Elle situe notre Université
dans une position d'avant-garde que j'espère nous voir
maintenir au cours des prochaines années.
7 mars 2002
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