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7 mars 2002 ![]() |
La campagne a bel et bien pris son envol. On voit d'ailleurs
apparaître des signes évidents que la communauté
universitaire veut s'en mêler et émettre ses opinions
et doléances. Les rencontres organisées se multiplient,
les gens arrêtent les candidats dans les corridors, les
courriers électroniques débordent de commentaires
de toutes sortes, allant du simple encouragement à l'exposition
d'un "cas type" à vous faire dresser les cheveux
sur la tête. Je patauge avec plaisir dans ces différentes
manifestations qui démontrent le besoin qu'a la communauté
d'être entendue. Ce qui me scie cependant les jambes, c'est
de constater que même si beaucoup souhaitent un changement
et le demandent, le cynisme semble l'emporter sur le désir
de faire les efforts pour arriver à renverser les tendances,
souvent fâcheuses, qu'a pris le développement de
notre Université.
Au moment d'écrire ce texte, j'avais déjà
rencontré, sur des bases officielles, la Commission des
affaires étudiantes, le Syndicat des chargé(e)s
de cours, la plupart des doyens ainsi qu'un groupe de professeur(e)s
et d'étudiant(e)s provenant de Sciences sociales, majoritairement
de Science politique, sans compter les nombreuses associations
étudiantes rencontrées pendant la campagne visant
à amasser les signatures d'appui. Ces rencontres m'ont
permis d'échanger avec des personnes provenant de plusieurs
profils et souhaitant tous, je le crois sincèrement, l'avancement
de l'Université Laval et le développement de sa
communauté. Certaines d'entre elles étaient membres
du Collège électoral qui votera le 3 avril prochain,
d'autres pas. Peu m'importe, puisque l'un de mes principaux objectifs
pour cette campagne était justement de rencontrer le plus
de gens possibles et d'échanger avec eux sur l'état
de l'Université Laval ainsi que sur son avenir. J'ai trouvé
des oreilles attentives, des pouces levés, des sourires
de satisfaction, des sourcils dressés, des yeux plissés,
des fronts incrédules.
Et si certains ont été sévères, voire
cinglants à mon endroit, la très grande majorité
était d'accord sur la nécessité d'un changement
dans les manières de voir et de faire les choses à
l'Université Laval.
Organisez-vous!
Alors qu'attendons-nous? On accepte, on se plie, on en parle,
on regrette, on espère, on soupire ou on sourit en coin,
mais que fait-on? Je n'en peux plus de voir le cynisme sur le
visage des gens qui peuvent et qui doivent changer le monde.
"Ça sert à rien!", pensent certains. "Y'é
trop tard!", disent les plus pessimistes. "De toute
façon", rigolent les autres. D'où sort-il
donc ce cynisme? Qui l'a fait naître, qui l'a nourri? Qui
vous a enlevé l'envie de croire en vous et de croire au
monde? Vous n'avez pas le droit, vous, les universitaires, d'abandonner,
d'accepter, de plier l'échine. Parce que si vous
ne faites rien, qui orientera les changements, qui décidera,
qui organisera l'Université? Les décisions continueront
de se prendre au-dessus de vous et vous aurez à les appliquer
ou à subir leurs conséquences. Vous n'êtes
pas d'accord et vous le dites. Et, quand on vous présente
une vision, quelques idées qui vous donnent le goût
de l'Université, vous dites : "C'est ben beau tout
ça, mais ça marchera pas!" ou, pire : "Ça
va dans le bon sens, mais tu vas pas assez loin dans tes idées".
Les bla-bla entre quatre murs ou sur papier n'ont jamais rien
changé. Les théories, aussi articulées et
révolutionnaires soient-elles, doivent s'incarner dans
l'action. Quelle action? N'importe laquelle, de la plus traditionnelle
à la plus avant-gardiste. Faites. Arrêtez
d'attendre que d'autres s'inspirent de vos pensées, de
vos idées, de vos principes, et agissez. Mettez-les vous-mêmes
en application. Sur le campus, dans vos salles de cours, dans
les cafétérias: organisez-vous! Utilisez les structures
en place pour vous donner les moyens de faire ce qui doit être
fait. Étudiant(e)s, professeur(e)s, chargé(e)s
de cours, professionnel(le)s, administrateurs(trices). Vous avez
le chantier qu'il vous faut et vous ne devez plus attendre. Vous
avez déjà fait des constats. Cessez de vous regarder
l'un et l'autre en attendant que quelqu'un bouge et posez, ensemble,
les gestes qui s'imposent.
Le 3 avril prochain doit être un moment charnière
pour les changements que l'on veut apporter à notre Université.
Le prochain recteur n'aura d'autre choix que de travailler avec
sa communauté s'il veut éviter la stagnation de
l'établissement et s'il veut cesser de nourrir le cynisme.
Ma candidature est celle de l'ouverture et de l'écoute,
mais elle est surtout celle d'un renouveau nécessaire dans
la manière de voir et de faire les choses. Le débat
pour la course au rectorat doit continuer de prendre de l'ampleur
au sein de l'Université et je vous invite à profiter
des trois dernières semaines pour multiplier les occasions
de débats et les actions qui démontreront vos points
de vue aussi bien qu'elles les appuieront.
Action Bibliothèque
Depuis 1994, le budget de la Bibliothèque de l'Université
Laval a été graduellement amputé, si bien
que l'une des plus belles collections québécoises
de livres et périodiques est maintenant pourvue de failles
sans précédent et quasi irrécupérables.
Au moment où les publications de toutes sortes se multiplient,
y compris les parutions scientifiques, la seule bibliothèque
scientifique de l'Est du Québec a cessé de garnir
ses rayons. Il s'agit là d'un choix budgétaire épouvantable
qui témoigne de la vision à court terme de certains
administrateurs. Pire encore, malgré les investissements
des dernières années, rien n'a encore été
fait pour corriger la situation. Le comble, c'est que les étudiant(e)s
ont pourtant réussi à aller chercher eux-mêmes
un montant de quatre millions de dollars par année, pour
les dix prochaines années, pour la Bibliothèque.
Au cours de cette saga des Bourses du millénaire, les étudiant(e)s
québécois(es) ont choisi de refuser la distribution
de bourses au mérite et ont demandé que cet argent
serve plutôt à réduire l'endettement étudiant
et à améliorer les services aux étudiant(e)s
dans les établissements postsecondaires. À l'Université
Laval, les étudiant(e)s ont rapidement vu l'opportunité
de refinancer leur bibliothèque. Après une manifestation,
un débat public et des négociations difficiles,
les étudiant(e)s du Québec ont gagné et les
universités québécoises ont mis la main sur
une somme totale de 23 millions de dollars supplémentaires.
Et, alors que certaines universités ont utilisé
l'argent selon les priorités émises par les étudiant(e)s
réinvestissement de six millions de dollars dans
la bibliothèque de l'Université de Montréal,
agrandissement et mise à jour du parc informatique à
l'Université du Québec à Chicoutimi - d'autres
ont fait disparaître les sommes dans les méandres
de la comptabilité et pas un sou des Bourses du millénaire
n'a servi à améliorer les services aux étudiant(e)s.
C'est le cas à l'Université Laval où l'argent
aurait plutôt servi, semble-t-il, à éviter
de nouvelles coupures. Est-ce à croire que n'eût
été du gain des étudiant(e)s, le budget de
la bibliothèque serait tombé sous la barre des trois
millions de dollars? Enfin, l'heure est venue de demander que
ces sommes, et davantage, soient investies là où
nous l'avons voulu.
Il y aura, au cours des prochains jours, une action de sensibilisation
concernant l'état pitoyable de notre bibliothèque.
Il est urgent que de grosses sommes soient réinvesties
dans son budget d'acquisition ainsi que dans son budget de fonctionnement.
La CADEUL organise donc un événement de sensibilisation
qui demandera votre implication et votre contribution. On vous
invitera, entre autres, à faire un don sous forme de livre
ou de périodique pour votre bibliothèque. Comme
le redressement de la bibliothèque est essentiel à
la qualité de notre formation, je vous invite à
participer en grand nombre à cette activité. Pour
de plus amples renseignements, téléphonez au 656-2131
postes 12947 ou 7931.
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