7 février 2002 |
DÉCOUVERTE OU MANIE UNIVERSITAIRE?
"Des chercheurs qui cherchent on en trouve mais des chercheurs
qui trouvent, on en cherche". Je crois que c'est à
peu près dans ces termes que Charles de Gaulle s'exprima
un jour à l'endroit du monde universitaire.
J'ai été un peu surpris de lire, en première
page du Fil des Événements du 17 janvier
dernier, un article de Jean Hamann intitulé "Découverte
d'une forêt fossile de 2 millions d'années ".
La forêt en question est située sur le site de l'île
de Bylot, dans le parc de Sirmilik, au Nunavut. Sans vouloir minimiser
les recherches passionnantes et prometteuses de Michel Allard,
un chercheur chevronné du Centre d'études nordiques,
et de son étudiant Daniel Fortier, je m'interroge, néanmoins,
sur ce que ces universitaires ou peut-être les médias
qui présentent leurs travaux entendent réellement
par "découverte". S'agit-il d'une vieille manie universitaire?
Reprenons les faits. Daniel Fortier raconte comment, au cours
d'une promenade sur l'île de Bylot, il en vint par hasard
à découvrir un reste fossile qui le conduisit à
une véritable forêt. L'épisode est enchanteur,
mais lorsqu'ils émettent l'hypothèse que "le
site abritait bien une forêt" âgée de
1,6 à 3 millions d'années et qu'ils s'étonnent
d'y trouver la trace d'un castor, pourquoi ces chercheurs ou ceux
qui rapportent leurs propos ne mentionnent-ils pas que des recherches
antérieures effectuées sur ce même site de
l'île de Bylot vont déjà beaucoup plus loin?
N'étant pas un spécialiste en géologie, en
climatologie, ou en biogéographie, j'ignore tout de la
production scientifique dans ces domaines du savoir. En bon lecteur
de la revue Inuktitut, je me souviens toutefois d'avoir
déjà lu sur ce sujet: sur l'île de Bylot,
sur ses restes de cyprès chauves semblables à leurs
cousins américains, sur ses plantes anciennes à
feuilles larges, et même sur ses dinosaures à bec
de canard, bref sur l'existence de tout un monde tropical de plusieurs
millions d'années enfouis sous la toundra. Dans cet article
de la revue Inuktitut (1990, volume 71, p. 6-14) intitulé
"Des dinosaures dans l'Arctique", il est question - photos
et dessins à l'appui - de ces forêts et des richesses
qu'elles contiennent. On y apprend qu'en 1987, alors qu'il travaillait
sur l'île de Bylot (Sannirut) avec le Dr Elliott Burden
de l'Université de Memorial, ce serait un inuk nommé
Josh Inukuluk qui aurait trouvé le premier os de dinosaure
de l'Arctique de l'Est. Un autre chercheur du Musée national
de la nature à Ottawa, le Dr Dale Russell y aurait poursuivi
des recherches pendant plusieurs années dans le domaine
de la paléontologie, découvrant à son tour
des ossements de mosasaures (ou gros lézards marins dépourvus
de nageoires et recouverts d'écailles), de plésiosaures
(sortes de serpents) et des vertèbres de hesperornis (sorte
d'oiseau marin) datés d'il y a 75 millions d'années.
D'origine beaucoup plus récente, le site forestier évoqué
par ces deux chercheurs était apparemment inconnu mais
pourquoi ne pas mentionner ces travaux antérieurs réalisés
par d'autres universitaires et mieux situer ainsi cette "découverte"?
La question de fond que soulève cette petite mise au point
me semble de taille. À force de vouloir prouver, pour des
raisons de performance et de marketing universitaire, qu'on fait
continuellement des découvertes, c'est une qualité
essentielle du chercheur, l'humilité, qui risque de disparaître!
Ne rien dire revient à oublier que l'université
constitue un lieu privilégié pour y exercer le sens
critique.
Souhaitons à ces membres du Centre d'études nordiques
qu'ils nous fassent mieux connaître la fascinante histoire
de l'évolution du climat et des espèces nordiques:
à cette échelle, l'homme y apparaît à
sa place, comme bien peu de chose!
MISE AU POINT
Je ne voudrais pas que les propos de Frédéric
Laugrand puissent laisser planer un doute sur l'humilité
ou l'intégrité de Daniel Fortier et Michel Allard.
Précisons d'abord que c'est à la demande du Fil
qu'ils ont accepté de parler de leur découverte.
Au cours de l'entrevue, il a été question de la
période tropicale à laquelle fait référence
Frédéric Laugrand. Les deux chercheurs m'ont fourni
une réponse exhaustive à ce sujet et c'est moi qui
ai jugé que cette explication, bien qu'intéressante,
introduisait des éléments qui n'étaient pas
essentiels au propos de l'article.
En bref, l'emplacement des continents et le déplacement
des courants océaniques étaient très différents
il y a 75 millions d'années, de sorte que l'Arctique se
trouvait plus près de l'équateur et jouissait d'un
climat tropical. Par contre, il y a 2 millions d'années,
à l'époque où existait la forêt découverte
par les chercheurs, la position des continents était similaire
à ce qu'elle est maintenant. Informer, c'est faire des
choix et j'ai choisi de limiter le propos de l'article à
des éléments directement comparables: pour une même
situation géologique, les chercheurs observent un déplacement
d'au moins 1500 kilomètres de la limite nordique des forêts
entre aujourd'hui et il y a 2 millions d'années.
Par ailleurs, l'objectif poursuivi par les spécialistes
de ce domaine n'est pas de trouver le plus ancien site possible,
mais de reconstituer l'histoire de la planète. Un site
datant de 75 millions d'années et un autre datant de 2
millions d'années renferment tous deux de précieux
renseignements sur leur époque respective. L'un n'enlève
rien à l'autre. Par analogie, un site archéologique
basque datant du 16e siècle est-il moins intéressant
si un site amérindien datant du 12e siècle a été
mis au jour antérieurement à proximité? L'un
et l'autre ne contribuent-ils pas à une meilleure compréhension
du passé?
Pour ces raisons et parce qu'il n'existe, dans l'Arctique, que
trois autres sites comparables à celui mis au jour par
les chercheurs Fortier et Allard, je crois qu'il n'est pas exagéré
d'utiliser le terme "découverte" pour décrire
leur travail. Si l'article ne fait pas mention de la période
géologique plus chaude qui a prévalu il y a 75 millions
d'années, ce n'est pas dans un but de marketing universitaire,
mais par souci de communiquer de façon concise la découverte
scientifique qui faisait l'objet du reportage.
LES ARRANGEMENTS DE RETRAITE ET LES CONGÉS DE COTISATION
En 1995-1996, au moment de prendre une retraite anticipée
le professeur, l'employé de soutien, le professionnel ou
le cadre devaient choisir entre une allocation de retraite (montant
forfaitaire déterminé en pourcentage du salaire)
ou bien un appoint de rente (comprenant la réduction actuarielle
applicable dans le régime de retraite de la personne).
De plus, la personne qui se retirait bénéficiait
d'un régime d'assurance santé payé par l'Université.
Compte tenu, d'une part, des coûts croissants de l'assurance
santé des retraités et, d'autre part, de l'opportunité
de garantir à même le régime de retraite,
des dispositions plus avantageuses dans le cas de retraite anticipée,
l'Université et le SPUL, dans un premier temps, en arrivaient
à un accord où les appoints de rentes cessaient
d'être offerts et où les dispositions du régime
de retraite étaient bonifiées en ce qui a trait
à la retraite anticipée. Par ailleurs, l'Université
ne finançait qu'à hauteur de 50 % les primes d'assurance
santé des professeurs nouvellement retraités.
La problématique d'abolition des appoints de rentes, de
dispositions bonifiées de retraite anticipée dans
le cadre des régimes de retraite, de cessation de cotisation
patronale à l'assurance santé des nouveaux retraités
a été abordée dans le cadre des négociations
avec le SEUL, le SPUL et l'APAPUL. C'est dans le contexte global
de ces négociations que les parties ont convenu, dans le
cas du SEUL et de l'APAPUL, à des congés de cotisation
patronale au régime de retraite, de modifications aux allocations
de retraite et de hausse de salaire représentant à
peu près 1 % par année de congé de cotisation.
En ce qui concerne le SPUL, il y a eu un an de congé de
cotisation avec une hausse de salaire temporaire de 5 ans. La
convention de novembre 2001 ne comprend pas de modifications aux
allocations de retraite qui avaient été réduites
en 1996, ni de congé de cotisation. Par ailleurs, il n'y
a pas de hausse de salaire en excédent du secteur public.
Les demandes exprimées par M. Pierre Pinsonnault mettent
en exergue certains éléments d'accords collectifs
convenus entre deux parties qui, si elles sont prises séparément,
ne rendent pas justice à l'arrangement global. J'ai pu
expliquer aux personnes présentes à l'Assemblée
générale annuelle de l'Université, le vendredi
1er février dernier, l'évolution du dossier depuis
1996 et la nécessité de considérer les avantages
découlant d'accords entre deux parties de façon
globale et non partielle.
J'ai souligné au moment de la période de questions
que les avantages reliés à la retraite anticipée
étaient susceptibles d'être plus coûteux pour
les employés de soutien, pour les professionnels, pour
les cadres et pour les professeurs dans cet ordre décroissant
en raison de l'âge moyen à la retraite qui lui va
croissant pour ces groupes selon l'ordre susmentionné.
J'ai aussi exprimé l'avis que l'arrangement avec le SPUL
de l'automne dernier était équitable vis-à-vis
les autres corps d'emploi.
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