7 février 2002 |
Chaque jour, 150 tentatives de suicide se produisent en moyenne
au Québec, dont trois conduisent effectivement à
la mort d'un individu, affirme le Centre de prévention
du suicide de Québec. Le phénomène, qui touche
tous les groupes d'âge et toutes les classes de la société,
est devenu l'une des principales causes de décès
prématurés dans la province.
De ces drames humains entre ceux qui partent et ceux restent,
qui se jouent sur le fond de toile de la douleur dans toute son
expression, des leçons sont à tirer, des gestes
sont à poser.
"Vouloir se suicider, c'est vouloir arrêter la souffrance...
quand on a perdu tout espoir, quand on ne voit aucune autre solution",
confie Louise Careau, psychologue au Service d'orientation et
de consultation psychologique de l'Université. Le suicide
survient spécifiquement, selon elle, dans des moments de
désorganisation, de dépression intense. Par exemple,
dans certaines circonstances, de mauvaises notes scolaires pourront
avoir été la "goutte" qui aura fait déborder
le vase d'un état qui était déjà fragile.
Reconnaître les signes
Il faut donc apprendre à décoder les messages,
les émotions, les attitudes des êtres qui nous entourent.
Des signes avant-coureurs à percevoir? D'abord, l'isolement.
"La personne suicidaire s'isole de plus en plus, elle refuse
les invitations, on ne la voit plus, elle ne reste plus après
les cours", raconte la psychologue.
Ensuite, la confusion. "Elle est souvent confuse dans ses
propos, elle a de la difficulté à "enligner"
ses idées, à se concentrer dans ses cours et dans
ses conversations", diagnostique Louis Careau. Puis, le changement
d'humeur. C'est la déprime qui s'installe avec ses inévitables
bas, mais aussi des hauts qui peuvent être trompeurs. "Il
y a un silence qui prend place, une humeur qui semble meilleure.
Mais il faut faire attention: des fois, c'est justement le signe
que la personne suicidaire se rapproche de plus en plus du geste
qu'elle veut poser", prévient-elle.
Une conférence sur la prévention du suicide sera présentée le 13 février à 12 h, au Grand Salon du pavillon Maurice-Pollack
Remettre sur le rail
Il importe ainsi d'être à l'écoute et
de ne pas se gêner pour poser des questions, comme: "Penses-tu
à te suicider, à te tuer des fois, à en finir?";
si oui: "Comment t'y prendrais-tu?", "Quand le
ferais-tu?". Au dire de la psychologue, plus un plan est
précis, plus la personne est "à risque".
"Il n'est pas nécessaire de prendre en charge la personne
suicidaire. On peut certes la faire parler de son projet de suicide,
l'aider à trouver une solution, mais on peut aussi l'amener
à consulter un psychologue ou la référer
à un organisme comme le Centre de prévention du
suicide de Québec", indique Louise Careau.
Signalons que le Service d'orientation et de consultation psychologique
présentera, à l'occasion de la Semaine québécoise
de prévention du suicide, une conférence intitulée:
"La prévention du suicide: une responsabilité
collective", le mercredi 13 février à 12 h,
au Grand Salon du pavillon Maurice-Pollack. Les conférenciers
invités seront Marc-André Dufour, intervenant auprès
du Centre de prévention du suicide de Québec, Michel
Tousignant, professeur à l'UQÀM et membre du Centre
de recherche et d'intervention sur le suicide et l'euthanasie
(CRISE), et Jean Barbe, auteur du livre Autour de Dédé
Fortin, lequel se veut une réflexion très personnelle
sur le monde dans lequel on vit.
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