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7 mars 2002 ![]() |
"Un pionnier, un entrepreneur, un inventeur." "L'un
des trois leaders mondiaux du domaine de la pyrolyse." "Le
chercheur le plus qualifié au pays pour mener une étude
sur la production d'énergie à partir des sources
renouvelables." "Le plus éminent inventeur parmi
les ingénieurs chimistes canadiens de sa génération."
Les scientifiques chargés d'évaluer le dossier que
Christian Roy a soumis au Conseil des arts du Canada, pour l'obtention
d'une bourse Killam, n'étaient pas à court de commentaires
élogieux. Ces évaluations enthousiastes ont sûrement
pesé lourd dans la balance, puisque le professeur du Département
de génie chimique compte au nombre des 33 scientifiques
canadiens qui ont obtenu cette bourse en 2002.
La bourse Killam figure dans la courte liste des prestigieuses
reconnaissances officielles attribuées à des chercheurs
au Canada. Financé par un don de Dorothy J. Killam et administré
par le Conseil des arts du Canada, ce programme de bourses permet
aux meilleurs chercheurs en sciences humaines, en sciences naturelles
et en génie d'être libérés des tâches
administratives et d'enseignement pendant deux ans pour se consacrer
pleinement à la recherche et à la rédaction.
"C'est une reconnaissance qui fait beaucoup de bien sur le
plan moral, laisse tomber Christian Roy. Le projet que j'ai entrepris
il y a plus de 20 ans est long et parsemé d'embûches.
J'ai déjà reçu quelques prix d'envergure
nationale dans le passé, mais aucun ici dans ma faculté
ou à l'Université, note-t-il au passage. À
mi-chemin de ma carrière universitaire, la bourse Killam
est un message qui me dit que mes recherches comptent pour l'avenir
du pays, que, parmi les chercheurs canadiens de toutes les disciplines,
mon apport est significatif et qu'on m'encourage à continuer
dans la voie que j'ai choisie. La bourse m'apporte aussi quelque
chose de très précieux: du temps pour me consacrer
davantage à mes travaux."
Christian Roy travaille à la mise au point du procédé
de pyrolyse sous vide depuis ses études de doctorat en
1976. Ce procédé permet, par chauffage sous vide,
de séparer les différentes composantes d'un produit
et de récupérer celles qui présentent un
intérêt commercial. Ainsi, à partir de pneus,
de plastiques, de résidus de bois ou de boues pétrolières,
il est possible de récupérer des huiles, du noir
de carbone et des gaz, et d'en faire un nouvel usage plutôt
que de les éliminer dans la nature.
Engagé comme professeur à l'Université en
1985, Christian Roy a consacré l'essentiel de ses travaux
de recherche à la pyrolyse (plus de 200 publications et
67 brevets). Au fil des ans, différents partenaires avec
qui il s'était associé pour commercialiser l'idée
ont été victimes des soubresauts de l'économie,
le forçant à refaire plusieurs fois le même
trajet sur la route imprévisible du partenariat industriel.
Malgré des moments parfois difficiles où détracteurs,
critiques et mauvaise presse se sont alliés, Christian
Roy a persisté. Chose certaine, personne ne pourra l'accuser
d'avoir abandonné son rêve de développer cette
technologie jusqu'à sa mise en application et d'avoir tenté
de retenir au pays les retombées économiques et
les emplois qui en découlent.
Électricité verte
Grâce à la bourse Killam, Christian Roy poussera
plus loin ses derniers travaux sur l'intégration de la
pyrolyse et de la production d'énergie. En effet, le chercheur
a élaboré un concept où les combustibles
liquides extraits de la biomasse pyrolysée (bio-fuels)
servent à faire fonctionner une turbine. Pour une même
biomasse, on produit 21 % plus d'électricité en
brûlant les bio-fuels qu'elle contient plutôt qu'en
la brûlant directement, signale le chercheur. Une usine-pilote,
qui utilise les résidus forestiers, a d'ailleurs été
construite à Jonquière. La matière première
ne manque pas: le Québec produit 7 millions de tonnes de
résidus forestiers par année, le Canada, 30 millions
et les États-Unis, 300 millions. Le procédé
permet d'extraire deux barils de bio-fuels par tonne de résidus,
de sorte qu'un pourcentage significatif (environ 10 %) de la consommation
de pétrole pourrait être satisfait par cette filière
verte. D'autres sources de biomasse, notamment les résidus
de canne à sucre, pourraient aussi servir dans le procédé,
ce qui ouvre la voie à la production locale d'électricité
dans des pays en voie de développement.
Aux États-Unis, à partir de 2010, au moins 5,5 %
de l'énergie devra provenir de sources renouvelables. En
Europe, l'objectif visé est de 12 %. "Le contexte
social sera favorable à la protection de l'environnement
au cours des prochaines années, estime Christian Roy. Nous
assistons présentement à un changement des valeurs
qui mettra les entreprises qui oeuvrent dans la santé et
l'environnement au premier plan du développement économique.
La hausse du prix du pétrole, la quête d'une meilleure
qualité de vie et la mise en application de lois environnementales
plus sévères catalyseront cette métamorphose."
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