14 février 2002 |
Le Centre protéomique de l'Est du Québec vient
de faire l'acquisition de cinq nouveaux appareils qui permettront
aux chercheurs de l'Université Laval et du Québec
de suivre la cadence effrénée de la recherche sur
les protéines. "Nous avons changé de siècle
dans ce domaine-là aussi, insiste le directeur du Centre,
Guy Poirier, professeur à la Faculté de médecine.
Nous sommes entrés dans l'ère post-génomique
et l'ère de la protéomique. C'est là que
ça se passe maintenant."
La protéomique touche la séparation, l'identification
et la caractérisation des protéines des organismes
vivants. "Maintenant que le génome humain est en grande
partie décodé, les cibles sont devenues l'expression
de ces gènes, les protéines, explique Guy Poirier.
Ce virage promet des retombées intéressantes dans
plusieurs domaines, en particulier du côté de l'industrie
pharmaceutique." Le décodage du génome a entraîné
une révision à la baisse du nombre de gènes
dont l'humain est constitué. Les estimés se situent
maintenant entre 30 000 et 100 000 gènes. "Par contre,
il y aurait quelque chose comme 500 000 à 7 millions de
protéines chez l'homme seulement, et un nombre encore indéterminé
chez les animaux et les plantes, signale Guy Poirier. Ça
laisse entrevoir un potentiel énorme pour la recherche."
Étape marquante
Une étape importante a été franchie le
10 janvier, estime-t-il, lorsque deux groupes de chercheurs ont
publié dans la revue Nature des articles dans lesquels
ils annonçaient avoir découvert ou précisé
la fonction de plusieurs centaines de protéines de la levure.
Ces chercheurs sont arrivés à ce spectaculaire résultat
grâce aux nouvelles technologies de la protéomique.
"Ça révolutionne la façon de faire de
la recherche sur les protéines. Il est maintenant possible
d'identifier plusieurs protéines dans le même échantillon
avec l'un de nos appareils - un spectromètre de masse à
trappe ionique, capable d'effectuer de la spectrométrie
de masse multiple."
Les nouveaux appareils acquis par le Centre protéomique
de l'Est du Québec permettront de faire plus d'analyses
en moins de temps, puisque les procédés sont maintenant
automatisés. "On peut effectuer jusqu'à 300
séquences à l'heure dans un mélange complexe
alors qu'on en faisait une par jour l'année dernière,
précise Guy Poirier. Certains de nos appareils fonctionnent
24 heures sur 24. Ils sont plus sensibles que la génération
précédente, de sorte que l'échantillon requis
pour faire les analyses est encore plus petit."
Les cinq nouveaux appareils, installés dans les locaux
du Centre protéomique, au CHUL, ont coûté
près de 1,3 million de dollars. Ces sommes proviennent
de subventions accordées par Génome Canada/Génome
Québec et par le CRSNG. Seule l'Université McGill
dispose d'installations comparables au Québec. Près
de 200 chercheurs, principalement du Québec, mais aussi
des États-Unis et d'Europe, font régulièrement
appel au Centre protéomique. L'accès à un
parc d'appareils spécialisés constitue "un
élément crucial pour les chercheurs de l'Université
si nous voulons jouer dans les ligues majeures de la protéomique",
rappelle Guy Poirier.
|