7 mars 2002 |
Serait-on à l'aube d'une révolution dans les
méthodes d'entraînement classiques des athlètes
de haut niveau? C'est ce que laisse croire un outil d'entraînement
sophistiqué mis au point conjointement par un étudiant
à la maîtrise en sciences géomatiques, Mathieu
Lambert, et son directeur de projet, Rock Santerre, du Centre
de recherche en géomatique.
Cet outil a recours pour la première fois à la technologie
du système de positionnement par satellites, ou GPS. Il
permet à l'entraîneur de suivre les déplacements
de l'athlète en temps réel tout au long de son parcours
grâce à des graphiques de vitesse, d'accélération
et d'altitude, dont les données lui sont relayées
instantanément avec une précision centimétrique.
Une fois la course terminée, ces données sont immédiatement
intégrées à un système d'information
géographique qui permet à l'entraîneur - ainsi
qu'à l'athlète - de faire sur place l'analyse de
la course et de comparer les trajectoires d'une course à
l'autre.
"L'outil permet une rétroaction rapide de l'information
pour une correction efficace, explique Mathieu Lambert. Tout de
suite après sa course, l'athlète voit ce qui s'est
passé. Entre autres choses, il voit avec précision
l'endroit où il a perdu de la vitesse. Après avoir
récupéré, il peut faire un autre parcours
pour tenter de corriger son erreur." En comparaison, les
méthodes d'entraînement actuelles ne permettent que
de calculer des vitesses moyennes en prenant des temps de passage
à certains endroits du parcours.
Un étudiant en sciences géomatiques met à l'essai la technologie du positionnement par satellite (GPS) pour améliorer les méthodes d'entraînement de certains sports extérieurs
Pour sports extérieurs seulement
Mathieu Lambert souligne que la technologie GPS est très
sensible aux obstructions comme les arbres ou les bâtiments.
Pour éviter les coupures de signaux, les chercheurs ont
ciblé quatre sports qui se pratiquent à l'extérieur
dans des environnements dégagés, soit le canoë,
le kayak, le cyclisme sur piste et le patinage de vitesse longue
piste. L'expérimentation s'est faite dans la région
de Québec avec la participation d'athlètes de bon
calibre au niveau national. Les adeptes du patinage de vitesse
et du cyclisme portaient un casque de vélo modifié
sur lequel était fixée une petite antenne qui captait
les signaux GPS et qui les transmettait à un récepteur
GPS compact placé dans un sac porté au dos. En canoë
et en kayak, ces équipements étaient installés
dans les embarcations.
Le vélodrome Louis-Garneau représentait un défi
particulier. À cet endroit, les pentes font jusqu'à
50 degrés dans les courbes. "Cet environnement restreint
nous a permis de construire un modèle numérique
où l'on voit la variation des pentes", indique Mathieu
Lambert. L'anneau de glace Gaétan-Boucher a permis de visualiser
l'effet du vent dans les bouts droits de la piste. "Une augmentation
de la vitesse d'environ trois mètres par seconde a été
enregistrée avec un vent arrière", précise-t-il.
Sur le lac Beauport, l'analyse des données GPS a permis
d'évaluer la puissance du coup de rame. "En canoë,
dit Mathieu Lambert, la période est de 1,25 seconde par
coup de rame. Les données GPS ont permis d'observer que
l'arrière du canot varie d'un bon 10 centimètres
en altitude à chaque coup de rame entre le moment où
l'embarcation s'enfonce dans l'eau et s'élève."
En laboratoire, les chercheurs ont intégré aux données
GPS des données diverses portant sur les facteurs qui peuvent
affecter la performance sportive. Ces informations provenaient
d'un instrument qui mesure la température, l'humidité,
la vitesse et la direction du vent, d'un capteur de rythme cardiaque,
et d'un relevé topographique du parcours. Des images de
l'athlète prises à l'aide d'une caméra vidéo
complétaient les données. Selon Mathieu Lambert,
les informations intégrées et analysées ne
peuvent qu'améliorer la performance de l'athlète,
ne serait-ce qu'en lui permettant de mieux doser ses efforts.
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