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7 mars 2002 ![]() |
À la mi-mai, dix étudiantes inscrites au cours "Projet
en santé internationale" du baccalauréat en
sciences infirmières se rendront soit en Amérique
du Sud, soit en Afrique centrale effectuer un stage professionnel
crédité de huit semaines en soins de santé
primaires. Trois pays en développement les accueilleront
: le Paraguay, le Sénégal et le Ghana. L'an dernier,
un premier contingent de 16 étudiantes avait séjourné
au Paraguay, au Sénégal et au Mali.
"Notre formule est assez unique à l'Université,
indique la professeure Ginette Lazure, responsable facultaire
pour les projets à l'international à la Faculté
des sciences infirmières. Notre stage est de six crédits
et il s'accompagne de deux cours préalables obligatoires
de trois crédits chacun." Cette formule nouvelle marque
un virage important: désormais, les étudiantes n'ont
plus à organiser leur stage par elles-mêmes. Chaque
projet reçoit un encadrement structuré qui lui est
propre ainsi qu'un important soutien financier. La Faculté,
le Bureau international de l'Université et divers partenaires,
dont le gouvernement du pays d'accueil, voient ensemble aux préparatifs
et à la structure d'encadrement. L'objectif visé
consiste à augmenter la compétence culturelle des
étudiantes. "Nous recevons beaucoup de feed-back
d'organisations non gouvernementales qui se disent très
intéressées à établir des partenariats
avec nous", souligne Ginette Lazure.
Une épidémie de rougeole
Marie-Noëlle Vallée a travaillé au poste
de santé de M'Pal, un petit village de 3 000 habitants
de la région de Saint-Louis au Sénégal. Entre
les mois de mars et juillet 2001, et en dépit d'un programme
élargi de vaccination, les cas de rougeole répertoriés
sont passés de 16 à 111. Cette recrudescence de
la maladie contagieuse avait de nombreuses causes, entre autres
la promiscuité, la vision magico-religieuse du monde qui
ne laisse aucune place à une explication rationnelle de
l'origine de la maladie, et les conditions de conservation déficientes
des vaccins.
Campagnes de vaccination dans la brousse, crises de paludisme,
diabète, blessures ouvertes, Marie-Noëlle Vallée
est intervenue, au même titre que ses coéquipières,
sur divers problèmes de santé. "Je me suis
souvent sentie impuissante face à la maladie car nous n'avions
aucune technologie pour soigner les gens", raconte-t-elle.
Durant ce stage qu'elle qualifie de très enrichissant sur
le plan professionnel, elle s'est découvert un nouveau
champ d'intérêt: la santé des femmes.
Une expérience enrichissante mais difficile
À Asunción, au Paraguay, Hélène
Moreau et sa coéquipière ont été confrontées
à un éventail de pathologies, dont des accidents
vasculaires cérébraux, des cas de parasitose intestinale
et le syndrome du biberon. Dans ce pays où les familles
nombreuses sont la norme, les mères allaitent leur bébé
jusqu'à l'âge de deux ans. Il est également
courant de donner un biberon de lait, de jus ou d'eau sucrée
à l'enfant. Or, une petite quantité de lait qui
reste toujours dans la bouche, par exemple dans le cas du bébé
allaité avant le coucher, crée un milieu propice
au développement de caries.
Hélène Moreau évoque le sentiment d'impuissance
que l'on ressent face à l'inexistence de programme de fourniture
médicale destiné aux personnes démunies.
Face également au manque de possibilités de soigner,
une situation due à des infrastructures de santé
anémiques et déficitaires. "Nous étions
sans aucun repère, ajoute-t-elle. Il est difficile d'adapter
nos connaissances dans un tel contexte." Ce stage lui a toutefois
permis de prendre conscience de l'importance de la profession
infirmière dans un système de santé. Elle
a aussi, et plus que jamais, l'intention de faire carrière
dans l'hémisphère sud.
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