7 février 2002 |
Un manque de coordination entre la contraction des muscles
de la gorge et des muscles du diaphragme pourrait être à
l'origine de l'apnée du sommeil, suggèrent les plus
récents travaux du professeur Frédéric Sériès
et de ses collaborateurs Germain Ethier et Isabelle Marc. L'équipe
du Centre de recherche de l'hôpital Laval est arrivée
à cette conclusion en ayant recours à une méthode
permettant d'étudier les anomalies respiratoires du sommeil
chez des sujets éveillés. "La méthode
de stimulation du nerf phrénique existait déjà,
mais l'application que nous en faisons est nouvelle et elle nous
permet de faire des progrès importants dans la compréhension
de problèmes comme l'apnée du sommeil", signale
Frédéric Séries.
La gorge ne bénéficie pas d'autant de soutien osseux
ou cartilagineux que le nez ou le larynx, de sorte que les muscles
dilatateurs jouent un rôle important pour favoriser le passage
de l'air, explique Frédéric Sériès.
Chez les sujets normaux, la contraction automatique des muscles
de la gorge précède d'une fraction de seconde l'activation
des muscles du diaphragme. Cette précontraction donne du
tonus aux tissus de la gorge, ce qui facilite le passage de l'air
vers les poumons. Il semble que chez les personnes souffrant d'apnée
du sommeil, la coordination de ces contractions est altérée,
de sorte que les tissus de la gorge opposent une résistance
mécanique au passage de l'air.
Des chercheurs de la Faculté de médecine peaufinent une méthode pour étudier l'apnée du sommeil chez des sujets éveillés!
Dans les deux articles qu'ils publient sur la question dans les
numéros de janvier et février du Journal of Applied
Physiology, les chercheurs démontrent qu'il est possible
de caractériser les propriétés mécaniques
des voies respiratoires supérieures, chez des sujets éveillés,
en stimulant leur nerf phrénique. Cette stimulation provoque
une contraction involontaire des muscles du diaphragme, sans qu'il
y ait eu contraction préalable des muscles de la gorge.
"Nous pouvons ainsi caractériser le profil passif
de leurs voies respiratoires supérieures, explique Frédéric
Sériès Ceci permet de déterminer si le patient
est susceptible ou non de souffrir d'anomalies respiratoires pendant
le sommeil. Nos données montrent que ce test permet d'identifier
correctement 86 % des personnes qui font de l'apnée."
Traitement électrique
Présentement, l'apnée du sommeil est diagnostiquée
à l'hôpital, dans un laboratoire spécialisé
où doivent aller dormir les patients. Les personnes souffrant
de cas graves d'apnée doivent ensuite se munir d'un encombrant
appareil de pression positive continue. Utilisé pendant
la nuit, cet appareil projette de l'air dans les narines du dormeur,
prévenant l'obstruction des voies respiratoires.
Non seulement la méthode peaufinée par Frédéric
Sériès promet-elle de changer la façon de
diagnostiquer l'apnée, puisqu'elle peut maintenant se faire
pendant la journée chez des sujets éveillés,
mais elle ouvre de nouvelles perspectives dans le traitement des
anomalies respiratoires. "On peut déjà imaginer
des appareils qui provoqueraient des contractions des muscles
de la gorge par l'intermédiaire de stimulations électriques
appliquées sur les centres nerveux, avance le chercheur.
Notre méthode va faciliter les développements technologiques
dans ce domaine."
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