14 février 2002 |
La formation continue en entreprise s'avère indispensable de nos jours en raison d'un environnement ultraconcurrentiel caractérisé par des changements et des innovations rapides, des situations organisationnelles complexes, ainsi que des connaissances et de l'information obsolètes. Or, en dépit des sommes considérables investies - au Québec, tel qu'exigé par l'État, c'est un pour cent de la masse salariale d'une entreprise -, la formation continue, dans un très grand nombre d'organisations, ne donne pas les résultats escomptés. "C'est du gaspillage", affirme Calixte Wondjè, professionnelle de recherche au CRIFPE (Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante).
Le lundi 4 février, Calixte Wondjè prononçait une conférence au pavillon des Sciences de l'éducation intitulée: "L'apprentissage continu dans les entreprises: une perspective humaniste". La rencontre était organisée par le CRIFPE-Laval et la Chaire de recherche du Canada en formation à l'enseignement, en collaboration avec le Département d'études sur l'enseignement et l'apprentissage. Selon la chercheure, la priorité accordée à la réussite organisationnelle à court terme, au détriment de la réussite personnelle des employés, explique pourquoi la pratique de la formation continue connaît autant de difficultés au Québec, comme presque partout au monde d'ailleurs. "Une des difficultés des employés est qu'ils vivent des problèmes existentiels dont les employeurs ne tiennent pas compte, souligne-t-elle. L'employé ne se sent pas concerné par la formation continue. Il le fait pour l'entreprise, pas pour son développement personnel."
Un contenu technique et administratif
Les chercheurs observent que la formation continue fait rarement
partie intégrante du fonctionnement d'une entreprise. Les
programmes sont destinés la plupart du temps au personnel
cadre, conseil et technique, et leur contenu est essentiellement
technique et administratif. Quant aux contenus liés au
développement de la personne et de son potentiel, ils sont
inexistants. C'est que les dirigeants d'entreprises ont du mal
à suivre l'évolution et les changements du monde
organisationnel. "Il est plus facile pour eux, indique Calixte
Wondjè, de maintenir la gestion traditionnelle sous prétexte
qu'ils obtiennent quand même des résultats (superficiels),
que de s'engager dans une voie qui leur paraît incertaine
et méconnue." Pourtant, et à titre d'exemple,
les résultats d'une étude canadienne récente
révèlent que les entreprises certifiées selon
la très rigoureuse norme internationale ISO, après
avoir investi des sommes substantielles en formation, ont vu les
coûts reliés aux défauts de fabrication baisser
des trois quarts.
Selon Calixte Wondjè, la formation continue prend de
nos jours une importance grandissante alors que les autres sources
traditionnelles de succès (produit technologique, marché
protégé, économies d'échelle, etc.)
montrent des signes d'essoufflement. "Les organisations,
dit-elle, doivent comprendre que la ressource la plus importante
est moins le capital, la terre ou l'information, que les individus."
Transformer la formation continue en apprentissage continu c'est,
selon elle, établir une sorte d'équilibre entre
les besoins de l'employeur et ceux de ses employés, entre
autres les besoins d'estime de soi et d'actualisation de soi.
Dans une organisation "apprenante", les conditions organisationnelles
qui favorisent la croissance individuelle se trouvent au niveau
des structures (autonomie, participation, etc.), des systèmes
(stimulation à l'initiative, etc.), du développement
personnel (développement des compétences, etc.)
et du leadership (vision forte, coaching, etc.).
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