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31 janvier 2002 ![]() |
Lorsque le ministre de l'Éducation du Québec,
François Legault, a laissé entrevoir récemment
la possibilité d'un dégel des droits de scolarité
dans le réseau de l'enseignement supérieur québécois,
il a provoqué une véritable débâcle
de réactions toutes plus vives les unes que les autres
provenant du milieu étudiant dont celle de la Confédération
des associations d'étudiants et d'étudiantes de
l'Université Laval.
"Penser enclencher un dégel des droits de scolarité
à ce moment-ci, c'est faire preuve d'une vision à
court terme, d'autant plus que celui-ci aura un impact négatif
sur l'accessibilité aux études", a déclaré
au Fil Cédric Williams, président de la CADEUL.
Car, à ses yeux, une augmentation desdits droits signifierait
inévitablement, dans le contexte actuel et pour les années
à venir, un désengagement chez nombre d'étudiants
et d'étudiantes qui craindraient de s'endetter davantage,
voire de ne pas réussir à mener à terme avec
succès leur projet d'études universitaires. Et ce
dernier de rappeler qu'à la suite du dégel décrété
en 1989 par Claude Ryan, alors ministre de l'Éducation,
l'endettement étudiant a augmenté de façon
"assez significative" et qu'il s'est même poursuivi,
selon ce qu'indiquent des études de la Fédération
étudiante universitaire (FEUQ), après le rétablissement
du gel de ces droits en 1994.
Accessibilité et qualité à préserver
Enclavé dans une Amérique où les droits
exigés sont nettement plus élevés que ceux
qu'il va puiser dans les poches de ses étudiants ou dans
les bourses de ses étudiantes, l'État québécois
se voit de plus en plus confronter, au jour le jour, au drame
cornélien des difficiles choix socio-économiques
dictés par une exigeante population vieillissante et par
un système de santé en perpétuel état
de crise, qui tire férocement la couverture de son bord.
Comment justifier, dès lors, le maintien de la contribution
des étudiants à son niveau actuel? "Le choc
démographique que vit présentement le Québec,
où une masse de gens âgés de 50 à 60
ans sont sur le point de prendre leur retrait et de profiter pleinement
de notre système de santé public, est l'un des facteurs
majeurs qu'il faut considérer dans ce dossier, répond
Cédric Williams. Comme la hausse des coûts en santé
est d'environ 7 % par année et que les sommes investies
annuellement vont accaparer plus de la moitié du budget
du gouvernement d'ici à 2015, qui va devoir supporter tout
le poids du financement gouvernemental par des impôts ?
Les jeunes d'aujourd'hui qui se seront endettés à
cause de leurs études et qui seront encore moins nombreux
pour remplir les coffres de l'État. Il faut donc se pencher
de toute urgence sur les tenants et les aboutissants du financement
en éducation dans le contexte québécois avant
d'amputer socio-économiquement la prochaine génération."
Il importe ainsi, selon le président de la CADEUL, d'examiner
en profondeur cette problématique du financement
que ce dernier provienne en partie du secteur privé, des
subventions gouvernementales ou des droits de scolarité
tout en gardant toujours présent à l'esprit
qu'il faudra préserver, dans tous les cas, l'accessibilité
aux études pour l'ensemble de la population ainsi que la
qualité de la formation.
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