14 février 2002 |
Si la saison théâtrale lancée par la troupe
de théâtre Les Treize s'avère seulement moitié
moins dynamique que la série d'extraits joués en
guise de lancement de leur saison d'hiver, les spectateurs vont
certainement avoir un plaisir fou à fréquenter les
salles de spectacle du campus. Placée sous la présidence
d'honneur du comédien Jean-Nicolas Verreault, qu'on a pu
voir notamment dans les films Hochelaga et La loi du
cochon, cette saison s'annonce fort diverse et créative.
On a en effet pris un malin plaisir à varier les époques,
les genres, les sociétés présentées
sur scène, tout en signant une saison très engagée,
qui ramène au premier plan la dénonciation de l'ordre
établi si chère au coeur de tant de dramaturges.
Une dénonciation par l'absurde qui commence par des textes
vieux de plus de 80 ans, mais qui n'ont pas pris une ride. Coeur
à gaz repose sur un collage inspiré du mouvement
dadaïste, qui fit souffler un vent de fronde et de révolte
après la boucherie de la Première Guerre mondiale.
Les 15, 16, 17 et 18 février, à 20 h, au Théâtre
de poche du pavillon Maurice Pollack, les comédiens prêtent
leur voix aux magnifiques poèmes de Tristan Tzara et de
Francis Picabia, dont l'absurdité et la structure déconcertante
annoncent le théâtre inspiré par les surréalistes.
À cette pièce, plutôt décoiffante,
succède une comédie grinçante signée
par un étudiant au baccalauréat en théâtre
de l'Université Laval. Luc Michaud, qui avait déjà
écrit une pièce jouée cet été
dans les églises de Québec, a une prédilection
pour la dénonciation des travers hypocrites qui caractérisent
tant de relations amicales. Dans Les confidences d'un pas
fin, oeuvre présentée les 22, 23, 24 février
à 20 h à l'Amphithéâtre Hydro-Québec
du pavillon Alphonse-Desjardins, des amis d'enfance réunis
lors des funérailles d'un membre de la bande, en apprennent
des vertes et des pas mûres sur leur amitié grâce
au récit que le mort leur a légué.
L'hypocrisie dans la société fait également
partie du programme dans Légère en août,
de Denise Bonal, spectacle mis en scène par Édith
Paquette, qui prend l'affiche les 13, 14, 15, 16 et 17 mars à
20 h au Théâtre de poche. Dans une clinique de maternité
un peu spéciale, cinq femmes tuent le temps en attendant
de donner la vie à un rejeton qui sera vendu dès
sa mise au monde. Comment un événement jugé
très heureux selon les conventions de société
peut devenir un objet de commerce, voilà un des questionnements
soulevés par la pièce avec humour. Rendez-vous
de Senlis, par Jean Anouilh, joue également la
partition des mensonges dans la société bourgeoise
française des années 1930, puisqu'on y met en scène
les tentatives d'un nouveau riche pour sortir de rapports familiaux
difficiles en trompant sa femme avec une jeune fille de la campagne.
À noter que cette production, dirigée par Steeve
Beaulieu, sera présentée les 21, 22 et 23 mars à
20 h, à l'extérieur du campus, au Petit théâtre
de poche de Québec, 190, rue Dorchester Sud.
La saison se poursuit les 22, 23 et 24 mars à 20 h à
l'Amphithéâtre Hydro-Québec, avec le maître
du théâtre de l'absurde, Eugène Ionesco lui-même.
Raymond Poirier et ses complices montent Rhinocéros,
une métaphore sur la transformation animale afin
de mieux dénoncer le conformisme et le totalitarisme. Des
thèmes dont il sera également question dans La
grande roue, écrit par l'actuel président
tchèque Vaclav Havel. Dans cette production, mise en scène
par Jean-François Lessard et présentée les
5, 6 et 7 avril à 20 h à l'Amphithéâtre
Hydro-Québec, deux organisations mafieuses se mènent
une lutte sans merci pour le contrôle du pouvoir. Difficile,
dans cet univers de mensonges de savoir qui tire les ficelles.
Topaze, une pièce de Marcel Pagnol surtout
connu comme auteur de théâtre pour Marius,
puis Fanny, décrit justement un univers de faux-semblant
qui transforme un honnête instituteur un peu naïf en
homme de paille. Le metteur en scène Mathieu Tremblay redonne
toute sa fraîcheur à cette pièce très
actuelle en ces temps de lobbying intense, dans cette pièce
présentée les 5, 6 et 7 avril à 20 heures
au Théâtre de poche. Enfin, la saison se termine
avec panache les 13 et 14 avril à 20 h avec un des grands
classiques de la littérature québécoise,
jamais encore joué par Les Treize en 53 ans d'existence,
Les Belles-surs de Michel Tremblay. Philippe Dion
Boucher compte bien utiliser toutes les ressources du Théâtre
de la Cité universitaire pour mettre en scène avec
panache ce party de collage des timbres, auquel Germaine Lauzon
a convié une quinzaine de ses amies et voisines. Bonne
saison!
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