31 janvier 2002 |
Bobsleigh Canada bannit de la compétition pour quatre
ans celui qui est reconnu coupable d'avoir fait usage de nandrolone,
une substance interdite, de la catégorie des agents anabolisants,
qui améliore la performance sportive. Or, récemment
et dans un autre pays, un adepte de ce sport, reconnu coupable
de la même infraction, n'a reçu qu'une suspension
de trois mois. Il pourra donc prendre part aux Jeux olympiques
de Salt Lake City en février. "Ça n'a aucun
sens! Tous les athlètes de tous les pays doivent être
traités de la même façon. Sinon, l'antidopage
est voué à l'échec", a fait valoir Christiane
Ayotte, directrice à Montréal du laboratoire de
contrôle du dopage de l'INRS-IAF, le mercredi 23 janvier,
lors d'une conférence-débat sur le dopage sportif
tenue au Collège François-Xavier-Garneau et organisée
par le Club de triathlon Rouge et Or de l'Université Laval.
Selon elle, l'Agence mondiale antidopage, dont le siège
permanent a été attribué à Montréal,
verra à établir une meilleure cohérence dans
la réponse aux infractions de dopage. L'Agence est un organisme
indépendant créé par le Comité international
olympique (CIO). "Elle est la solution à beaucoup
de problèmes que l'on rencontre en antidopage, précise
Christiane Ayotte, principalement le manque de confiance et le
sous-financement chronique." L'Agence innove avec la présence
de représentants gouvernementaux et d'athlètes au
sein des divers comités. "Nous avons besoin des gouvernements,
affirme-t-elle, parce qu'il n'y a qu'eux qui peuvent agir à
certains niveaux comme la limitation du trafic des substances
illégales, leur disponibilité, les saisies aux douanes,
la prévention et l'éducation."
Les anabolisants en vedette
Vingt-six laboratoires accrédités par le CIO,
dont celui de l'INRS-IAF, effectuent bon an mal an quelque 120
000 tests d'antidopage. Chaque année, environ 2 000 tests
s'avèrent positifs. Les substances les plus fréquemment
retrouvées sont les agents anabolisants, dans environ 50
pour cent des cas, les stimulants et les diurétiques. Récemment,
des skieurs finlandais ont causé un scandale parce qu'ils
avaient pris des succédanés de plasma sanguin. Chaque
année à travers le monde, de deux à trois
athlètes se font pincer avec de la... strychnine dans leur
organisme. À une petite dose sous la dose mortelle, ce
produit naturel très dangereux agit comme stimulant.
Selon Christiane Ayotte, les athlètes adorent les compléments
alimentaires. "La combinaison caféine et éphédrine
pour maigrir et s'entraîner longtemps est très populaire,
indique-t-elle. Mais ce n'est pas parce que c'est naturel et facilement
disponible qu'il ne peut pas y avoir d'effets secondaires ou d'interactions
avec d'autres produits."
Un raccourci pour paresseux
Au cours du débat, le président du Club de natation
Rouge et Or et professeur au Département de mathématiques
et de statistique, Jean-Marie De Koninck, a souligné que
le dopage constitue un raccourci vers la performance. "Le
doping, explique-t-il, permet à l'athlète paresseux
de progresser; il permet aussi de compenser l'incompétence
de l'entraîneur." Selon lui, le dopage est une voie
facile mais autodestructrice. La voie de la santé, elle,
est étroite, semée d'embûches, mais combien
plus gratifiante lorsqu'on atteint le podium. "On doit, dit-il,
informer nos gens des dangers relatifs aux substances interdites;
on doit aussi faire connaître les valeurs du sport qui n'existent
plus lorsqu'on se dope."
Pierre Harvey, ex-athlète de calibre international en ski
de fond et en cyclisme, a remporté sans dopage des épreuves
comptant pour la Coupe du monde de ski de fond. Mais il a toujours
terminé assez loin du premier rang lors d'événements
ponctuels comme les Championnats du monde et les Jeux olympiques.
"La moitié des athlètes qui montent sur le
podium olympique sont plus ou moins dopés", affirme-t-il.
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