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7 mars 2002 ![]() |
CÉRUL: DE LA DÉMENCE
Monsieur le recteur, avant d'être étudiante à
l'Université Laval, j'avais une très haute opinion
de cet établissement d'enseignement. Actuellement, mon
point de vue se situe à des années lumières
de l'image que j'avais de l'Université. Pourquoi ? Simplement,
parce que je croyais que l'Université Laval était
un haut lieu de savoir où la logique et la cohérence
dominent dans la prise de décision.
J'ai fait face à la première incohérence
du système, à la suite du dépôt de
ma candidature en vue de mon admission. Alors, j'ai reçu
une convocation pour un test de français. Pourtant, je
croyais que mon expérience professionnelle était
éloquente en matière de langue française.
Entre autres, mon curriculum vitæ indiquait que j'avais
enseigné le français, que j'avais un baccalauréat
en lettres (études françaises), vingt années
d'expérience en information et communication publique,
en plus d'une expérience en révision linguistique.
Passons sur cette incohérence, car elle n'est qu'un amuse-gueule
au regard des visées du Comité d'éthique
de la recherche à l'Université Laval (CÉRUL).
Tenant pour acquis que vous connaissez le contexte qui entoure
la formation de ce comité, permettez-moi de passer directement
à l'objet de ma lettre.
Étudiante au programme de maîtrise avec mémoire
en communication publique, je suis touchée au premier chef
par l'objectif de ce comité qui est d'avoir la main mise
sur la recherche à l'Université Laval. Ce comité
a décidé que les étudiants ayant l'intention
d'entreprendre un projet de recherche avec des sujets humains
devraient soumettre leur projet au CÉRUL, qui décidera
si les projets soumis respectent les règles d'éthique.
Ni plus ni moins, ce comité a décrété
qu'il avait un droit de vie et de mort sur les projets de recherche
nécessitant le concours de sujets humains.
Puisque je compte m'adresser à des journalistes, je devrai
soumettre mon projet au CÉRUL. Pour ce faire, je devrai
d'abord remplir un "cahier de charge" de 13 pages, que
je devrai imprimer en 12 copies pour les 12 disciplines qui prendront
un siège autour de la table. Ensuite, je devrai attendre
patiemment que ces apôtres de l'éthique me demandent
d'apporter des ajustements à mon projet. L'idéaliste
souhaitera une acceptation de son projet sans modification, mais
je suis une nature sceptique et méfiante.
Combien de temps ce comité prendra pour statuer sur mon
projet ? Considérant que ses membres veulent avoir la main
mise sur l'ensemble des projets de recherche de l'Université,
inutile de spéculer quant au délai pendant lequel
je devrai attendre sa décision. Cette simple question et
"le cahier de charge" suffisent pour démontrer
avec éloquence les conséquences des visées
de ce comité sur la recherche, la prolongation des études
supérieures et, conséquemment, la motivation des
étudiants à poursuivre de telles études.
D'ailleurs, les propos que j'ai entendus sur la situation de certains
étudiants au regard de ce comité militent en faveur
de mon point de vue.
Pis encore, les intentions de ce comité décrètent
l'incompétence de mon directeur de recherche quant au respect
des règles d'éthique en matière de recherche.
Or, il a obtenu un doctorat de l'Université en faisant
une étude sur des sujets humains. De même, il enseigne
dans votre établissement depuis au moins 10 ans en communication
publique. Si vous jugez que mon directeur de recherche est incompétent
en matière d'éthique, pourquoi le maintenez-vous
en poste à titre de professeur-chercheur?
Je pourrais poursuivre longuement mon argumentation, afin de faire
valoir l'incohérence des visées du CÉRUL.
Comme je n'ai pas de temps à perdre et qu'une image vaut
mille mots, je vais conclure avec l'exemple suivant. Pour un professeur,
enseigner c'est communiquer des messages précis aux étudiants,
en s'appuyant sur des méthodes pédagogiques facilitant
leur compréhension et leur apprentissage de notions et
de principes. Or, telle n'est pas la réalité. Aussi,
que diraient les membres du CÉRUL, si un comité
de linguistes, de communicateurs et de pédagogues décidait
de s'imposer pour juger la qualité linguistique de leurs
exposés en classe, leurs méthodes pédagogiques
et l'efficacité de la structure de leurs messages? Cet
exemple n'est pas une caricature, mais le reflet de ce qui est
imposé aux professeurs et aux étudiants des études
supérieures dont le projet de mémoire fait appel
à des sujets humains.
Ici, je ne discute pas l'obligation de respecter l'éthique.
Ce principe ne se discute pas. Je m'oppose aux visées d'un
comité qui veut imposer sa loi en matière de recherche
à l'Université Laval. En ce qui me concerne, la
seule personne valable pour me guider dans ma démarche
scientifique au regard de la production de mon mémoire
et des règles d'éthique, c'est mon directeur de
recherche. Ce n'est ni vous, ni le CÉRUL. Si vous jugez
que mon directeur n'a pas les compétences nécessaires,
je dois conclure que vous avez manqué de jugement lorsque
vous l'avez embauché à ce titre.
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